Salimata a écrit:moi je suis émue quand l'auteur parle de sa rencontre avec cette fille métisse Marie. on y voit tous les premisses de l'amour quand on est adolescent. je me souviens encore de cette phrase quand il devient jaloux parce que Marie discute avec d'autres camarades. il a dit si mes souvenirs sont bons: ces filles qui bien souvent nous font souffrir sont un mal nécessaire sans lequel la vie n'aurait aucun sens.
Dans ce roman, Camara Laye rend de façon simple sans fioritures inutiles la réalité d’un monde qui change. Il se rend compte, dès son enfance, qu’il ne sera pas forgeron comme son père, que celui-ci a pour lui d’autres objectifs et souhaite que son fils aîné puisse saisir la chance que lui-même n’a pas eue de recevoir une éducation scolaire. Camara, qui est un enfant sensible, ressent à travers son quotidien que la vie n’est plus la même. Il sent qu’il ne pourra pas s’inscrire dans le fil de l’histoire de sa famille, que certains de ces secrets que les hommes d’une famille se transmettent de génération en génération, certains de ces mystères qu’il a observés avec ses yeux d’enfants, resteront toujours à ses yeux des secrets, des mystères qu’il n’aura pas percés ; Camara laisse donc derrière lui, en allant à l’école française, puis à Conakry et en France, plus que sa famille : il laisse aussi un peu de son histoire.
Avec ce livre qui, presque malgré son auteur, reflète ce que la présence européenne, même discrète, a pu apporter comme changements dans des traditions un peu figées, certes, mais qui représentent souvent la « personnalité » des peuples, on ne peut que se demander, encore une fois, si dans un monde où l’occidentalisation semble être devenue le mot d’ordre de tout le continent africain, où les cultures locales se perdent au profit de la sacro-sainte « mondialisation », il ne faudrait pas parfois penser à s’arrêter un instant d’ « évoluer », le temps de garder ce qu’il nous reste de notre culture, d’acquérir de nos parents les valeurs qui font la personnalité de nos tribus pour pouvoir, à notre tour les transmettre à nos descendants. Pour que l’Afrique reste un continent à part entière et que les cultures africaines ne deviennent pas un reflet mal dégrossi de celles qui nous ont été imposées à l’origine mais dont nous nous faisons des modèles à égaler, des idéaux établis, au fil du temps.