La circoncision chez les Soninké
La circoncision fait partie des moments les plus importants de la vie d’un garçon Soninké. A l’instar de nombreuses autres communautés dans le monde, la circoncion est une pratique à l’origine mal connue. Aussi longtemps que l’on remonte, les Soninko ont toujours pratiqué la circoncison en ce qui concerne les jeunes garçons. Comme le mariage ou le baptême, la circoncision est une étape très importante dans la vie du jeune Soninké. Elle sert tout simplement à lieu pour la vie toute une classe d’âge. Elle donne un sens au Féddé qui regroupe tous les garçons de la même classe d’âge. Cette classe d’âge font ensemble le birou c’est à dire la case d’hommes. Il y a une vie avant la circoncision et une vie après cet épisode. Au Soninkara, le mot murunté signifie un garçon qui n’est pas encore circoncis. Ainsi on différencie un circoncis et et une personne non circoncise. Chez les Soninkés, le mot murunté fait partie du vocabulaire péjoratif quand on le lance à la figure de quelqu’un. C’est étape qui permet au murunté de devenir un Homme. C’est le passage de l’adolescence au monde des adultes.
Les hommes Soninké parlent souvent de leur circoncision par le fait qu’ils ont pris le pantalon. La circoncision ne se limite pas seulement à cet acte chirurgicale tradionnele, au-delà de son simple mode opératoire, le rituel de la circoncision met en exergue, l’endurance physique, la peine, le courage. Ce rituel fait ressortir le caractère intrinsèque de l’enfant. Jadis, les connaîsseurs repèraient les futurs hommes forts au caractère trempé. Chaque garçon a le devoir de rester stoïque et endurant dans la douleur. Ainsi il honore sa famille, son nom de famille et il sera félicité et chanté par les griots liés à sa famille.
Les cérémonies liées à la circoncision diffèrent selon les régions et les localités Soninkés. Très souvent ces cérémonies ne concernent qu’une seule classe d’âge. Les préparatifs et les cérémonies de la pré-circoncision sont divers et variés.Les garçons allant être circoncis, accompagnés par le bawo, le maître d’initiation, font le tour de la famille et reçoivent des cadeaux. La veille de la circoncision, le chef des forgerons, le tagon xirise, nomme les personnes qui seront chargées de pratiquer l’opération. Les hommes désignés devront s’abstenir de toute relation sexuelle jusqu’au lendemain. La nuit précédant l’opération, les jeunes garçons dansent en compagnie du bawo, qui récite des incantations les protégeant. Le bawo n’est pas n’importe qui, il appartient à une famille qui possède le pouvoir de conter les souxouña (suceurs de sang et possèdant d’effroyables pouvoirs) et autres mouno (génie qui ayant écumé la terre ferme, prend sa retraite au fond de l’eau). Avec des initiés des membres de sa famille, ils se rendent dans la brousse et cueillent les plantes médicinales qui sont censées protéger les futurs circoncis des mauvais sorciers et jeteurs de sort.
La veille de la cérémonie, on organise des danses et les futurs circoncis dansent toute la nuit. On organise le jeudi soir la danse du gayinde qui mobilisera tous les jeunes et les anciens du village en particulier le fedde concerné. Les danseurs (hommes, femmes, jeunes, confondus) se rangent en ligne circulaire autour des batteurs de tam-tam. Ils dirigent la danse jusqu’à une heure tardive de la nuit. Après cette nuit de danse et de chants, les futurs circoncis se rendent dans les maisons et consomment tout ce qu’ils y trouvent. On leur a préalablement préparé les mets les plus succulents.
Au petit matin, les garçons se rendent au fleuve pour se laver. Au retour, on leur rase la tête et on leur fait porter les habits de circoncis. Tous les enfants sont réunis dans un même endroit, toujours dirigés par le bawo. Les hommes adultes du lieu sont également présents.
Une fois le prépuce coupé, il est donné au père qui le remet à son tour à la maman. Cette dernière va l’enterrer dans un coin de la forêt. Les enfants revêtent alors la tunique et le bonnet blancs traditionnels des circoncis.