Forums Soninkara: Forums de discussions Soninké

[Cheikh Anta Diop]

Je lis en ce moment le brûlot de Latif Coulibaly:
SÉNÉGAL AFFAIRE ME SÈYE : UN MEURTRE SUR COMMANDE.
c'est chaud.
Latif est une reference pour le journalisme d'investigation

[Gangoueus]

c'est comme toute culture qui a ces deux facettes. nous qui "pensons" actuellement être plus "civilisés" commettons de ces monstruosités qui depassent allègrement le "meurtre" gratuit du "grand-frere" de Nwoye.

aujourdhui tout le monde tombe e extase sur la beauté de civilation des pharaons, la beauté des pyramides. les milliers d'esclaves sacrifiés pour cela n'enlèvent en rien à "la beauté de cette civilisation"
je suis daccord avec toi sur la fin de ton message. rien est tout rose, tout est gris

Bonjour Fatou,
Pour ce qui me concerne, je ne me sens pas plus civilisé que qui que soit. L'idée que certains soient "civilisés" et d'autres soient "barbares" m'offusque car elle renvoit à un rejet de l'autre.
Parcontre on peut se montrer critique vis à vis de certains aspects de sa culture ou plus généralement de la culture africaine. Car ce qui a valu dans un contexte donné pour nos parents peut mériter une mise à jour.
C'est le propre de toute culture vivante.

Au contraire, ils ont accueilli des missionnaires chrétiens. Ce qui m'a surpris, c'est avec quelle facilité les missionnaires ont brisé l'unité du clan: de manière naturelle, en prêchant. (...)Il y a un mythe qui dit que c'est, en partie, à cause du sens de l'hospitalité des africains que certaines parties d'Afrique sont tombées entre les mains du colon. Cette histoire peut corroborer ce mythe.

Bonjour Ibou,
Je ne suis pas sur qu'il faille l'interpréter comme tel. Souviens toi qu'Obierika est venu raconter une histoire terrifiante à Okonkwo quand ce dernier se trouvait en exil. Un blanc à cheval avait été tué par un des clans voisins suite aux injonctions de leur oracle. La repression fut impitoyable. Mais l'exemple montre bien que face au blanc dans le doute et l'ignorance certains groupes n'ont pas fait preuve d'hospitalité. Le résultat fut le même.

Concernant les missionnaires chrétiens, dans le cas cité par Achébé, ils viennent partager leur croyance. Et tant que cela se passera avec le premier pasteur, l'échange se fera sous la forme d'un dialogue imprégné de respect. Le problème c'est qu'il y a une confrontation très intéressante dont le romancier nous fait un étalage avec précision. Le défi fait aux chrétiens par les membres du clan maternel d'Okonkwo d'implanter l'église dans la Forêt maudite. Autrement dit, le clan délègue à ses divinités le soin de dissuader les chrétiens de s'installer. Première fuite en avant. Ceux qui ont été sensibles au message attendent perplexes l'échéance de l'ultimatum.
Il ne se passe rien, au contraire l'église est construite. Est ce qu'il n'y a pas là l'image d'un monde qui s'effondre dans l'imaginaire de certains membres du clan? Le reste n'est, à mon avis, que le fait de cette première situation.

Alors, je peux comprendre un point de vue qui serait le suivant : Pas de confrontation, pas de déclin. C'est une approche.

Je pense que la rencontre avec l'autre nous permet d'identifier nos forces et surtout nos faiblesses. L'infanticide des jumeaux par exemple est une faiblesse, une monstruosité qui n'a même pas le mérite d'avoir permis l'édification de pyramides. Les chrétiens montrent ainsi que ces enfants ont le droit de vivre comme tous les autres enfants sans que cela nuisent à la communauté.

@ suivre.

[Cheikh Anta Diop]

Une question:
j'ai lu beaucoup de livres dans ma jeunesse. et j'en relis certains. j'ai remarqué que pour certains je ne les appréhende plus de la même manière. par contre pour d'autres, c'est pareil.
est ce votre cas ?

[Gangoueus]

Une question:
j'ai lu beaucoup de livres dans ma jeunesse. et j'en relis certains. j'ai remarqué que pour certains je ne les appréhende plus de la même manière. par contre pour d'autres, c'est pareil.
est ce votre cas ?

Même sentiment que toi.
@+

[Cheikh Anta Diop]

cela voudrait dire que notre compréhension, notre appréhension du monde qui nous entoure influence notre compréhension et que cette dernière puisse changer, même si on ne sait pas pourquoi certaines choses changent et d'autres pas.
bizarre

[ibou]

L O

J'ai lu "l'Islam imaginaire" de Thomas Deltombe. C'est un journaliste indépendant qui s'est penché sur le traitement médiatique de "l'islam", entre 1975 et 2005.

Quand il parle de l'"islam", c'est tous les faits ou évènements que les médias ont lié (à tort ou à raison) à l'islam.

J'ai trouvé ses analyses très justes, très instructives. La première partie de son livre m'a scotché.

Ce qui est frappant c'est que l'on a beau être en 2007, je n'ai pas l'impression que les médias et la classe politique aient fait leur mea culpa.

Quand je fais le parallèle entre des faits ou des "affaires" qui se sont déroulés vers la fin des années 80 et le début des années 90 (les"affaires" de voiles en 1989 vs les "affaires" de voile en 2004; les versets sataniques de Salman Rushdie en 1989 vs les caricatures danoises en 2005/2006 ou encore la circulaire Bayrou en 1996 vs la loi interdisant les signes religieux ostentibles en 2004), j'en conclus que les médias n'ont pas tiré les leçons de leurs erreurs.

Manipulation quand tu nous tiens...

[ibou]

Concernant les missionnaires chrétiens, dans le cas cité par Achébé, ils viennent partager leur croyance. Et tant que cela se passera avec le premier pasteur, l'échange se fera sous la forme d'un dialogue imprégné de respect. Le problème c'est qu'il y a une confrontation très intéressante dont le romancier nous fait un étalage avec précision. Le défi fait aux chrétiens par les membres du clan maternel d'Okonkwo d'implanter l'église dans la Forêt maudite. Autrement dit, le clan délègue à ses divinités le soin de dissuader les chrétiens de s'installer. Première fuite en avant. Ceux qui ont été sensibles au message attendent perplexes l'échéance de l'ultimatum.
Il ne se passe rien, au contraire l'église est construite. Est ce qu'il n'y a pas là l'image d'un monde qui s'effondre dans l'imaginaire de certains membres du clan? Le reste n'est, à mon avis, que le fait de cette première situation.

Alors, je peux comprendre un point de vue qui serait le suivant : Pas de confrontation, pas de déclin. C'est une approche.

Je pense que la rencontre avec l'autre nous permet d'identifier nos forces et surtout nos faiblesses. L'infanticide des jumeaux par exemple est une faiblesse, une monstruosité qui n'a même pas le mérite d'avoir permis l'édification de pyramides. Les chrétiens montrent ainsi que ces enfants ont le droit de vivre comme tous les autres enfants sans que cela nuisent à la communauté.

@ suivre.

L O

L'histoire ne dit pas non plus si les missionnaires chrétiens viennent partager leur croyance ou... christianiser les villageois.

Car en toile de fond, la colonisation est là. Et à l'époque, un des mécanismes de la colonisation était la christianisation des habitants des colonies, pour asseoir une domination.

Faire oublier aux habitants leur culture et leur tradition ancestrale pour qu'ils adoptent les us et coutumes des colons : c'est un monde qui s'effondre au profit d'un autre.

Ayant dit cela, je réaffirme malgré tout que je se désapprouve certains us et coutume des villageois d'Umofia car ils sont à l'opposé de mes croyances et de mes idées.

[ibou]

Une question:
j'ai lu beaucoup de livres dans ma jeunesse. et j'en relis certains. j'ai remarqué que pour certains je ne les appréhende plus de la même manière. par contre pour d'autres, c'est pareil.
est ce votre cas ?

Sauf exceptions, je ne relis jamais deux fois le même livre. C'est un choix. La vie est tellement courte et il y a tellement d'oeuvres à découvrir que je privilégie toujours la nouveauté.

[Gangoueus]

J'ai relu Paradis de Toni Morrison que je présente dans mon blog http://gangoueus.blogspot.com/2007/08/toni-morrison-paradis.html

[Gangoueus]

L O

L'histoire ne dit pas non plus si les missionnaires chrétiens viennent partager leur croyance ou... christianiser les villageois.

Car en toile de fond, la colonisation est là. Et à l'époque, un des mécanismes de la colonisation était la christianisation des habitants des colonies, pour asseoir une domination.

Cher Ibou,
L'auteur montre ses différents aspects. Mais à aucun moment il ne laisse entendre que le premier pasteur et son équipe qui arrive dans le clan maternel d'Okonkwo sont des instruments de l'administration coloniale. Cela ne veut pas que ce cas de figure ne s'est pas présenté, mais la collusion que souligne Achébé n'intervient qu'avec le second pasteur.

Faire oublier aux habitants leur culture et leur tradition ancestrale pour qu'ils adoptent les us et coutumes des colons : c'est un monde qui s'effondre au profit d'un autre.

C'est une interprétation qui n'a rien à voir avec le propos du livre.
Encore une fois, la situation est plus subtile. A aucun moment Achébé soutient cette thèse. Parcontre il montre deux approches d'évangélisation des missionnaires:
_ La première se construisant dans le dialogue et l'écoute de l'autre;
_ La seconde dans le rejet de l'autre dans une logique conflictuelle.

Dans les deux cas, l'unité spirituelle du clan est brisée. La faute à des croyances qui ne reposent pas sur un socle solide. L'idée par exemple que la divinité du clan soit incarnée par un serpent illustre bien ce propos.
Dès que le serpent est découpé par le premier chrétien ibo fanatique, le clan est destabilisé. Cela me rappelle d'ailleurs la Légende de Sia Yatabéré que j'ai relue sur ce site.

@ suivre...