par biko » Jeu Nov 30, 2006 12:56 pm
salam
En effet, on assiste à une véritable inégalité de traitement entre les différents types de bilinguisme. Les langues qu’il faut s’interdire de parler sont les langues non européennes, et au premier chef l’arabe, le berbère et toutes les langues d’Afrique noire ( bambara, Soninké, wolof...) C’est à elles que Bénisti, dans son rapport parlementaire, a refusé le statut de « langues » en parlant de « patois » de manière à instaurer une ligne de partage entre un mauvais bilinguisme, criminogène par essence, et un bon bilinguisme, épanouissant et enrichissant. Ce qui est bon pour les uns n’est pas bon pour les autres : maîtriser l’anglais, le japonais, le hongrois, et à la rigueur l’arabe « littéraire » . c’est chic, c’est valorisant, et, dans l’éducation nationale, c’est l’indice d’un élève promis à une scolarité brillante ; parler le tunisien, le kabyle, le créole ou le Soninké, c’est suspect, dévalorisant voire honteux, et c’est le signe annonciateur d’une scolarité difficile voire d’une carrière délinquante. On traite au fond les langues comme on traite les individus qui le parlent, on les racialise.
D'ailleurs, de quelle « langue française » la circulaire Sarkozy exige-t-elle la maîtrise ? Du « français » qu’on enseigne à l’école, c’est-à-dire de ce que Pierre Bourdieu a appelé la « langue légitime » : le français « soutenu » parlé par la bourgeoisie cultivée. Or, la maîtrise de ce « français-là pose problème à l’ensemble des élèves issus des classes populaires, qu’ils soient ou non issus de l’immigration. Le français oral « de rue », « de quartier », « de cité » , le français populaire, que les Noirs et les Arabes maîtrisent aussi bien que les Blancs, n’a pas grand chose à voir avec le français de l’école : on peut même dire qu’en un sens, le « français« de l’école est autant une langue étrangère pour les banlieusards blancs (dont les parents ne parlent ni le soninké ni le wolof ni l’arabe ni le berbère) que pour les jeunes Maliens, Sénégalais, Algériens ou Marocains qui sont leurs camarades de classe (dans les deux sens du terme : la salle de classe, et la classe sociale). Les enquêtes quantitatives de Louis-André Vallet et Jean-Paul Caille ont d’ailleurs établi qu’à niveau socio-économique égal, les enfants d’immigrés obtenaient des résultats scolaires équivalents, voire légèrement supérieurs, à ceux des autres élèves, y compris en français. Bref : si l’expérience scolaire des enfants d’immigrés est celle d’un « choc des cultures », le « choc » en question n’est en l’occurrence ni « national » ni « ethnique » ni « religieux » : il oppose la culture populaire à la culture bourgeoise. Pourquoi dès lors traiter comme un problème ethnique (« problème d’intégration ») ou comme un problème moral (« refus d’intégration ») ce qui relève d’une condition sociale ? La réponse est simple : c’est un moyen commode pour responsabiliser une fois de plus certains pauvres, et par là même dédouaner les politiques publiques, en rendant ces pauvres coupables d’une situation d’échec scolaire dont ils pourraient à bon droit s’estimer victimes.
S'il s'avère que" nous",fils d'immigrés ou immigrés tout simplement ,nous parlons mieux le français "standart" que le français-français lui meme,soyons fière de parler la notre.
On se bat pour les droits de l'Homme mais on oublie de se battre pour faire respécter ces droits entre nous.