Immigration : Sarkozy veut conclure un accord avec le Sénégal
Une délégation de hauts fonctionnaires français se rend aujourd'hui à Dakar pour tenter de trouver un accord d'un nouveau type avec le Sénégal sur la politique migratoire.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade n'avait pas ménagé, au printemps dernier, ses critiques à l'encontre de l'« immigration choisie ». Pourtant, Nicolas Sarkozy ne peut se payer le luxe de ne pas s'entendre avec lui. Alors que des milliers de personnes venues d'Afrique subsaharienne échouent sur les côtes espagnoles, via les Canaries, une délégation de hauts fonctionnaires français se rend aujourd'hui à Dakar pour tenter de signer un accord, « comme il n'en existe pas encore », sur « la gestion concertée des flux migratoires ». Entamée depuis plusieurs mois, la négociation « entre dans sa dernière ligne droite », espère-t-on place Beauvau, où l'on envisage de reproduire l'opération avec d'autres pays d'émigration.
Un volet sur le codéveloppement
En attendant, l'architecture du texte est arrêtée. Le premier volet concerne l'immigration régulière : la France s'y engage à mieux accueillir les étudiants sénégalais (logement notamment), à informer les travailleurs sur les emplois non pourvus dans l'Hexagone et à proposer des bilans de compétences aux personnes arrivant dans le cadre du regroupement familial. Afin de faciliter les allers et retours de certains migrants (hommes d'affaires, artistes, etc.), des « visas de circulation » pourraient être délivrés plus fréquemment. Un « observatoire des flux bilatéraux », dépendant des deux gouvernements, serait créé.
Le deuxième volet, sur l'immigration irrégulière, constitue le noyau dur du texte : en échange de ses promesses, le ministre de l'Intérieur entend obtenir du Sénégal un « accord de réadmission », c'est-à-dire l'engagement d'accepter le rapatriement des Sénégalais en situation irrégulière en instance d'expulsion. Car aujourd'hui, pour procéder à une reconduite à la frontière, l'administration française doit réunir deux éléments : un billet de transport (payé par l'Etat) et un document de voyage (un passeport ou, à défaut, un laissez-passer consulaire). Comme les sans-papiers se déplacent rarement avec leur passeport, les pouvoirs publics doivent compter sur le bon vouloir des pays d'origine. Lors de sa précédente rencontre avec son homologue sénégalais Ousmane Ngom, fin août, Nicolas Sarkozy s'était plaint de la « forte baisse » du taux de délivrance de ces sésames (de 55 % au premier semestre 2005 à 39 % un an après).
Pour inciter ce pays à de meilleures dispositions, les autorités françaises ont inscrit, dans le projet d'accord, un troisième volet sur le codéveloppement : elles proposent, par exemple, un crédit de 2,5 millions d'euros pour le financement de microprojets pour les années 2006-2008, une enveloppe qui fait l'objet de discussions. En signant un tel texte, la France se placerait dans le sillage de l'Espagne, qui vient de conclure avec le Sénégal un accord bilatéral à l'efficacité relative.
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