[Vie privée]Le point sur les prochains "codes barres es

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[Vie privée]Le point sur les prochains "codes barres espions"

Messagepar Nouha Cissé » Dim Nov 16, 2008 1:07 pm

L’étiquette RFID (ou tag) vient de l’anglais Radio Frequency Identification pour « identification par radio-fréquence ». Cette technologie devrait rapidement remplacer les codes barres auxquels nous sommes habitués, dans leur marquage des marchandises et produits de consommation, du fait de leurs nombreux avantages : lecture sans contact, omnidirectionnelle, au travers des emballages, à grande distance et avec une capacité à mettre à jour l’information embarquée dans l’étiquette. Elles permettent en fait d’assurer l’identification et la traçabilité des objets sur lesquels elles sont collées ou insérées. Tout ceci n’était évidemment pas possible avec les codes barres classiques. Demain, chaque produit manufacturé sera équipé d’une puce RFID.

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Le « tag RFID » se compose d’une puce d’une taille minimale d’un millimètre carré, et d’une antenne, toutes deux placées sur un support de quelques dizaines à plusieurs centaines de millimètres carrés. La majorité des étiquettes, dites « passives », ne sont pas alimentées en énergie. Cette dernière leur est fournie par le lecteur au moment de l’interrogation, grâce à une induction électromagnétique. Les étiquettes sont ainsi des matériels extrêmement robustes, dotés d’une durée de vie très longue. Bien que cette technologie date de plusieurs dizaines d’années (le principe de la radio-fréquence a été utilisé pour la première fois en 1950 pour identifier les appareils de la Royal Air Force en vol), sa miniaturisation (les puces ne sont guère plus épaisses qu’une étiquette classique), l’émergence de standards et la baisse drastique du coût d’acquisition (selon une récente étude de LogicaCMG, les étiquettes RFID ultra-haute fréquence devraient connaître une baisse de coût de 70% d’ici 3 à 5 ans) en font un marché prometteur (la puce pouvant contenir beaucoup plus d’informations que le code barre classique, soit aujourd’hui entre 96 bits et 2 Mbits). Selon une étude IDtechEx, de 2,7 milliards de dollars en 2006, la RFID générerait ainsi un revenu de 12,3 milliards de dollars en 2010 et 26,2 milliards de dollars en 2016. Selon l’étude, 1,3 milliard d’étiquettes ont été vendues en 2006. Le marché n’en est qu’à ses balbutiements et est en train d’exploser. Pour preuve, le nombre d’étiquettes vendues annuellement devrait être multiplié par 450 d’ici 2016. Selon l’étude prospective sur la période 2008-2018 publiée en mai par le cabinet IDTechEx, la Chine est devenue le plus grand marché au monde de la RFID en valeur. En 2008, les dépenses de l’Asie de l’est atteindront dans ce domaine 2,8 milliards de dollars, soit 53% d’un marché mondial estimé à 5,29 milliards de dollars. Voilà pour les chiffres.


Les étiquettes « intelligentes » RFID, on le voit, ont de grandes chances de rentrer sous peu dans notre intimité. D’autant plus qu’elles vont pénétrer dans l’ère de l’infiniment petit. Déjà, Hitachi a déclaré avoir mis au point la plus petite puce électronique sans contact du monde. Ce composant de 0,15 millimètre de côté est capable de transmettre des données par une liaison sans fil grâce à une antenne ultra-fine qui l’entoure.

Plus généralement, les promoteurs des RFID envisagent en fait de multiples implantations sur de nombreux supports :
- Dans la gestion de la chaîne logistique, tous les niveaux d’emballages étant concernés : containers, palettes, cartons et articles eux-mêmes.
- Les billets de banques, cartes de crédit, téléphones portables pourront utiliser des puces pour un paiement sans contact.
- Tous types de petits appareils pourront communiquer via ces puces.

Mais le plus angoissant c’est qu’ils prévoient aussi d’en équiper :
- Les animaux domestiques (la puce est déjà obligatoire en Belgique et en Suisse pour les chiens et les chats).
- Les êtres humains qui pourront porter une étiquette par exemple dans le cadre de leur suivi hospitalier ou pour accéder à des locaux sensibles. Fin 2006, Hitachi a présenté une balise RFID à fonctionnalité Wi-fi pour pouvoir parfaitement localiser les personnes dans un bâtiment et savoir quand elles y entrent et en sortent. Quitte à en équiper les vêtements.

En fait énormément de métiers sont concernés par cette technologie. On pourrait citer :
- Les compagnies aériennes pour la gestion des bagages.
- Les transporteurs pour le marquage des colis.
- Les bibliothèques pour l’étiquetage des livres.
- Les constructeurs automobiles ou de matériel électronique pour l’étiquetage et le suivi de pièces entrant dans la chaîne de production.
- Les laboratoires pharmaceutiques pour la traçabilité des médicaments.

De nombreuses applications ont déjà débuté : en France par exemple, le duo d’entreprises Tagsys-Ident a remporté un appel d’offres émis par le Sénat pour protéger et identifier les 450 000 volumes de sa vaste bibliothèque en ayant recours à des technologies RFID. Et en déployant un véritable arsenal, avec plusieurs centaines de milliers d’étiquettes à puce, de stations de lecture, de portiques antivol, d’automates de prêt et des lecteurs RFID portables Wi-fi. En quelques mois, Tagsys et Ident ont remporté plus de vingt projets RFID pour des bibliothèques publiques (communauté d’agglomérations d’Aurillac, villes de La Seyne-sur-Mer et Douarnemez) et universitaires (Paris X à Nanterre). Rappelons que Tagsys avait aussi en 2002 remporté l’appel d’offres de la bibliothèque de Seattle pour équiper ses quatre millions d’ouvrages. L’objectif premier est de faciliter les inventaires au moyen de lecteurs RFID portables. Le système permet également d’automatiser la gestion des prêts. L’emprunteur dépose ses livres près d’une borne RFID qui va identifier les ouvrages, alimenter la base de données centrale et désactiver la fonction antivol. L’opération automatisée est identique pour les retours. Toujours autour des livres, c’est la plus grande chaîne de librairies hollandaises, BGN (avec 42 magasins et jusqu’à 40 000 livres vendus chaque jour), qui investit dans la radio-fréquence en lançant une expérience pilote.
Aux Etats-Unis, les grands détaillants, dont Wal-Mart (chaîne américaine de grands magasins), s’intéressent fortement à ces avancées. Un demi-millier de magasins de la chaîne s’est doté de cette technologie. Grâce à l’identification par radio-fréquence, il est entre autres possible d’installer des caisses libre service ou de faire l’inventaire en un tour de main. Cette solution de traçabilité a vocation à optimiser la gestion des flux, des stocks et la mise à disposition des produits en magasins. La chaîne britannique Marks & Spencer (M&S) a équipé 122 boutiques pour améliorer la gestion des stocks de vêtements (confection masculine et féminine) et bénéficier d’un suivi précis en temps réel des achats.
Les besoins mis en avant par les entreprises sont donc là une réduction des erreurs d’inventaire, la limitation des contrefaçons, ainsi que l’optimisation de la sécurité des biens et des produits. Par exemple, les pertes financières liées à des inventaires mal organisés et aux vols sont estimées à plus de 40 milliards de dollars par an. En somme, de « bonnes raisons » économiques (fraude, productivité, erreur humaine…) permettent à la population de « s’anesthésier » face à une technologie qui pourtant pourrait fortement nuire à ses libertés individuelles.


En fait, comme ce qui a pu se passer avec l’informatique qui au départ n’équipait que quelques secteurs (banques, recherche…) et qui s’est ensuite répandue, les « tags » pourraient se généraliser à bien d’autres domaines que ceux cités ici. Par exemple, les Etats-Unis, depuis 2005, imposent des passeports RFID, soutenus par le département d’Etat américain avec sa loi sur la sécurité aux frontières de 2002. Pour les ressortissants, ils ont dû tous adopter cette technologie avant la fin octobre 2006.
Autre exemple, l’administration américaine a récemment imposé à l’industrie pharmaceutique, pour les médicaments les plus chers qui sont très souvent copiés, le recours aux possibilités de traçabilité de la RFID : en effet selon les chiffres, les E.U. seraient passés de 4 faux médicaments sur 10 en vente avant l’an 2000, à 22 faux pour 10 vrais actuellement.
Plus anecdotique mais tout aussi inquiétant, ce sont désormais les 95 000 arbres d’alignement (c’est-à-dire plantés sur des trottoirs) de Paris qui se sont vu implanter des puces RFID à 2 cm de profondeur dans leur tronc. « Chaque arbre des rues parisiennes dispose de sa "carte d’identité informatique" » désormais, explique Oracle. Les agents municipaux sont équipés d’un terminal nomade permettant de lire les puces : ils mettent ainsi à jour des informations sur chaque arbre concernant sa date de plantation, ses arrosages, les maladies éventuellement diagnostiquées et les événements particuliers tels qu’un choc avec un voiture. On retrouve bien là certaines des conclusions déjà formulées (à Autrans) comme quoi l’Internet et la réduction nanométrique des capteurs sont en train de créer un environnement quotidien fortement technologique et surtout totalement invisible pour le citoyen.


Pour parler des peurs liées aux technologies RFID, elles peuvent être classées en trois catégories :
- risques liés au traçage des objets que nous utilisons
o Les RFID permettent d’envisager par exemple des achats sans présentation des articles à la caisse grâce à des sas de comptage automatisés. Bien sûr, cette fonctionnalité permet de fluidifier l’acte d’achat en supprimant les queues aux caisses. Mais reste toute la question du traçage des marchandises dans le panier du consommateur. En effet, les marqueurs permettent le profiling des consommateurs à leur insu. On peut imaginer de corréler leurs achats avec une fiche d’identité, comme par exemple une carte de fidélité, pour établir des profils de consommateurs.

- risques liés à notre traçage individuel
o Les marqueurs RFID peuvent permettre le suivi des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer ou des personnes âgées. Un projet américain va même beaucoup plus loin en proposant d’injecter un identifiant de dossier médical à tous les citoyens américains. Son soi-disant objectif : ne pas donner des traitements contre-indiqués ou incompatibles aux accidentés de la route inconscients. Cette mesure extrêmement intrusive semble intéresser les producteurs de RFID qui développent une offre d’étiquettes « implantables ». Effrayant… Le traçage individuel n’est plus un concept vidé de sens puisque, au départ, les pays occidentaux, tirés par les Etats-Unis, imposent déjà passeports ou cartes d’identité biométriques. Ainsi comme on l’a vu, la puce, lisible par ondes radio et donc sans contact, permet un contrôle d’identité en tout milieu et au travers de tout support (autre que métallique) à l’insu de son titulaire. Alors qu’actuellement les contrôles d’identité ne peuvent être effectués que moyennant le respect de certaines conditions, on aboutit avec la puce RFID à une banalisation complète de ce genre de contrôle ! Par ailleurs, puisqu’il y a émission d’ondes radio, il existe des risques de lecture indue et d’interception des données, au détriment du droit au respect de la vie privée et à la protection des données à caractère personnel.

- risques liés aux échanges invisibles entre machines
o On se rappelle les Terminator joués par Arnold Schwarzenegger où les machines prennent le contrôle de la planète et sont sur le point d’anéantir la race humaine. Dans la réalité, le champ de bataille des militaires du XXIe siècle, avec satellites électromagnétiques ou autres de renseignement et de télécommunication, est quasiment déjà numérisé. Les militaires sont et seront de plus en plus derrière les écrans, confiant à des « robots guerriers » le soin d’appliquer leurs décisions au point que « l’intervention humaine » dans la décision de faire feu sera peut-être considérée comme une perte de temps…


De nombreuses épreuves populaires de course à pied (comme le marathon de Paris ou le semi-marathon Marseille-Cassis) ou de cyclisme (Tour de France) ou de rollers utilisent des puces de radio-identification fixées sur une chaussure, le cadre, ou le dossard de chaque participant, permettant ainsi le chronométrage individuel lors du passage des lignes de départ et d’arrivée.
Pour continuer à évoquer le domaine sportif, Nike et Machintosh ont sorti le Nike+iPod Sport Kit qui consiste en un capteur sans fil s’installant dans les chaussures de course Nike et d’un petit récepteur qui se connecte à un iPod Nano. Ce système permet de suivre la vitesse, la distance et les calories brûlées. Mais ce n’est pas tout : la puce RFID du soulier émet jusqu’à une distance de 20 mètres. Du coup une équipe de l’université de Washington a tenté empiriquement de réaliser un appareil de surveillance, pour un coût de 250 dollars, en intégrant leur système d’espionnage à Google Maps. Et ça marche. Le transmetteur RFID diffusant un signal identificateur unique, les utilisateurs peuvent ainsi être surveillés. « La vraie signification de ce travail réside dans la facilité avec laquelle il a été accompli », a révélé Schneier, expert en sécurité. « À moins de faire passer une loi qui exigerait des compagnies qu’elles intègrent une forme de sécurité à ce genre de système, les compagnies continueront de produire des appareils qui érodent sans cesse notre vie privée par l’application de nouvelles technologies. Pas nécessairement à dessein ou par intention malveillante, mais juste parce qu’il est plus simple d’ignorer les facteurs externes que de s’en préoccuper. »


D’une étude effectuée par la Commission européenne, il apparaît effectivement que la peur du non-respect de la vie privée constitue un véritable obstacle à l’introduction de la technologie RFID. Selon la commissaire européenne Viviane Reding, les citoyens doivent recevoir la garantie que le balisage d’éléments comme les cartes d’identité ne débouchera pas sur une surveillance automatique à grande échelle. Il suffit de penser à un scénario prévoyant que les cartes d’identité soient munies d’une puce RFID. Si un jour, les autorités décident d’équiper l’éclairage public de scanners RFID, il leur serait possible de savoir assez précisément où se trouvent les citoyens et à quel moment… Les participants à l’étude ont répondu en majorité qu’ils voulaient eux-mêmes exercer un contrôle final sur l’utilisation de la RFID : selon eux, les citoyens doivent avoir la possibilité de détruire les balises RFID s’ils le veulent. Mais dans ce cas, pourquoi vouloir alors les diffuser si largement ?
En Belgique, deux universitaires de référence en matière de sécurité (dont l’un se classe sans fausse modestie parmi les inventeurs de la carte à puce) se sont élevés pour proposer un moratoire sur l’utilisation de la nouvelle génération de passeports électroniques équipés de RFID. Ils affirment eux aussi que ces passeports dotés d’une puce, au lieu d’améliorer la protection des personnes, introduisent de nouveaux risques sécuritaires car, bien que les données soient cryptées, le cryptage reste fixe aux différents postes de contrôle et permet ainsi facilement de suivre à la trace un individu, même sans avoir à déchiffrer les données de la puce.

Et pour faire accepter la technologie RFID dans l’usage quotidien, il n’y a pas de doute sur le fait que les entreprises essaieront par tous les moyens de la faire adopter en employant une rhétorique qu’elles sont en train de roder. Déjà, IBM fait la démonstration d’un « Clipped Tag », étiquette RFID pouvant être partiellement désactivé par le consommateur. Le principe : réduire la portée des transmissions émises par la puce en ôtant une partie de l’antenne. Le « tag » ne reste ainsi exploitable qu’à condition d’être présenté directement devant un proche lecteur.
Pourtant ne nous y trompons pas : une fois le processus engagé et « toléré » par la population, il sera très difficile de revenir en arrière. Or, aucun argument ne devrait justifier cette technologie qui, vous l’avez compris, va mettre, si elle est généralisée, très rapidement à mal nos libertés individuelles.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=47135
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Messagepar Rama Yade » Dim Nov 16, 2008 2:03 pm

La seule limitation aux domaines d’application des puces RFID n’est pas d’ordre technique. Elle ne relève en fait que de la protection de la sphère privée. Il y a là un énorme potentiel pour le législateur. Maintenant que la messe est dite pour les ingénieurs, il ne reste plus aux avocats et aux juristes qu’à retrousser leurs manches et à se mettre au travail ..
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Re: [Vie privée]Le point sur les prochains "codes barres espions"

Messagepar gas » Mar Mar 31, 2009 6:29 pm

Imaginez le potentiel qu'offre la technologie RFID aux industriels.
Le principe du "Factory Talk" combiné au RFID devrait permettre des gains énormes en temps de production mais aussi et surtout en terme de suivi informatique de la production industrielle.
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Re: [Vie privée]Le point sur les prochains "codes barres espions"

Messagepar Dado » Ven Avr 03, 2009 12:43 am

Jefferson:
"Quiconque est prêt à sacrifier sa liberté pour une sécurité provisoire ne mérite ni l’un ni l’autre"...
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Re: [Vie privée]Le point sur les prochains "codes barres espions"

Messagepar gas » Ven Avr 24, 2009 7:04 pm

Le principe n'est point de sacrifier sa liberté pour de la sécurité.
Mais plutôt de renforcer justement cette liberté en mettant des barrières de sécurité infranchissables par Mr X.
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Re: [Vie privée]Le point sur les prochains "codes barres espions"

Messagepar Sokhnassi » Lun Avr 27, 2009 1:48 am

gas a écrit:Le principe n'est point de sacrifier sa liberté pour de la sécurité.
Mais plutôt de renforcer justement cette liberté en mettant des barrières de sécurité infranchissables par Mr X.

La technologie doit etre au service de l'homme
et pas l'inverse
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