nternet tarde à se développer en Afrique. Le continent ne représente qu’une infime part du marché mondial des contenus internet. De vrais problèmes d’accessibilité existent encore dans nombre de pays. Du 13 au 16 octobre à Dakar, des spécialistes ont plaidé pour le développement des noms de domaine sur le continent.
En terme de gestion générale d’Internet et de son accès, l’Afrique tient encore la queue du peloton mondial. Seuls 4,99% de sa population a accès à internet, quand en Europe et aux Etats-Unis ce taux est de 41,18%, selon l’Observatoire sur les systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes du Sénégal (Osiris). Le contenu internet africain représente à peine 3% du marché mondial. Sur près de 180 millions de noms de domaine recensés dans le monde, le continent se classe loin derrière d’autres régions du globe. L’Afrique de l’Ouest, par exemple, ne compte que 10 000 noms de domaine.
Comment expliquer ce retard du continent ? Plusieurs raisons sont souvent citées. Dans une interview accordée aux Afriques Mouhamet Diop, fondateur de Kheweul.com, un registrar [1] africain, estime que le « premier facteur explicatif est relatif à la gestion des noms de domaines ». La gestion universitaire et associative sont plus developpées que la gestion marketing, explique-t-il.
Très peu d’entreprises tirent profit d’internet
En outre, alors que tout le monde s’accorde à dire qu’internet est d’une grande utilité de nos jours, « très peu d’entreprises africaines tirent profit de ses potentialités », indique Mouhamet Diop. Lequel évoque aussi, en troisième lieu, le manque de maturité du marché africain de production de contenu.
Cette semaine, des experts venus de plusieurs pays de la sous-région ouest africaine, se sont penchés sur la question à Dakar. Ils ont réfléchi dans le cadre d’un séminaire de 4 jours sur le thème : « Gouvernance et Développement des technologies de l’Internet ». A cette occasion, ils ont notamment plaidé pour un développement de noms de domaines en Afrique.
La responsable pour la zone Afrique de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) [2], Anne Rachel Inne, également présente à cette rencontre, est revenue sur la complexité des modalités d’accréditation et de délégation pour la gestion des noms de domaines. Elle a déploré que « certains pays continuent de gérer leurs noms de domaines à partir d’autres pays que le leur ». Il s’agit là d’un véritable « manque à gagner » qui peut s’expliquer par le nombre réduit de registrar. L’Afrique en compte 3 sur 942 installés dans le monde.
Ndèye Maïmouna Diop Diagne, directrice des Technologies de l’Information et de la communication du Sénégal citée par Osiris considère quant à elle, qu’en Afrique subsaharienne, « le déploiement limité et lent des télécommunications, de même que sa pénétration inégale dans les villes et les zones rurales sont les plus grands obstacles à la création d’un service accru ».
Beaucoup reste donc à faire en Afrique. Mais une mesure annoncée par l’ICANN, en juin dernier, pourrait contribuer, si elle est mise en oeuvre, à accélerer le developpement d’Internet sur le continent. Il s’agit de la libéralisation des extensions génériques de noms de domaines [3]. Cette décision permettrait une plus grande implication dans le processus d’Internet de différentes communautés linguistiques présentes dans le monde. Une chance pour l’Afrique qui compte à elle seule plus de 30 % des langues parlées dans le monde.
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