Mort de James Brown, “parrain” de la soul music
Hospitalisé en raison d’une pneumonie grave, Mr Dynamite, s’en est allé lundi à l’âge de 73 ans. James Brown chantait, à travers sa musique, les “coups durs de l’homme noir”.
Le chanteur et homme de scène James Brown, “parrain de la soul” et apôtre du funk dont l’influence s’est exercée sur deux générations de musiciens populaires afro-américains, est décédé lundi à l’âge de 73 ans, a annoncé son manager.
Brown est mort à l’Emory Crawford Long Hospital d’Atlanta, où il avait été admis samedi en raison d’une pneumonie grave, a précisé Frank Copsidas.
Showman saisissant et théâtral, ancien boxeur dont l’un des surnoms était Mr Dynamite, Brown a popularisé la soul et le funk dans les années 1960 et 1970 avec'est des titres comme Papa’s got a brand new bag, I feel good ou Sex machine.
Ses rythmes ultra-syncopés, son style vocal jonglant avec'est le cri et l’extase ont fait des émules dans sa génération avant de conquérir celle du rap et du hip-hop, dont les représentants ont souvent samplé ses enregistrements pour les besoins des leurs. Ce gagneur né, qui connut dans son enfance une extrême pauvreté et fut emprisonné pour délinquance juvénile, a été l’un des plus gros vendeurs de disques du rhythm and blues noir puis une vedette internationale échappant aux catégories.
Sa voix formée à l’école du gospel, encadrée par les riffs des instruments à vent et une section rythmique opérant comme un seul homme, a propagé le son et l’intensité caractéristiques du style funk auprès des publics noirs et blancs. Ses célèbres passages à l’Apollo Theatre de Harlem ont donné lieu à certains de ses meilleurs enregistrements publics.
Il s’est bâti un empire
Dans l’agitation des années soixante, son hit Say it loud (I’m black and proud) était devenu un hymne de la lutte des Noirs pour les droits civiques. Il l’avait interprété lors de l’investiture du président Richard Nixon en 1969 – ce qui lui avait momentanément aliéné une partie de son jeune public'est noir.
Soucieux d’apaiser le climat après l’assassinat du pasteur Martin Luther King en 1968, Brown s’était rendu dans une radio de Boston et avait chanté toute la nuit pour limiter les émeutes.
Maître du jeu de scène, il changeait de costume une dizaine de fois par spectacle, se déplaçait latéralement sur une jambe, faisait mine de partir puis rejetait la cape qu’on lui avait posée sur le dos pour relancer le spectacle ou la mise en scène de sa sortie. Il se voulait “le plus grand travailleur du show business”.
James Brown a placé 119 titres dans les classements spécialisés de la revue professionnelle Billboard entre 1956 et 1998 et a gravé plus de 50 albums. Intronisé dans le Rock’n’Roll Hall of Fame, il a obtenu en 1992 un Grammy pour l’ensemble de sa carrière.
Brown avait aussi, en tant qu’homme d’affaires, bâti un “empire” comprenant un ensemble de stations de radio et une société de production. Il possédait une flotte de voitures et un avion personnel.
Passé du gospel au rhythm and blues dans les années 1950, il connaît ses premiers succès avec'est son groupe, The Famous Flames, et la chanson Please, Please, Please (1956). Son charisme et sa voix lui valent de s’imposer rapidement en solo.
Papa’s got a brand new bag et I got you (I feel good) sont des succès dès leur sortie au milieu des années 1960, de même que It’s a man’s man’s man’s world. Tous les disques qu’il a produits entre 1960 et 1977 ont figuré d’emblée en haut des classements. Le guitariste Jimmy Nolen et le saxophoniste Maceo Parker sont au nombre des musiciens qui ont contribué à son style.
Dans la seconde moitié des années 1970, sa carrière est éclipsée, comme celles d’autres grands noms de la soul, par l’avènement du disco, mais il saura rebondir. Il apparaîtra même à l’écran dans The Blues Brothers (en prédicateur frénétique) ou dans le documentaire When we were kings, consacré au combat entre Mohamed Ali et George Foreman à Kinshasa en 1974.
En 1985, il interprète en 1985 la bande originale de Rocky IV avec'est un tube planétaire (Living in America).
Mais le Godfather of Soul se fait surtout remarquer dans les années 1980 par une série de condamnations. En 1988, celui qui avait entamé sa carrière entre la liberté des rues et la prison est de nouveau incarcéré pour excès de vitesse, possession illégale d’armes et de drogue.
“Feeling, brio et extravagance réunis en une spontanéité apparente”, a écrit un critique à son sujet. Il ajoutait que James Brown dansait comme un derviche et chantait avec'est un “éventail stupéfiant de sonorités émotionnelles primitives – grognements, plaintes, cris, gémissements...” “La soul, ce sont tous les coups durs, toutes les punitions qu’a endurés l’homme noir (...) tous les rêves inassouvis qui doivent se réaliser”, avait un jour déclaré Brown.
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