On ne doit pas s’arrêter aux clichés qui présentent ce métier comme très dur physiquement, dangereux, ou encore qui brossent le tableau d’un secteur économiquement fragile. Il offre aux passionnés des emplois aux salaires très attractifs. Mais aujourd’hui, ce métier ne fait plus l’affaire de certaines personnes compte tenu des circonstances. Dans la commune de Diawara, avec ce métier, Issa Bosso Farota, sombre dans l’amertume. Beaucoup de facteurs l’expliquent « la construction du barrage de Manantaly, la pollution de l’eau ont tout foutu en l’air » se désole-t-il.
Si le métier de pêcheur se transmet souvent de père en fils, c’est, dit-on, une réalité qui tend à disparaitre. Ainsi Issa Bosso Farota, le chef des pêcheurs de la commune de Diawara dans le département de Bakel, région de Tambacounda, est-il venu à la pêche d’abord par passion de la mer. «Je ne suis pas d’un milieu pêcheur, mes parents sont cultivateurs. Ils auraient pu légitimement nourrir d’autres ambitions pour moi. Heureusement, ils étaient ouverts et ils m’ont laissé choisir», explique cet homme que nous avions rencontré dans son fief, un filet à la main et tout sourire dehors.
Né en 1954 à Diawara, marié à deux épouses et père de trois enfants, Issa Bosso Farota s’essaie à diverses techniques dans son métier qu’il a embrassé vers 1977 en Casamance avec la pêche aux crevettes, après n’avoir passé que le temps d’une rose à l’école, jusqu’en classe de CM1. Dans cette région riche en ressources naturelles, il s’était fait une santé financière. «Toutes les conditions étaient réunies. Il ne manquait rien de ce que l’on cherchait » nous confie Farota. Loin de sa famille natale, et pour avoir gagné pleinement sa vie après cinq années passées en Casamance, Issa Bosso Farota décide de rentrer au bercail en 1982.
Un patron pêcheur heureux
« Il ne me manquait de rien quand je suis rentré définitivement à Diawara. J’avais tout le matériel complet pour reprendre mes activités chez moi et pour continuer à nourrir ma famille». Aujourd’hui, avec la soixantaine qui se profile à l’horizon, Issa se présente comme un patron pêcheur heureux et tranquille, malgré que ce métier tende à péricliter en raison de la disparition progressive du poisson dans le fleuve. Cela ne l’empêche pas de tisser inlassablement un filet qu’il ne lâche que pour dormir et dont il a déjà tissé des kilomètres au cours de sa vie.
Choisir véritablement qu’après s’être frotté aux réalités du métier
Issa Bosso Farota nous explique que celui qui aspire à embrasser la profession ne doit pas s’arrêter aux clichés qui présentent le métier comme très dur physiquement, dangereux mais exaltant, ou encore qui brossent le tableau d’un secteur fragile économiquement du fait des problèmes climatiques ou du manque de matériel. En effet, les pêcheurs, tel Issa, disent volontiers que la notion de dureté du métier est relative. De même, il souligne qu’il est essentiel de bien appréhender, au préalable, les différentes filières de la pêche. Il conseille de mettre en relation le contexte économique et les ressources du milieu dans lequel la pêche s’exerce. Enfin Issa assure qu’il ne faut choisir véritablement qu’après s’être frotté aux réalités de ce métier, riche de ses multiples facettes.