Wagadou: L’héritage du Kagorotan et de Mama Dinga Khoré (Suite)

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De en passant par , le patriarche soninké, après plusieurs pérégrinations arriva à Diokha, à l’endroit appelé Daraga, dans le Kingui ou Diara. Ce lieu se situe entre Kayes et Nioro. Selon les récits de guesséré Khôrè devint l’allié de Fatounganné, le génie de la mare dudit village. Grâce à cette alliance il eut des pouvoirs extraordinaires. L’aïeul des Soninké pour sceller définitivement cette union épousa les trois filles de son allié. Elles se nommaient Diagana Boro, Katana Boro et Sanan Guilé Gouné Khousso.

Ce grand chef, au moment de son installation dans la région, affronta une diablesse nommée . Elle était maîtresse de ces lieux appelés Dalagoumbé. Dingua la combattit en utilisant ses pouvoirs magiques : les quarante quatre jarres constituant ses autels personnels et symbolisant son immense pouvoir mystique. Le fils de Kridio Tagamanké la vainquit et s’empara de son territoire.

II- Le Ouagadou animiste : les différents cultes.

Avant la venue des Sarakholé au Kagarotan, les populations primitives (Kakolo ou ) pratiquaient plusieurs cultes animistes : Sané et Kontoron de la confrérie des chasseurs le kômô, le nama, le nia, le douga. Les Soninké, à leur arrivée, apportèrent le culte du Serpent Bida.

Il y a aussi les pouvoirs légués par Dinga à ses descendants : sa chaîne initiatique, fétiche comptant sept anneaux, la géomancie, l’interprétation du langage des animaux comme l’hyène et l’aigle (Kardigué) la maîtrise de la pluie (sandji wélé) transférée à l’un de ses fils du nom de Tané Fankanté. Toutes ces pratiques fétichistes ont été transportées au Mandé après l’exode des habitants du Ouagadou.

1- L’héritage des Kakolo

A- Mise au point : Un film documentaire réalisé avec la participation active du chercheur malien présente les Kakolo primitifs comme de simples agriculteurs vivant au rythme des saisons marquées par des réjouissances pendant les périodes d’abondance.

N’insistons pas trop sur ce point car les tam-tams populaires ont de tout temps été importants dans la vie de nos populations ; qu’il s’agisse de Kakolo, Soninké ou d’une autre ethnie de notre ère géographique. Et jusqu’à présent, le moment des récoltes est l’occasion de grandioses fêtes dans nos hameaux et villages. Le Professeur a cependant raison lorsqu’il est question dans le film du cheval et du rôle que cette bête à joué dans les batailles entre autochtones du Ouagadou et migrants soninké.

Pour et ses compagnons, cet animal (si) a réellement constitué un atout majeur dans leur lutte pour la suprématie au Kagarotan. Là où il y a problème c’est que le documentaire du Professeur n’a malheureusement pas abordé tous les aspects qui caractérisaient jadis les populations du Kagorotan. Les détenteurs de l’histoire du peuple soninké n’ont jamais oublié et ont toujours reconnu cette vérité d’ailleurs « indéniable » : la conquête de la patrie de ces aborigènes ne fut possible qu’après d’effroyables combats.

Les « diali » chantent leurs louanges en langue sarakholé et comme ici en bamanankan : « danbé wèrè tè kakolola, ton ni kala kô» (le Kakolo n’a d’autre dignité que le carquois et l’arc ; le danbé est la dignité, la décence que l’ont tient de ses origines.). Les gardiens de tradition ajoutent en se référant aux guerres livrées par les soninké aux populations anciennes du Ouagadou : u ni marakaw yé katabali nani ani solaségi wôrô kè » (ils livrèrent aux marka quatre dures batailles suivies de six affrontements au cours desquels les cavaliers soninké jouèrent un rôle déterminant dans leur victoire finale).

Enfin, une conclusion irréfutable s’impose : les habitants du Kagorotan étaient de grands agriculteurs (samokow). Ils étaient surtout de redoutables combattants car, en plus de leur talent guerrier les Kakolo d’autrefois faisaient preuve d’un courage suicidaire, celui d’une hyène à jeun (souroukou sountô).

B- la confrérie des donsow. Les populations du Ouagadou primitif étaient par ailleurs chasseurs par excellence. Nous leur devons le culte de Sané (femelle aux pouvoirs immenses) et Kontoron (le mâle), divinités de la chasse. Nous n’avons pas compté celui des aïeux célébrés sous le nom de Magnan (esprit des ancêtres).

En effet, c’est au Ouagadou que s’organisèrent les premières sociétés de « donsow ». Après le transfert de ses populations au Korobadougou (refuge des pygmées), leur confrérie fut réorganisée et redynamisée. Il y avait des normes que ses membres étaient tenus de respecter scrupuleusement : appliquer à la lettre la confraternité, le respect mutuel et la tolérance.

Protéger la nature, les animaux sauvages et les plantes qu’elle abrite (ne pas provoquer la désertification de leur nouvel habitat comme ce fut le cas dans leur pays d’origines), s’abstenir de contribuer de quelque manière que ce soit à la dégradation des fleuves et rivières, interdire l’abatage et l’exploitation abusive des plantes qui rentrent dans l’alimentation, le traitement des maladies, la construction des habitations et des outils de travail. Les adeptes de Sané et Kontoron constituaient une société qui ne tenait pas compte de l’origine du statut social ou de l’ethnie. Leur confrérie était une véritable école de la vie avec élèves et grands maîtres ().

Les « donsow » connaissaient la magie et soignaient les maladies. Ils savaient lutter contre le mauvais sort et la sorcellerie. Les chasseurs étaient des médecins pour lesquels les plantes médicales, ainsi que leur utilisation n’avaient aucun secret. Enfin, ils garantissaient la sécurité et la paix dans leurs villages : lutte contre les brigands et autres malfaiteurs. En temps de guerre, la société de Sané et Kontoron se constituait en une armée immense pour défendre la patrie. Leurs flèches, lances et bien plus tard leurs fusils se retournaient contre les ennemis (dans certains cas, les envahisseurs).

Doit-on fermer ce chapitre sans rappeler ? C’était l’hymne, le chant de louanges des boulas : Camara, , Bagayoko, Sinayogo, Dagnon et Doumbouya (regroupant aussi les Sissoko et Kourouma). Ils étaient des chasseurs Kakolo anciens et formaient avant l’arrivée des sarakholé les cinq familles royales du Kagorotan. Malheureusement la tendance actuelle attribue cette devise des braves à Fakoli seul, alors qu’il a hérité de Djandjon comme les autres descendants des Boulas.

C- Le kômô.

Il est apparu au Ouagadou à un moment assez reculé. Dans un mouvement général d’opposition à la pratique naissante de l’esclavage, les populations primitives de ce pays créèrent le kômô. Cette organisation secrète était réservée aux seuls initiés. Etaient exclus, les griots, les enfants non circoncis (bilakoro), les femmes, en un mot, tous ceux qui ne peuvent pas tenir leur langue.

Le kômô devait préserver : lutter contre toutes les forces du mal (sorcellerie, mauvais sort). Cette société, avons-nous souligné, n’était pas ouverte à tout le monde. Les esclavagistes n’en faisaient pas partie parce que leur pratique était une menace contre la survie des autochtones. Ceux-ci luttèrent avec acharnement contre ce phénomène nouveau et dégradant.

Les secrets et mots de passe du kômô n’étaient connus que des seuls initiés. Les esclavagistes étaient soumis à des attaques systématiques visant à les anéantir. On assistait à des liquidations physiques, à des empoisonnements massifs, à des morts mystérieuses. Il y avait un jeu permanent du kortè (poison) et du kortè lankari (contre poison). Le kômô sera introduit au mandé après le transfert des habitants du Ouagadou. Fakoli Doumbouya (Doumbia) sera l’un de ses plus grands maîtres et propagateurs.

C’est pourquoi quand ce grand général, Djamdjan Koli mourut, les adeptes de sa confrérie composèrent ce refrain pour lui rendre hommage : « Koli est tombé. Fakoli s’est éteint. Comment le remplacer ? Ce ne sera pas avec une vulgaire claie (karata kolo) car Fakoli est irremplaçable ». Selon les tontigui, grands maîtres du kômô souroukou, l’un des plus vieux kômô de notre pas, « quand le kômô souroukou pleure les grands initiés morts, il commence par pleurer Dinga, puis il annonce les nouvelles de l’année ». A suivre…

Kagoro doumbé.  

Posté   le 07 May 2008   par   Madibiramu

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