Ce coffret qui pénètre dans l’univers césairien, sans brusquer ni trahir, concilie l’exigence de l’auteur de Discours sur le colonialisme avec une proximité rendue émouvante par les propos d’un homme qui commente avec passion, pudeur toujours et distinction sa traversée mémorable du XXè siècle.
Des paroles très fortes surgissent de cette rencontre inespérée, celle où Césaire affirme qu’il ne prendra jamais son parti de l’écrasement des peuples et de l’effacement de l’Afrique retient l’attention. Une Afrique en laquelle il croit toujours, dans ces hommes, femmes, sa jeunesse, sa culture, une Afrique d’où il a été arraché, regrettant que beaucoup par maintes contorsions veulent s’en éloigner.Un recueil de textes de choix accompagne les trois documentaires thématisés suivant une géographie des idées : «L’Ile veilleuse », consacré à la vie, l’œuvre et l’action politique martiniquaise du poète, «Au rendez-vous de la conquête» centré sur la négritude, sa philosophie, son essence, et «La force de regarder demain» où l’Afrique, l’avenir sont envisagés sous le prisme de la pensée du poète.
La force et la puissance de l’esprit d’un Nègre au dessus beaucoup de penseurs de son temps transparaît dans ces quelques phrases que la camera lui soutire. Le Nègre ne doit-il pas apprendre à être un démiurge pour être un homme tant sa charge d’exister en dignité est lourde ? Et que dire de sa relation à l’écriture où il sélectionne tantôt le théâtre, tantôt la poésie selon ce qui doit se donner à voir, à regarder pour prendre conscience du présent, de la grande scène de la vie. Ce cri venu d’ailleurs, poétique qui fait de la poussière des écoles, qui transforme le vide en infrastructures collectives et qui se nomme politique locale, mission de maire ?
L’ambition de ce documentaire indispensable de rendre Césaire à la modernité, au XXIème siècle touche à son objectif, en réussissant une présentation très accessible d’un auteur, d’un penseur, d’une voix si singulière réputée parfois hermétique, en donnant envie de voir l’œuvre de l’immense homme continuer à irriguer nos assèchements quotidiens.
Source: Afrikara