par biko » Mar Oct 09, 2007 8:10 pm
salam
Fausses demandes d'asile, fraudes au regroupement familial, franchissement illégal de frontière, communautarisme... Le débat actuel sur l'immigration semble polarisé par les abus et dangers créés par l'entrée des étrangers en France. Le modèle d'intégration à la française aurait connu son heure de gloire, dopé par une croissance régulière et une volonté farouche des nouveaux arrivants, souvent catholiques, toujours blancs, de s'intégrer au creuset national. Puis les temps, comme l'origine géographique et religieuse des migrants, auraient changé.
C'est une tout autre perspective que nous livre la nouvelle Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Soucieuse de "dépassionner le débat" sans fermer les yeux ni forcer le trait. Bons et mauvais immigrés ? Immigration subie et immigration choisie ? Le "regard" sur les deux siècles passés auquel elle nous invite est bien différent. "Terre d'accueil", mais aussi "terre hostile", le pays a toujours manifesté une ambivalence à l'égard de "ses" étrangers. Des Italiens aux Polonais, des massacres d'Aigues-Mortes, en 1893, aux expulsions de mineurs dans les années 1930, aux maliens,senegalais,aux mauritaniens aux lendemains des indépendances tous se sont heurtés, dans leur intégration, à de fortes résistances. Cette histoire rappelle d'ailleurs, à ceux qui l'auraient oublié, que l'Etat n'a pas attendu Nicolas Sarkozy pour manier la matraque.
Mais, au-delà des difficultés, la Cité témoigne surtout de l'extraordinaire apport de l'immigration à la société française : du travail à la culture, des loisirs à la langue, du sport à la cuisine, sans oublier la science. La Cité qui ouvre ses portes en témoigne : l'"identité française" existe. Mais elle n'a cessé de se métisser. Comme hier, la France sans doute continuera à se cabrer devant ce qui est souvent perçu comme une menace étrangère. Mais, comme hier aussi, elle finira par mesurer et admettre ses besoins de main-d'oeuvre, de dynamisme démographique, d'apports culturels.
Il n'est qu'à regarder l'histoire de la Cité pour s'en convaincre. Certes, la gauche n'a pas saisi l'importance du projet. Et le gouvernement actuel a choisi, jusqu'ici, de l'ignorer. Mais les faits sont là : mercredi 10 octobre, la France aura son Musée national de l'immigration, et l'on peut faire le pari que Nicolas Sarkozy finira par s'y rendre. Il aura d'autant moins de difficultés à le faire que ce musée a choisi, délibérément, d'éviter le sujet qui fâche : celui de la colonisation. Or c'est bien cette histoire commune, ce "secret de famille" entre la France et ses anciennes terres d'outre-mer, cette histoire douloureuse et refoulée qui accentue les difficultés d'intégration des dernières vagues d'immigration, maghrébines et africaines. Ce musée n'aura pleinement rempli son rôle que lorsqu'il cessera de l'occulter et saura inviter la société française à l'assumer.
On se bat pour les droits de l'Homme mais on oublie de se battre pour faire respécter ces droits entre nous.