par hadamarémé » Dim Oct 05, 2008 1:22 pm
Salam Une vision Islamique de la mort
Par Dr. Abdallah Thomas Milcent
En tant que médecin généraliste français converti à l’islam depuis dix-neuf ans, je ne me sens pas particulièrement qualifié pour parler d’un sujet aussi grave qui met en scène les bases mêmes des sciences de la foi musulmane : la ’Akida’. J’essaierai donc de donner un simple aperçu de la vision islamique de la mort mais j’invite les personnes intéressées à se renseigner plus avant auprès d’imams musulmans beaucoup plus compétents que moi. Il existe certaines divergences entre les savants concernant tel ou tel détail, j’ai voulu ici rester dans ce qui unit notre communauté plutôt que de rentrer dans ce qui risque de la diviser.
i introduction
Nous mourrons tous un jour, c’est inéluctable. La conscience de la mort n’est pas le propre de l’être humain. On peut qualifier l’angoisse de la mort comme l’angoisse suprême, enfouie au plus profond de notre cerveau le plus ancien. Montrez à des poulets un couteau, vous constaterez immédiatement une augmentation de leur rythme cardiaque et une consommation accrue de leur réserve de graisse, ce qu’il est possible d’interpréter comme un stress causé par la conscience de sa disparition prochaine. Les religions et les philosophies sont des moyens mis à la disposition des hommes notamment pour maîtriser cette angoisse originelle.
La mort nous renvoie à notre fin inévitable. Philosophiquement, qui dit fin dit commencement et qui dit commencement dit création. Notre existence, mais aussi le monde dans lequel nous vivons est essentiellement précaire c’est à dire destiné à disparaître et cette précarité appelle la notion de Créateur.
Dieu, Allah en arabe, est par définition ce Créateur de l’univers et donc des créatures. En tant que créatures, nous sommes soumis au temps qui passe, Lui est le créateur du temps, Il ne lui est pas soumis, Il est éternel.
Notre mort constitue également la fin de notre passage dans ce monde précaire. Le credo monothéiste affirme qu’il existe une autre forme de vie après la mort, de même qu’il existait une vie avant notre naissance. Comme il est impossible de demander à un foetus d’imaginer le monde dans lequel il va naître, il nous est difficile d’imaginer un autre monde que le monde précaire dans lequel nous vivons.
Notre connaissance de la vie après la mort ne peut se faire qu’à travers le Créateur de l’univers. Dieu n’a pas créé ce monde en vain, il ne nous a pas abandonnés après nous avoir créés, il nous a envoyé des prophètes, êtres humains choisis par Dieu pour nous transmettre les volontés du Créateur envers ses créatures.
ii l’être humain khalife (vicaire) de dieu sur terre
L’islam nous enseigne, par l’intermédiaire du Coran et des traditions prophétiques, que Dieu proposa d’abord aux montagnes de faire d’elles ses ’Khalifes’ sur terre mais, dans leur sagesse, et malgré leur puissance et leur stabilité, elles refusèrent. Le premier homme, Adam, dans son ignorance accepta.
Selon la vision islamique de notre univers précaire, Dieu confie à l’homme le Khalifat (la lieutenance, la gestion) de la Terre, pour cela, il lui a donné le libre arbitre qui est soutenu par la conscience, la morale et la responsabilité. Ces qualités lui permettent d’accéder à la connaissance du fonctionnement des choses, ce qui fait qu’il peut être supérieur aux anges auxquels Dieu demande de se prosterner devant Adam.
Mais l’homme a un ennemi, Satan, qui refuse par orgueil de se prosterner devant Adam malgré l’ordre divin. Il demande à Dieu, et obtient, un délai jusqu’au Jour du Jugement dernier pour tendre des pièges aux hommes et les faire dévier du chemin droit de l’adoration de leur Créateur. Ceux qui tomberont dans ses pièges le suivront en Enfer et ceux qui déjoueront ses pièges et adoreront leur Créateur iront au Paradis.
C’est ainsi que Dieu a envoyé des prophètes aux êtres humains pour leur enseigner comment L’adorer, comment Le servir et comment déjouer les pièges de Satan. Le premier d’entre eux fut Adam, puis vinrent de très nombreux autres parmi lesquels Abraham, Moïse, Aaron, Isaac, Jacob, Joseph, tous les prophètes de l’Ancien Testament. L’islam reconnaît également la qualité de prophète à Jean Baptiste, le Saint Coran cite longuement la Vierge Marie. Jésus, fils de Marie est le Messie, il est un des principaux envoyés de Dieu mais le Coran nous informe qu’il ne sied pas à Dieu d’avoir un fils. Après Jésus, Dieu nous a envoyé le Sceau des prophètes et de la prophétie, Mohamed fils de Abdullah, prophète de l’islam qui nous a transmis le Saint Coran qui est la parole de Dieu directement révélée aux hommes. Outre les querelles dogmatiques, l’homme est sur terre pour adorer son Créateur en se mettant à Son service en faisant le bien. Le bien est que qui est décrit comme tel par les prophètes mais c’est aussi ce qui est reconnu par tous comme une bonne chose. Par exemple, si j’aide une personne âgée à traverser la rue, tout le monde sera d’accord pour dire que c’est un bien. En faisant le bien, le croyant remplit sa mission de vicaire de Dieu sur terre et Dieu le récompense en le rendant heureux, en lui donnant une existence harmonieuse et en apaisant ses angoisses puis en le faisant rentrer au Paradis.
La vie est donc cette courte période de notre existence totale durant laquelle nous avons la charge d’être vicaire de Dieu sur terre et durant laquelle nous disposons du libre arbitre qui nous permet de choisir entre le bien et le mal et d’agir en conséquence. Selon un célèbre Hadith (tradition du prophète), cette vie est comparable à l’ombre d’un arbre sous lequel le voyageur vient se reposer avant de reprendre sa route. Si l’homme est responsable de ses choix et de ses actes, il peut également compter sur la capacité qui lui est offerte durant cette vie de se repentir de ses péchés, car Dieu est Le Miséricordieux, il aime le repentir de ses serviteurs et aime leur pardonner et il est dit dans un hadith que ³tous les fils d¹Adam sont des pécheurs et le meilleur d¹entre eux est celui qui se repent² (Hadith [sûr] rapporté par Tirmidi, Ibn Maja, Dalimi et Ibn Hambal.)
Mais le Coran nous prévient de faire bien attention à nos actes car c’est sur eux que nous serons jugés le Jour du Jugement dernier. La manière dont nous gérons la vie terrestre que Dieu nous accorde temporairement a une influence directe sur notre vie future dans l’au-delà.
iii chronologie de la mort
Le jour et l’heure de notre mort est décrétée par Dieu. L’Ange de la mort se présente alors et sépare notre âme de notre corps. Nous restons conscients et nous voyons et nous entendons mais il ne nous est plus possible d’agir et nous n’avons plus le choix du bien et du mal.
Nous assistons donc à nos funérailles et voyons la tombe qui se referme sur nous. Nous entendons ce que disent nos proches, nous pouvons leur répondre mais ni les humains ni les djinns (génies, êtres qui nous sont invisibles et qui vivent dans un monde parallèle au nôtre) ne peuvent nous entendre. Viennent alors deux anges qui nous posent trois questions sans qu’il nous soit possible de mentir ou de répondre à côté :
1. Qui était ton Seigneur ?
2. Quelle était ta religion ?
3. Qui était ton prophète ?
De nos réponses ou absence de réponse dépends la suite des événements. Pour résumer, un bon musulman qui aura fait de très bonnes choses en évitant les péchés, verra ses bonnes actions le protéger du châtiment de la tombe. Par contre un hypocrite qui n’aura fait que de mauvaises choses expiera déjà en partie ses péchés dans la tombe. La notion de temps sera également plus ou moins élastique en fonction de nos mérites, séjour très court pour les bienfaisants, très long pour les malfaisants.
S’il ne nous est plus possible de faire le bien après la mort, il est possible de bénéficier d’un bien que quelqu’un ferait pour nous : Invocation à Dieu d’un musulman en faveur du mort, rattrapage du Hajj (pèlerinage à la Mecque), de jours de jeûne, distribution de richesses en notre nom, prières dans une mosquée que nous avons construite, distribution de biens et de services dans une institution charitable que nous avons fondée et dont nous avons assuré la pérennité.
Ce monde des morts, le Barzakh, est également précaire, il se termine également à la fin des temps lorsque Dieu décrète la résurrection dans une nouvelle création qui commence par le Jour du Jugement dernier.
Ce jour là, l’ange Asrafil, sur l’ordre du Créateur, soufflera dans une trompe qui nous ressuscitera. Nous nous réunions tous en un même lieu. Les animaux seront ressuscités pour qu’ils prennent leurs droits sur nous avant de disparaître. Le soleil sera très proche et nous aurons l’impression de pouvoir le toucher, il fera très chaud et nous transpirerons beaucoup, chacun déjà en fonction de ses bonnes ou mauvaises oeuvres.
Puis chaque communauté demandera à son prophète d’intercéder auprès de Dieu pour qu’Il accepte de commencer le jugement. Chacun des prophète rappellera qu’il a commis au moins une faute durant sa vie. Tous alors se retourneront vers le prophète de l’islam qui a gardé la faveur d’une requête pour ce jour là. Il s’adressera à Dieu en Le louant et lui demandera de commencer le jugement.
Chaque être humain passera alors individuellement devant son créateur : les anges chargés de l’écriture de ses actes durant sa vie dérouleront leur rôle et chacun verra ce qu’il a fait. L’ange de gauche pour les choses mauvaises et l’ange de droite pour les bonnes oeuvres. Il est dit que si la miséricorde divine se divisait en cent parts égales, Il en réserverait une pour ce monde matériel et quatre-vingt dix neuf pour le Jour du Jugement. Puis les hommes passeront sur le pont au dessus de l’Enfer et qui conduit au Paradis. Ceux qui ont fait beaucoup de bien le passeront en un clin d’œil tandis que les pécheurs progresseront difficilement certains trébuchant et tombant dans le feu de l’Enfer.
Ceux qui arriveront au Paradis découvriront un monde merveilleux qui n’obéira pas aux mêmes lois que ce monde matériel. Il nous est impossible de le décrire et de l’imaginer précisément. Chacun aura un corps nouveau éternellement jeune avec des signes distinctifs qui le fera reconnaître par ses contemporains d’ici bas.
Entrer au Paradis de Dieu est le but de tout musulman.
iv conséquences de l’omniprésence de la mort dans la vie d’un musulman
La conscience du déroulement exact de notre mort et surtout la conscience d’être jugé pour chacun de nos actes agit comme un aiguillon poussant les croyants à toujours se remettre en question et à faire constamment plus de bien.
Évidemment, les musulmans, comme les autres êtres humains, commentent des péchés mais ils gardent l’espoir d’être pardonné par leur créateur en se repentant sans cesse. Les savants musulmans disent que la crainte de Dieu et l’espoir de Son pardon sont comme deux ailes qui permettent à la foi de s’élever.
Loin d’être paralysante, la crainte de Son châtiment constitue un puissant garde-fou pour le croyant que Satan tente. Elle lui permet de canaliser ses pulsions pour les utiliser comme moteur à faire le bien. En se transformant ainsi en serviteur actif de son Créateur, le musulman contribue à construire une société harmonieuse dans laquelle règnent paix, justice et fraternité.
Nous avons tous des angoisses. Si nous n’en avions pas, nous ne nous lèverions pas le matin pour aller travailler, on est si bien dans son lit douillet ! L’islam nous permet de domestiquer nos angoisses, notamment notre angoisse de la mort pour la transformer en un moteur au service du bien.
Bonne méditation
wasalam
Maintiens le lien avec celui qui te fuit, sois bon avec celui qui t'a causé du tort, et dis la vérité même si elle est à ton détriment
L'opprobre n'est pas attaché à la personne insultée mais à celui qui se nourrit d'injures.
FRANCE= Force de Rapatriement des Africains Non Connus par l'Europe