Sébastien Ménard -Journal de Montréal 15/12/2004 07h12
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http://www2.canoe.com/Un jeune surdoué de 13 ans a réussi à s’inscrire à l’École Polytechnique de Montréal, cette année, où il a entamé des études en vue de devenir ingénieur, a appris le Journal.
Fabrice* n’avait que 12 ans lorsqu'il a été admis au programme de génie mécanique de la prestigieuse institution, en janvier dernier.
Le jeune Africain, originaire du Cameroun, est issu d’une famille modeste. Il a complété l’ensemble de son programme primaire et secondaire avant d’avoir atteint l’adolescence.
C’est son père qui, à force de gratter les fonds de tiroir, a pu lui payer des cours privés à domicile lui permettant de franchir son parcours scolaire en accéléré.
Fabrice n’a jamais subi de test permettant de déterminer son quotient intellectuel, mais selon un expert, il ne serait pas surprenant qu’il atteigne 150, soit un peu moins que celui du célèbre physicien Albert Einstein. (voir autre texte)
Les frais de scolarité de l’étudiant sont entièrement assumés par l’État du Cameroun, qui le considère comme un sujet de «fierté nationale».
Fabrice réside actuellement à Montréal et est supervisé par un tuteur camerounais. Durant son premier trimestre d’études, le printemps dernier, son père l’a aidé à s’installer.
«Un vrai génie»
À l’École Polytechnique, le jeune homme suscite la curiosité. «C’est un vrai génie, confie la porte-parole de l’établissement, Chantal Cantin. Pour nous, c’est du jamais vu.
«Cet étudiant est tellement intelligent, dit-elle, qu’il aurait très bien pu arriver chez nous encore plus tôt, vu ses capacités phénoménales.»
La relationniste a refusé d’identifier l’adolescent ou d’expliquer comment il avait pu être admis à l’université. Au ministère de l’Éducation, on a cependant précisé que n’importe quel étudiant pouvait être inscrit au niveau universitaire, en autant qu’il réponde aux exigences «jugées essentielles» par l’institution.
Le Haut-Commissariat du Cameroun à Ottawa a indiqué que Fabrice pourrait poursuivre ses études jusqu’au doctorat, s’il en a les capacités et la volonté.
«C’est un élève brillant et ç’aurait été une perte de temps pour lui de fréquenter l’école classique», indique le conseiller culturel de l’ambassade, Jean-Bosco Etoa.
Des élèves qui s’ennuient au primaire et au secondaire
La plupart des enfants surdoués, comme Fabrice*, s’ennuient à mourir lorsqu’ils fréquentent l’école primaire ou secondaire.
«Ces enfants ont besoin d’être constamment nourris intellectuellement», explique le professeur Serge Larivée, de l’Université de Montréal.
«La matière enseignée aux niveaux primaire et secondaire ne les stimule pas suffisamment pour les intéresser», dit-il.
«[Fabrice] est certainement plus heureux, depuis qu’il fréquente l’École Polytechnique, pense l’expert. Sa soif de connaissances doit être assouvie.»
Phénomène rarissime
La présence d’un étudiant de 13 ans à l’université constitue un phénomène rarissime, explique M. Larivée.
«Cet élève doit être vraiment très doué, dit-il. Les gens doués constituent environ 2% de la population, mais dans ce cas-ci, il s’agit d’une situation extrêmement rare, qui concerne moins de 0,5% des gens.
«Je trouve que c’est très, très jeune pour fréquenter l’université, lance M. Larivée. C’est la deuxième fois en 25 ans de carrière que j’entends une histoire semblable.
«Dans des cas comme celui-ci, on fait face à un quotient intellectuel de 150 et plus», analyse le professeur.
À titre de comparaison, le QI d’Albert Einstein était évalué à au moins 160.
Serge Larivée n’est pas surpris que Fabrice ait réussi à se faire des amis à l’université, malgré son jeune âge. «C’est un mythe de penser que les surdoués sont des bollés repliés sur eux-mêmes, dit le professeur. Ils ont souvent un bon cercle d’amis.»
Un garçon sociable et d’agréable compagnie
Malgré son jeune âge, le petit génie de Polytechnique n’a pas de mal à se faire des amis et réussit très bien ses études universitaires.
Au cours d’un entretien avec le Journal, Fabrice* a laissé entendre qu’il avait tissé des liens d’amitié avec de nombreux étudiants de l’École, depuis son arrivée au Québec. «Ce n’est quand même pas interdit», a-t-il lancé, à la blague.
Dans les corridors de Poly, le surdoué a la réputation d’être très «sympathique».
«Il a réussi à se faire plusieurs amis, confie un étudiant âgé dans la vingtaine. Il est d’agréable compagnie», dit-il.
Le garçon a néanmoins le mal du pays, puisqu’il prend le temps de discuter avec son père «à tous les jours», a-t-il confié.
«Pas très difficile»
Fabrice relève très bien le défi de l’université. Au printemps dernier, il n’a obtenu que des A et des B dans son bulletin, ce qui le place parmi les «très bons» étudiants de son programme. «Je ne trouve pas ça vraiment difficile», lance-t-il.
À la demande de sa famille et de ses proches, le jeune homme a toutefois refusé de raconter en détail son expérience à Montréal et d’être photographié.
*: Le nom utilisé pour identifier l’adolescent est purement fictif. Nous n’avons pu le nommer expressément, ni le photographier, à la demande de sa famille, de l’École Polytechnique et de certains de ses proches.