Les problèmes de Tuabou, l’ancienne capitale du Gadiaga

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Telle une dame qui a passé sa jeunesse à se faire coquette et avec qui le temps a été impitoyable ; le village prospère, qui connut auparavant un passé aussi riche que ses voisins, croule sous le poids de l’anonymat. Complètement oublié, ce village n’a pas évolué dans le bon sens. est presque dépourvu de plusieurs commodités essentielles pour le cadre de vie de ses résidants.

Ce village compte aujourd’hui une population de plus de 4600 habitants dont la majorité est musulmane. On y note la présence d’une communauté , des , des . L’activité principale repose essentiellement sur l’agriculture (, , , …), mais aussi sur la pêche, l’élevage et l’artisanat. Les activités agricoles sont pratiquées toute l’année. « Les populations s’adonnent au maraîchage, à la culture de décrue et contre-saison. A la mare de Lothiandé, il y a 25 ha irrigués pour des spéculations comme le chou, l’oignon, la salade, etc. Pour ce qui concerne la culture de décrue, il y a plus de 200 ha sous-exploités à cause du niveau d’eau qui peut changer d’une année à l’autre. A la mare de Bassam également, 12 ha sont emblavés », souligne Tapa . La pêche est collectivement pratiquée dans les mares par la population autochtone de tous les villages du Gadiaga ».

Manque d’assainissement, d’eau potable et de routes d’accès…

Tuabou se sent oublié par les autorités locales et les pouvoirs publics. Ses habitants de Tuabou ne se sentent vraiment pas inclus dans le circuit du développement qui se construit dans leur pays, tant l’écart se creuse d’une façon dramatique avec les autres localités.

À Tuabou, seuls les écoles, le collège et le poste de santé témoignent de la présence de l’État. Sinon, tous les autres aspects de la vie villageoise sont supportés par les citoyens. « L’agriculture est fortement développée ici, malheureusement, il y a un problème d’écoulement des produits. Au bout du compte, nous nous retrouvons avec beaucoup de patates qui pourrissent à cause de l’état de la route. En 2007, pour quitter Diawara et aller à Bakel, il fallait faire quatre heures alors que les deux localités ne sont distantes que de 15 km au plus », explique Koly Bathily. Selon lui, les villageois ont un chapelet de projets parmi lesquels la réalisation d’un réseau d’assainissement, la redistribution de l’eau potable et le revêtement de sa piste d’accès. On n’a plus besoin de latérite, mais de route bitumée.

Depuis quelques années, les habitants de Tuabou se sentent exclus. Et devant un tel sort, les gens se sont tournés, des décennies durant, vers l’immigration. (Tuabou connaît le mouvement inverse avec une forte présence de Maliens et de Gambiens). Aujourd’hui, le village de Tuabou ne compte pas moins de 320 émigrés localisés en France, aux États-Unis, en Afrique centrale, etc. Et cette communauté immigrée, selon M. Bathily, s’attèle à combler les carences de l’État. « Le village s’émancipe petit à petit grâce à l’abnégation de ses filles et fils. À 95%, ils participent à tout. Surtout au financement des infrastructures collectives comme les mosquées, les marchés, les salles de classe, etc. », soutient-il.

Aujourd’hui, ce village médiéval aspire à devenir chef-lieu de la communauté rurale pour avoir plus de pouvoir et assurer son rayonnement. « Un gros village comme Tuabou, avec plus de 4000 habitants, mérite plus qu’un statut de village. Depuis trois ans, il y a eu une marche dans l’arrondissement pour ériger Bakel en région. Tuabou aurait été alors chef-lieu d’arrondissement. Nous avions même investi plus de 20 millions pour construire une maison d’accueil afin de disposer de locaux au cas il y aurait eu un découpage. Depuis, rien n’a été fait. D’autres découpages ont été réalisés et à ce rythme, Tuabou qui dépend toujours de Moudéry risque de se retrouver tout seul ». Pour le chef de village, Tuabou, avec son histoire, mérite mieux. Et face aux changements qui tardent à venir, les habitants de cette localité sollicitent l’intervention des nouvelles autorités afin de les sortir de l’oubli et des privations qui leur sont imposés depuis des années.

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