La communauté soninké, comme la plupart des communautés ouest africaines au sud et au nord du Sahara, a connu l’islamisation par les biais des Almoravides qui, quelques décennies après la mort du prophète Muhammad (SAW), ont sillonné presque toute l’Afrique et une grande partie du monde pour propager le message de l’islam.
Avant l’avènement de la religion islamique en milieu soninké, les Soninké étaient de très grands adorateurs d’idoles. L’histoire de l’empire du Ghana, avec sa tradition mythique de wagadou-sida (le serpent), est une illustration plus ou moins parfaite de l’attachement des Soninké aux histoires surnaturelles qui sont contraires au monothéisme.
Après l’éclatement de ce grand empire soninké au XII ou XIII siècle, les Soninké se sont dispersés à travers différents pays ou royaumes de la sous région. Cet éclatement de l’empire soninké de Wagadu a été interprété différemment. Pour la tradition, c’est la mort du serpent-bida, qui était alors considéré comme le protecteur de la communauté soninké, qui est la cause principale de la chute de l’empire, tandis que pour les historiens c’est à cause des attaques répétitives des Almoravides et de Suondjata Keïta, empereur du Mali, qui auraient inévitablement provoqué la perte des Soninké.Dans tous les cas de figure, nos Soninké étaient obligés de quitter leur empire, et en partant ils ont emporté avec eux d’anciennes traditions qui, même après l’implantation de l’islam en milieu soninké, continuent de rythmer le quotidien de la population.Dans cette réflexion, nous allons sommairement tenter de rappeler les principes fondamentaux du monothéisme islamique tout en montrant, d’une manière non exhaustive, la manière dont les fidèles soninké de l’islam s’en éloignent pour des raisons que nous allons brièvement évoquer ici.
Le but de la mission des messagers d’Allah depuis le père de l’humanité, Adam (paix sur lui) jusqu’au dernier des prophètes, Muhammad (SAW), était d’appeler les hommes à l’adoration du Seigneur de l’Univers, sans rien lui associer. L’absence de toute forme d’associationnisme dans les pratiques religieuses ou cultuelles est appelée le monothéisme.
Du point de vue sémantique, ce terme est composé de deux éléments d’origine grecque : mono = seul ; et theos = Dieu. Les religions révélées (l’islam, le christianisme, le judaïsme) sont fondées sur le monothéisme ; cependant que les chrétiens ont dévié du droit chemin en considérant Jésus, fils de Marie, comme le « fils unique d’Allah » (pureté à lui). Syntaxiquement, le terme de monothéisme est traduit en islam en ces termes : « il n’ y a point de divinité digne d’être adorer si ce n’est Allah ». Cette expression est en effet composée de deux parties lourdement significatives :
- point de divinité digne d’être adoré ;
- si ce n’est Allah.
Tandis que la première tranche de l’attestation de la foi des musulmans constitue une négation sans concession de toute autre divinité en dehors d’Allah, la seconde, elle, est une affirmation rétablissant la stricte vérité du monothéisme. Elle signifie qu’Allah seul mérite d’être craint et adoré. Dès lors, le monothéisme est une condamnation sans appel de la déviance du droit chemin. Allah a créé les hommes et les djinns pour un seul objectif : Son adoration.
Dans le Coran, nous lisons : « Je n’ai créé les hommes et les djinns que pour qu’ils m’adore. » (51 : 53). Cette adoration doit se faire dans un cadre purement monothéiste. Rien ne doit être associé au Seigneur des mondes dans son droit le plus absolu qu’est la reconnaissance de Ses créatures vis-à-vis de Lui.
Cette reconnaissance doit a priori exclure tout intermédiaire qui essayerait de s’intercaler entre l’adorateur et l’Adoré. L’islam, contrairement à d’autres religions comme le christianisme, n’accepte pas qu’il y ait un tiers entre le croyant et son Seigneur. Le fidèle en islam est strictement tenu à directement s’adresser à Allah. Cela signifie que la religion islamique rejette catégoriquement la prétention insensée de certaines personnes, comme nous le constatons aujourd’hui chez les Soninké, à vouloir se placer entre l’Homme et son créateur. Cette volonté de s’interposer entre Allah et Ses créatures peut se manifester de plusieurs manières.
Dans la communauté soninké de la Mauritanie, du Sénégal et du Mali elle se manifeste tantôt par l’intervention des charlatans qui essayent d’escroquer les fidèles en leur proposant « d’intercéder » auprès d’Allah en leur faveur. Et, dans d’autres cas, ce sont les sectes ou les confréries qui enrôlent les croyants soninké dans une aventure dont ils ne maîtrisent nullement les contours à cause de l’ignorance qui est un grand fléau en milieu soninké.
Ainsi le fidèle soninké de l’islam, pour se rapprocher de son Créateur, pense que la meilleure solution est de se « cacher » derrière un charlatans ou un « marabout ». Une telle conception de l’islam est aux antipodes de la réalité du monothéisme islamique. La religion musulmane, depuis son origine au VII siècle, est contre des telles manifestations.
Aujourd’hui, la place que certains soninké accordent aux « savants » ne peut que susciter l’indignation de tout celui qui est conscient de l’impératif de réhabiliter le monothéisme dans un monde où les gens s’éloignent de plus en plus de l’esprit des sources (le Coran et la Sunna). C’est tout le contraire de la mission des messagers d’Allah que nous sommes entrain de vivre de nos jours dans certains pays musulmans. Le rattachement de certains fidèles soninké de l’islam à la personne du « marabout » conduit malheureusement à des écarts antimonothéistes, d’où la trahison du Message divin si intelligemment transmis par les messagers d’Allah depuis Adam jusqu’à Muhammad (paix sur eux).
Tous les envoyés d’Allah avaient pour mission de rétablir le monothéisme chaque fois les hommes se sont égarés du droit chemin. L’Homme est naturellement un être ingrat et insouciant. Même s’il connaît Allah comme son Seigneur et Créateur, il lui arrive parfois qu’il s’adonne au culte des idoles. C’est ainsi qu’il se met à vouer un culte à d’autres êtres vivants ou aux éléments naturels.
Naturellement, tout homme connaît Allah dans son unicité. Ceci revient à dire que l’Homme, de part sa nature, est un être monothéiste. C’est l’éducation qu’il reçoit qui fait de lui un polythéiste, un chrétien, un juif, un athée, un « adorateur » des charlatans ou des marabouts. Par conséquent, toute personne naît selon la nature humaine (fitra). Dans le Texte coranique, nous lisons : « Dirige ton [O Muhammad (SAW)] vers la religion [monothéisme], exclusivement [pour Allah]: telle est la nature qu’Allah a originellement donnée aux hommes. » (30 :30).
Il s’avère que si l’Homme, le Soninké dans ce contexte, s’écarte de la voie naturelle du monothéisme que son Seigneur lui a tracée il devient tout autre chose que monothéiste. Ainsi, on le verra vouer un culte aux « savants », à l’argent, au pouvoir, à la puissance au détriment de l’adoration d’Allah seul. Cet abandon du culte monothéiste tel que nous le constatons aujourd’hui dans la société soninké « moderne » ne peut être expliqué que par la trahison du Message divin transmis aux hommes par le biais des messagers d’Allah.
Aucun homme, à moins qu’il ne soit de mauvaise foi, ne peut valablement affirmer que le Massage du monothéisme n’a pas été suffisamment transmis. Dire cela signifierait que les envoyés du Tout miséricordieux auraient failli à leur mission. Tous les messagers ont pris l’engagement d’Allah de transmettre correctement et intégralement la totalité de la révélation divine. Cette révélation n’a pas varié. Autrement dit, elle a toujours consisté à appeler les gens au culte du pur monothéisme, et à s’écarter du « Tagout » (idoles ou tout autre objet auquel on accorde un amour révérenciel)
Muhammad, lors de son dernier pèlerinage à la Mecque, a clairement pris à témoin son public q’il a honnêtement et intégralement transmis le Message de son Seigneur. Effectivement, ses compagnons, comme un seul homme, l’ont approuvé. D’ailleurs, il ne fait aucune exception en la matière. Il n’est qu’un maillon de la longue chaîne de Messagers du monothéisme, comme en témoigne ce verset : « Dis : je ne suis pas une innovation parmi les messagers. »(46 : 9). Ce qui veut dire qu’il ne fait que continuer ce qu’avant lui Adam, Nouh, Moussa, Issa (paix sur eux) ont commencé. Dans ce cas, la pratique de l’islam telle que nous la trouvons aujourd’hui chez plus de 50 % des Soninké consistant à interposer des intermédiaires entre eux et le Créateur ou à vouer un « culte » exclusif à l’argent n’à rien « d’islamique ».
Dans le Coran, un nombre considérable des versets abondent dans le sens du monothéisme. Dans la Surate An-Nisâ, Allah enjoint aux croyants de n’adorer que Lui : « Adorez Allah et ne lui donner aucun associé. »(4 :36). Il est donc clair, comme le précise Hani RAMADAN dans son ouvrage intitulé Aspectes du monothéimse, que « l’essentiel du massage de l’islam est le monothéisme. Dieu est unique, et Seul Il détient les clés de l’univers dont l’homme ne connaît qu’une infime partie. » (Hani, 1998 : 6).
La principale cause qui fait éloigner les fidèles soninké du monothéisme est l’ignorance. C’est, de fait, la méconnaissance des lois divines que les Soninké choisissent des intermédiaires entre Allah et eux. La meilleure solution pour combattre cela, c’est l’éducation des fidèles. Le prophète Muhammad a passé les premières années de sa mission à la Mecque à n’enseigner que le monothéisme à ses compagnons. Tous les premiers versets du Coran sont consacrés à l’exposition du culte de monothéisme. Nous devons, nous aussi, adopter la même méthode pédagogique en milieu soninké.
Note: Info source : SOUMARE Zakaria Demba