Modérateurs: Moderatrices du Forum des Filles Soninkara, Moderateurs Soninkara
Vendredi 4 avril 2008, en début d’après-midi, un jeune Malien de 29 ans est mort à Joinville-le- Pont (94), après s'être jeté dans la Marne pour échapper à un contrôle de police dans la gare RER de Joinville. Il avait montré son abonnement de transport, mais il était frappé d'un arrêté de reconduite à la frontière.
Baba Traoré résidait à Noisy-le-Grand, en Seine Saint Denis.
Cet événement tragique est une nouvelle illustration du climat créé par la multiplication des contrôles de police. Oui, la politique du chiffre en matière d’expulsion de sans-papiers tue et ce n'est malheureusement pas un slogan.
La mort de ce jeune homme ajoute une victime à une liste déjà longue. En été 2007, Yvan, enfant de treize ans d'une famille russo-tchétchè ne déboutée de l'asile, est resté quelque temps entre la vie et la mort après avoir tenté de fuir avec son père, par le balcon, la police venue au domicile. En septembre 2007, c'est une femme chinoise, Chulan Zhang Liu, qui est décédée après s'être défénestrée de son appartement à l'approche des policiers. En février 2008, c'est un Kenyan de 19 ans, John Maïna, qui s'est pendu après avoir appris le rejet définitif de sa demande d'asile.
Le collectif Unis contre une immigration jetable et Réseau éducation sans frontières appellent à « mettre un point final à cette politique du chiffre qui génère tant d'angoisse et provoque tant de drames ».
Défilé d’hommage
Dimanche 6 avril 2008, 17h, gare RER de Joinville-le- Pont
La marche ira de la gare RER jusqu’au pont de Joinville où une gerbe sera déposée.
Manifestation organisée par la coordination du Val de Marne du réseau éducation sans frontières (Resf) et le collectif Resf de Joinville-le- Pont, avec le soutien de nombreuses organisations dont la Ligue des droits de l‘Homme, des associations de parents d’élèves, des syndicats, des formations politiques et des élus de Joinville-le- Pont.
En un mois, la vie d'Elisabeth Guerin a basculé. Cette Béninoise de 38 ans, entrée légalement en France le 16 octobre 2005 pour se marier, menait depuis deux ans une vie heureuse et tranquille. Le 3 octobre 2007, Claude, son conjoint français, meurt d'un cancer. Le second choc survient à peine un mois plus tard, avec l'envoi par la préfecture d'un courrier qui lui refuse le renouvellement de sa carte de séjour et lui donne un mois pour quitter la France.
"Nous nous connaissions depuis des années, avec Claude. Il venait très souvent au Bénin, et puis un jour il m'a demandée en mariage. Amoureuse, j'ai abandonné les deux salons de coiffure que j'avais, pour faire ma vie avec lui ici", raconte Elisabeth, qui ne comprend toujours pas l'enchaînement des malheurs qui l'accablent.
C'est en toute confiance qu'en septembre 2007 Mme Guerin, titulaire d'un titre de séjour temporaire, car elle n'avait pas encore trois ans de mariage, commence les démarches nécessaires pour le renouvellement de sa carte.
"Claude était alors encore vivant. Mais j'ai dit à la préfecture que, malade, il ne pouvait plus se déplacer pour signer le dossier. Et après son décès, je suis allée les en informer. Je suis une femme honnête", explique-t-elle. A toutes ses raisons d'être traumatisée s'en est ajoutée une autre : une brève interpellation.
Mardi 1er avril, Elisabeth Guerin a été interpellée à son domicile et conduite en centre de rétention à Tours. Jeudi, le juge des libertés et de la détention (JLD) l'a libérée en l'assignant à résidence et en lui ordonnant de se présenter chaque jour à la gendarmerie de sa commune. "Je n'ai plus désormais le droit de travailler, s'inquiète-t-elle, salariée d'une entreprise d'aide à la personne.
Le tribunal administratif ayant rejeté le 6 mars le recours qu'elle avait déposé contre la décision du préfet, Elisabeth Guerin attend le jugement de la cour d'appel, qu'elle a saisi. Mais depuis, elle vit cette attente avec d'autant plus d'angoisse. "Elle est très insérée dans la commune, elle travaille, a un appartement, des amis", insiste Reine Gasque, une voisine, directrice d'une des écoles maternelles de la commune où s'est constitué un collectif de soutien. "Voilà à quoi conduit la précarisation du séjour ! On n'a pas arrêté de repousser le moment où les conjoints de Français peuvent avoir une carte de résident", dénonce Nicolas Ferran du mouvement Les Amoureux au banc public, qui défend le droit à une vie normale pour les couples mixtes. Depuis la loi de 2006, les conjoints de Français doivent attendre trois ans pour faire la demande d'une carte de résident. Avant cela, un titre de séjour temporaire leur est délivré de plein droit, mais "à condition que la communauté de vie n'ait pas cessé".
Le préfet d'Indre-et-Loire a considéré que l'administration ne pouvait renouveler le titre de séjour de Mme Guerin, "même si cette rupture de communauté de vie résulte malheureusement du décès du conjoint français" comme il l'indique dans son courrier.
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