Moudéry (Sénégal):Faux et Usage de faux dans des documents administratifs, escroquerie des institutions sociales françaises
Plus téméraire que ce Mamadou Top, tu meurs. Officiant à la communauté rurale de Moudéry comme agent, secrétaire communautaire, il n'a rien cherché de mieux que de plumer la veuve Diamé Sidibé, en lui procurant de faux documents administratifs pour s'acquitter de la pension de son mari décédé en France. Pire, le gus a notifié dans le document envoyé en France, le nom de sa mère comme co-épouse de la veuve. Avant que le pot aux roses ne soit découvert, Mamadou Top a pu retirer, sous le nom de sa maman, plus de deux millions de nos francs CFA. Apalgué, il risque de passer cinq années sous les verrous, tellement les faits sont graves et constants, selon le procureur.
Né en 1975 à Kouthiaba, à quelques 28 kilomètres de Koumpentoum, dans le département de Tambacounda, Mamadou Top est célibataire sans enfant. En 1997, ce jeune homme décroche son baccalauréat série A3. N'ayant pas les moyens de poursuivre ses études, il décide de ne pas aller à l'Université. Il fait partie de la première génération, recrutée comme volontaire au Service civique national pendant deux années. Le 1 er novembre 2002, Mamadou Top est affecté à Moudéry et officie comme agent, secrétaire communautaire à la dite communautaire rurale. Il est vite intégré dans ce milieu soninké. Au mois d'octobre 2002, la dame Diamé Sidibé perd son mari en France, des suites d'une maladie, avant d'être inhumé dans son village natal de Moudéry.
Quelques mois, après le décès de son mari, sa femme et unique épouse, voulant rentrer dans ses droits pour s'acquitter de la pension de son mari, se dirige à la maison communautaire pour solliciter les services de Mamadou Top. C'est ainsi qu'une première lettre fut adressée à la France à titre de renseignements. La réponse ne tarde pas. Les démarches pour se procurer des papiers et autres documents administratifs sont entamées. Etant secrétaire communautaire, Mamadou Top lui fait délivrer de faux documents administratifs signés au nom du président de la communauté rurale.
La dame commence à percevoir la pension de son défunt mari. La première pension d'un montant de trois cents mille francs CFA (300.000 francs CFA) venue, Mamadou Top réclame sa part. La dame, dans un premier temps, lui remet 10.000 francs. Jugeant la somme trop petite, Top comme l'appellent les intimes, dit à la dame d'augmenter. La somme de cinquante mille francs Cfa (50.000) francs lui a été alors remise. Il décide finalement d'envoyer quelqu'un pour lui réclamer trois cents mille francs Cfa (300.000 francs CFA). La dame lui répond par la négative. Sans même savoir que son nom a été mentionné dans les documents comme étant co-épouse. Mamadou Top avait fini par mentionner dans les documents administratifs envoyés en France, le nom de sa mère, Aissatou Top, comme étant la deuxième femme du défunt « francenabé », sans même mettre au courant sa maman. Un coup bien réussi par Top, qui va commencer recevoir de l'argent à partir du bureau de poste de Koumpentoum au nom de sa maman. La veuve Diamé Sidibé aura la surprise de sa vie, de voir sa pension revue à la baisse.
Au lieu de recevoir 300.000 francs, c'est plutôt 150.000 francs, et les autres 150.000 francs sont versés chez la mère du commis, Aissatou Top, demeurant à Koumpentoum, et que son fils escroc a la charge de récupérer, en utilisant sa pièce d'identité, avec procuration dument remplie et signée par le fils. La veuve décide de voir plus clair dans cette histoire, et se rend à Dakar au niveau de la caisse de sécurité sociale. On lui fait savoir qu'elles sont deux femmes laissées par le défunt mari, à charge pour elles de se partager la pension. Le nom de Aissatou Top, demeurant à Koumpentoum lui est avancé. Face à cet état des faits, la dame manque de s'évanouir. Elle mène des investigations, et se rend compte que sa « co-épouse » n'est personne d'autre que la maman de la personne qui lui a établi les documents administratifs. Mamadou Top avait fini par récupérer et empocher la somme de plus deux millions de francs Cfa. La dame se rend aussitôt à la gendarmerie de Bakel pour faire une déposition. Mamadou Top fut cueilli.
Ecroué puis entendu, il reconnaît les faits, et décline le modus operandi, tout en promettant de rembourser. Mais c'était trop tard, les carottes étaient déjà cuites. Il est déféré au parquet, puis placé sous mandat de dépôt à la citadelle du silence de Tambacounda par le procureur. Attrait à la barre du tribunal correctionnel, ce mercredi, il a réitéré ses aveux, en reconnaissant les faits, tout en regrettant son acte. Ce qui fera dire, au Procureur, Serigne Bassirou Guèye, que les faits sont d'une extrême gravité. « Dieu soit loué, en ce mois béni de ramadan, justice doit être plus juste encore », a-t-il déclaré dans son réquisitoire. Selon lui, le prévenu Mamadou Top a trompé sa mère, le Pcr, la veuve et les institutions françaises. A en croire le procureur, le prévenu est l'escroc du siècle, car son mécanisme était diabolique. Il a demandé au tribunal de le déclarer coupable en le condamnant au maximum de peines. Selon lui, Mamadou Top ne peut pas bénéficier de circonstances atténuantes. Se basant sur l'article 379 alinéas 3 du code pénal, il a en outre demandé au tribunal de l'interdire de fonction dans l'administration. Il a requis 5 ans de prison ferme. Ses conseils, Mes Camara et Issa Diop, ont tous reconnu la bonne foi de leur client qui a, dès le départ, reconnu les faits. Pour Me Camara, son client est un délinquant primaire ; avant de demander au tribunal d'accorder le sursis à son client ou, à défaut, une peine extrêmement bienveillante. Son confrère, Me Issa Diop, a abondé dans le même sens, demandant à son tour une peine extrêmement bienveillante. Le tribunal a mis l'affaire en délibéré au 17 Octobre prochain.
Auteur: ASSANE DIALLO
moudery-senegal-faux-et-usage-de-faux-dans-des-documents-administratifs-escroquerie-des-institutions-sociales-francaisesSource: Seneweb via le quotidien OFFICE
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