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Messagepar Ndeye Amy » Mer Jan 30, 2008 7:03 pm

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir..,
j'arriverais lisse et jeune dans ce pays-mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair :

«J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies».
Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : « Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai ».
Et je lui dirais encore :

« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir.» Et venant je me dirais à moi-même: «Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium,car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

Aimé Césaire
Extrait du
Cahiers du
Retour au Pays Natal,
(édition Présence Africaine)
Ndeye Amy,
« Le savoir-faire c’est certes fondamental, mais le « faire savoir » c’est parfois… vital ! »
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Messagepar fofana » Jeu Jan 31, 2008 7:31 pm

Le Cimetiere des Mots

Long est le chemin de ma peine,
qui mène aux confins d'une quête veine,
un endroit innommable, le pire des asiles
où seules les cauchemars trouvent refuges;

De gaieté il y en a point,
de joie pas l'ombre d'un soupçon,
seule la tristesse y est de bon ton,
seul trône un écriteau, une mise au point
où l'on pourra lire : " Ci gît l'amour, mort né"

C'est un champ d'honneur,
y naissent et meurent les mots du cur,
C'est un cimetière,
y reposent en peine les non-dits,
y meurent avant de naître les joies du ressentit.

De mon cimetière des mots je revendique pour notre compte
une histoire sans mot,
mais ô combien plus riche et prolixe que bien de roman-photo,

Peux-tu voir ma peine ?

Ceci n'est pas un plaidoyer,
Je porte témoignage ici de ce que j'ai pu ressentir dans tes bras :
une volupté absolue.
Je rends hommage ici à l'attention que tu as portée à ma personne :
un altruisme dévolu
Femme au top de ma vie je te salue

Ceci n'est pas le testament d'une relation coupable,
c'est un hymne à toi, faisant le deuil des sentiments non avouables

Si tu es éveillé, alors entrevois ce que je n'ai pas su te montrer,
un silence assourdissant qui ne demande que de l'écoute,
les mains sont le langage du silence,
le mien est le silence lui-même.

Peux-tu entendre ces choses?

Nassiara
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Messagepar fofana » Jeu Jan 31, 2008 7:34 pm

Charles BAUDELAIRE: Les fleurs du Mal

A celle qui est trop gaie


Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !
Foo Fana ... Le premier de toute chose.
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Messagepar Khadija » Jeu Jan 31, 2008 8:08 pm

Trop beau mon frére :chinoiserie:
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Messagepar Modou Mbacke » Jeu Jan 31, 2008 8:15 pm

fofana a écrit:Charles BAUDELAIRE: Les fleurs du Mal

A celle qui est trop gaie


Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !

mon frere arrete de tourner autour de ma future :modoumbacke: :modoumbacke:
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Messagepar doudou » Ven Fév 01, 2008 7:09 pm

Et puis

Et puis ?


Et puis il faudra voir passer les douleurs et le temps

Les injustices et les silences


Dans la prison de Gaza ; les humiliations…

La souffrance, et tant de démissions


Et puis ?


Nos réactions médiatiques et ce silence encore

De nos gouvernements, d’Orient et d’Occident


Y a-t-il une raison du côté d’Israël ?

Quel pouvoir, quelle force vous enchainent et vous broient ?


Et puis ?


Mon esprit embué par des images trop laides

D’un peuple asphyxié, debout et humilié

Où sont donc'est ces amis d’une sélective justice

Qui utilisent la souffrance pour cacher la souffrance

Et puis ?


Tout dire du Darfour pour voiler de mensonges la Palestine

Battre la campagne en distractions stratégiques et indignes



Dans mon cœur la colère, la révolte et l’effroi

Vrai, c’est bien vrai, c’est bien là « le minimum de la foi » !



Et puis ?



Nous ne nous tairons pas !...


Par Tariq Ramadan
Soro xooro diηa, Soke xooro koñore.
Soro xooro diηa, Selihe xooro manjare.
Soro xooro diηa, Yeliηe, xooro kardige.
Soro xooro diηa, Tumujo xooro boloone
Baañanke diηa, Taabonke diηa,
Woynanke diηa, Woytanke diηa,
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Messagepar Mame Diaara » Sam Fév 02, 2008 6:33 am

Cahier d'un retour au pays natal - Aimé Césaire ( 1913 - )


Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?


Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je
dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies,
humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots
en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir
et toi terre tendue terre saoule
terre grand sexe levé vers le soleil
terre grand délire de la mentule de Dieu
terre sauvage montée des resserres de la mer avec
dans la bouche une touffe de cécropies
terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à
la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en
guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des
hommes




Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

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Messagepar Moins Que Rien » Sam Fév 02, 2008 5:13 pm

Prière d'un petit enfant nègre


Seigneur
je suis très fatigué
je suis né fatigué
et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
et le morne est bien haut qui mène à leur école
Seigneur je ne veux plus aller à leur école ,
faites je vous en prie que je n'y aille plus
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
où glissent les esprits que l'aube vient chasser
Je veux aller pieds nus par les sentiers brûlés
qui longent vers midi les mares assoiffées
je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers
je veux me réveiller
lorsque là bas mugit la sirène des blancs
et que l'usine
ancrée sur l'océan des cannes
vomit dans la campagne son équipage nègre
Seigneur je ne veux plus aller à leur école
faites je vous en prie que je n'y aille plus
Ils racontent qu 'il faut qu'un petit nègre y aille
pour qu'il devienne pareil
aux messieurs de la ville
aux messieurs comme il faut;
Mais moi je ne veux pas
devenir comme ils disent
un monsieur de la ville
un monsieur comme il faut
Je préfère flâner le long des sucreries
où sont les sacs repus
que gonfle un sucre brun
autant que ma peau brune
Je préfère
vers l'heure où la lune amoureuse
parle bas à l'oreille
des cocotiers penchés
écouter ce que dit
dans la nuit
la voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
les histoires de Zamba
et de compère Lapin
et bien d'autres choses encore
qui ne sont pas dans leur livre .
Les nègres vous le savez n'ont que trop travaillé
pourquoi faut il de plus
apprendre dans des livres
qui nous parlent de choses
qui ne sont point d'ici .
Et puis
elle est vraiment trop triste leur école
triste comme
ces messieurs de la ville
ces messieurs comme il faut
qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
qui ne savent plus conter de contes aux veillées
Seigneur je ne veux plus aller à leur école.


[font=Georgia]Guy Tirolien[/font]
Ceux qui campent chaque jour plus loin du lieu de leur naissance,
Ceux qui tirent chaque jour leur barque sur d'autres rives,
Savent mieux chaque jour le cours des choses illisibles...

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Messagepar Modou Mbacke » Dim Fév 03, 2008 5:36 pm

Khar ma ma khadija
Halte s'il te plaît
Au cas où tu n'as pas remarqué,
Demande à Oustasse hada
Il sait très bien que da ma yakh rek
J'ai pris des resolutions cette année
A l'instan même je vais me ranger quand je serai grand
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Messagepar Modou Mbacke » Dim Fév 03, 2008 5:43 pm

Salimata sa ma niarel bou rafet
Aussi logtemps que je garde mon signe taureau :twisted:
Lis seulement ce poème si beau
Immitation dioudoudiérienne du matéisme qui reflete
Mélodieusement les khaleys bou yakh de dakar.
Alors sa ma niarel crois-moi
Tu auras aussi ta part après Khadija sa ma
Awo oustassette. Et tu patienteras :twisted:
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