III- 1- Au niveau du Debe (village)
Dans certains villages soninkés, l’élection du Debegume (chef de village) ne se faisait pas par le vote. Les Soninkés ignoraient l’élection démocratique à la manière des sociétés modernes. C’est le plus âgé du clan qui est appelé à assurer les fonctions de gouvernance dans le Debe jusqu’à sa mort où il sera succédé par celui qui le suit directement en âge.
Dans son mémoire de maîtrise qu’il a présenté en 2004 à l’université de Nouakchott en Mauritanie, Samba Fofana écrivait, à ce propos que : « le pouvoir politique dans le village est exercé par l’aîné [d’entre les] membres du clan détenant la chefferie du village donné ». Certains clans en milieu soninké sont détenteurs du pouvoir du fait qu’ils sont les fondateurs du village. Il y a donc à la fois le principe de séniorité et celui de la première occupation du lieu qui entrent en jeu quand il s’agit d’élire un Debegoume.
Par ailleurs, dans la société soninké le pouvoir est strictement une affaire d’hommes. Il est par conséquent patrilinéaire. Au niveau du Jamaane (pays) ou du Debe (village), au temps des grands empires soninkés, le Tunka était le chef politique et en même temps le propriétaire des terres. Il existait, néanmoins, un système de contrôle qu’il était pratiquement impossible au Tunka d’exercer ses droits sans en référer aux Mangu (conseillers).
En milieu soninké, le Tounka ne nommait pas directement les Delegemu (chefs de villages). Cependant, la nomination du chef de village se faisait comme nous l’avons dit. Néanmoins, aucun Degelemu ne pouvait exercer son pouvoir sans sa bénédiction.
Info source : Soumare Zakaria Demba