par coolmiss » Jeu Déc 07, 2006 4:27 pm
La question de l’immigration et de la représentation des minorités « visibles » s’est invitée dans le débat public français depuis quelques mois, et de la même façon que chaque parti devait avoir ses candidates (qui se souvient encore des éphémères « jupettes » ?), tous les partis politiques français essaient aujourd’hui d’investir des candidats « issus de l’immigration » afin de faire oublier que le député français type est plutôt caucasien (comprendre : « blanc »), de sexe masculin, et pas très jeune.
Le Parti Socialiste a dégainé le premier en investissant 20 candidats d’origine africaine pour les prochaines législatives, tandis que l’UMP en revendique une douzaine.
Afin de mieux communiquer auprès des communautés d’origine africaine, et certainement dans le but de diluer l’image qu’a le président de l’UMP auprès d’une partie des français « issus de l’immigration » qui n’ont pas tous oublié certaines de ces sorties au rang desquelles « la France aimez la ou quittez là », son nettoyage « au kärscher » de la « racaille » des banlieues, une rencontre avait été prévue entre le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, les représentants du CERFA (Cercle de Réflexion Franco-Africaine) association regroupant des conseillers politiques membres de l’UMP et d’origine africaine.
Des journalistes et des représentants de la « société civile » avaient été invités afin de pouvoir échanger avec le président de l’UMP au cours de cette rencontre « prévue de longue date ».
Premier couac de la soirée, et énorme faute de goût avec le choix d’un orchestre traditionnel africain (comprendre : « joueurs de balafon ») pour animer musicalement la soirée.
Alors que les invités, pour l’essentiel des journalistes, des hommes d’affaires et militants politiques rivalisaient de « modernisme », les organisateurs ont choisi l’archétype de la musique traditionnelle africaine (si tant est qu’il existe UNE musique traditionnelle africaine) comme pour mieux rappeler aux invités les clichés avec lesquels les africains sont vus par les dirigeants politiques français de tous bords.
Un peu surprenant pour une organisation qui avait mis en avant l’«idole des jeunes » Johnny Hallyday et le rappeur Doc Gynéco lors de sa dernière université d’été, et non d’obscurs chanteurs de variété française telle qu’elle était pratiquée au début du siècle dernier.
Second moment d’inconfort quand le cercle présente un unique candidat, dans le Val de Marne, aux législatives, Dogad Dogui pourtant initialement annoncé comme candidat (par l’UMP elle-même) n’étant que suppléant : cela laisse l’impression que l’UMP aurait pu faire nettement plus d’efforts en termes d’investiture.
Le clou si l’on peut dire de la soirée fut atteint avec l’arrivée de Brice Hortefeux, qui n’était pas prévu dans le programme annoncé en début de soirée. Premiers murmures dans l’assemblée : l’arrivée de ce fidèle d’entre les fidèles de Nicolas Sarkozy ne signifie-t-elle pas que le président de l’UMP est « empêché » comme on dit pudiquement ?
La confirmation ne tarda pas à venir : le président de l’UMP, dixit Abderrahmane Dahmane, a été retenu par une cause « noble » et « sérieuse ». Il est dommage qu’ Abderrahmane Dahmane n’ait pas pris la peine de nous expliquer quelle était cette cause « noble et sérieuse » qui s’est invitée à 22h dans l’agenda du ministre alors que la rencontre était prévue à 19h et que la minutie avec laquelle les agendas des ministres sont gérés est de notoriété publique.
Les membres du CERFA qui se sont déplacés de Marseille et d’autres villes de France pour échanger avec le président de l’UMP, et qui s’en réjouissaient d’avance au début de la soirée, ont certainement dû apprécier…
L’enseignement que l’on peut tirer de cette soirée est relativement clair : le président de l’UMP n’a pas manqué l’occasion de marquer le « respect » qu’il voue à notre communauté, et nous risquant à une comparaison que d’aucuns ne manqueraient pas de trouver osée, nous n’hésiterons pas à faire remarquer que lors de son dernier voyage à Washington le ministre de l’intérieur a trouvé le temps, malgré un agenda que l’on imagine aisément surchargé, de rencontrer la communauté juive américaine. De la même façon qu’aucune cause « noble et sérieuse » ne l’empêche d’assister au dîner annuel du CRIF, ou d’honorer de sa présence les divers groupes de pression (à l’influence perçue certes plus importante que celle de notre communauté).
« Actions speak louder than words » disent les américains pour rappeler que c’est aux actes et non aux déclarations que l’on devrait juger les gens.
Il est un fait indéniable que le président de l’UMP tenait là une occasion de jeter une pierre dans le jardin du Parti Socialiste qui a réussi à persuader une partie des français issus de l’immigration que leur parti les apprécie, malgré dans la pratique des actions rigoureusement identiques à celles de la droite à quelques médiatiques exceptions près.
Nicolas Sarkozy tenait également là une occasion de s’exprimer devant des français d’origine africaine, et de revenir sur ce qui est présenté comme un malentendu concernant les propos qu’il a tenus à de multiples reprises à propos des français issus de l’immigration ou de leur mémoire, et qui avaient conduit Lilian Thuram à s’émouvoir publiquement.
Malheureusement une cause « noble et sérieuse » l’en a empêché, mais que l’on se rassure, le président de l’UMP a « assuré » Abderrahmane Dahmane qu’il honorerait de sa présence la prochaine rencontre prévue en Janvier, ceci sous-entendant qu’aucune cause aussi « noble » ou « sérieuse » soit-elle ne viendra se dresser sur le chemin cette fois-ci.
« Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » rappelleront les esprits chagrins, en attendant, monsieur Sarkozy, à vous de nous faire mentir…
Ne soyez pas trop gourmand:"on hasarde de perdre en voulant trop gagner"
à toi, papa: "un seul être vous manque, et tout est dépeuplé."
Le soninkaxu, ma raison d'être