1-Conquêtes et résistances
La conquête coloniale française de l’intérieur du Soudan Occidental commença dans la 2ème moitié du XIX è siècle. Installés au Sénégal les Français voulaient créer une grande voie commerciale qui s’établirait entre l’Océan Atlantique et le bassin du Niger par le fleuve Sénégal à partir de Saint Louis jusqu’à Médine. De là par voie terrestre jusqu’à Bamako puis par la navigation sur le fleuve Niger. Ils se heurteront aux redoutables résistances d’El hadj Omar, de Mamadou Lamine Dramé et de Samori.
a-El Hadj Omar et son empire
El hadj Omar Tall : Après son pèlerinage à la Mecque et son séjour à l’Université El Hazar du Caire il entreprit à partir de Dinguiraye (Guinée) la création d’un empire théocratique, adepte de la Tidjania (plus démocratique que la Kadriya très hiérarchique), El hadj Omar Tall à la tête d’une armée de 30.000 hommes équipés d’armes à feu lança le Jihad en 1852
[1].
[1] [ Vitouhina G.O., Onoutchko V.G.- La république du Mali. Edition, Moscou, 1989.- Page 58]Il s’attaqua au Bambouk, au Kaarta pour convertir à l’islam leurs habitants, adeptes de la religion traditionnelle. Mais en 1857 il se heurta aux Français qui avaient un fort à Médine. En 1855 en effet, Faidherbe avait fait construire un fort à Médine à 12 km de Kayes sur un terrain que lui avait cédé le roi du Khasso Diouka Samballa Diallo.
Pendant 4 mois, El Hadj Omar mis le siège devant Médine qu’il ne réussit pas à prendre. Médine fut débloquée grâce à l’arrivée des troupes françaises venues du Sénégal à la faveur de la montée des eaux du fleuve Sénégal en Juillet 1857. El Hadj Omar bloque à l’Ouest se dirigea vers Nioro puis vers Ségou qu’il prit en 1861, le Macina dont il mit à mort le roi Amadou Amadou en 1862 comme noté plus haut. Son influence s’étendait alors jusqu’à Tombouctou.
Sur leur immense territoire peuplé de Soninko
[2], de Malinké de Kassonké de Bamanan, de Peulhs, de Dogons, les Toucouleurs régnaient en maître ne payait pas l’impôt Soninko Dans l’armée ils servaient dans la cavalerie corps d’élite à la différence des populations autochtones affectées à la l’infanterie.
La domination toucouleur fut dure pour les peuples vaincus qui opposaient des résistances farouches. Bloqué par les Peulh du Macina en révolte El Hadj Omar se refugea dans une falaise non loin de Bandiagara à Deguembéré où il se serait fait sauter sur la poudre avec ses fils Mahi, Maki et Hadi en 1864. Son fils Amadou qui régnait de 1862 à Ségou lui succéda et il prit le titre de Amir al Mouminin (Commandèrent des croyants).
Mais Amadou ne réussit pas à maintenir l’unité de l’empire car il ne s’entendait pas avec ses frères. Il attaqua même son frère Mountaga à Nioro qui était rentré en dissidence contre lui. Croyant à la promesse faite par les Français en 1880 de ne pas toucher à ses possessions il refusa de s’allier avec Samori
[3].
Les Français prirent Ségou en 1890. Amadou dû s’enfuir à Sokoto au nord du Nigeria. L’hostilité irréductible entre Amadou et Samori permettra aux Français de les attaquer séparément et de les vaincre un à un. Après la chute de l’empire toucouleur les Français vont affronter Samori.
[2] Imitant El Hadj Omar un marabout Soninké Mamadou Lamine Dramé né à Goundiourou 8 Km de Kayes qui avait appris l’arabe et fait le pèlerinage à la Mecque réunit ses compatriotes des deux rives du Sénégal entre Bakel et Médine.Il attaqua le fort de Bakel en Avril 1886 sans succès. Après s’être empire du Boundou allié de Français. Ce n’est qu’après de violents combats et des poursuites qu’il fut tué non loin de la frontière gambienne en décembre 1887
[3] Vitouhina G.O., Onoutchko V.G, Op cit, p.59
b-Samori et son empire
C’est sur les ruines de l’empire du Mali, dans les provinces Sud-est que naquit vers 1870 celui du Wasulu
[4]. Cet Etat fondé par l’Almamy Samori s’étendait sur une grande partie du pays malinké (en Guinée et au Mali actuel) atteignait les zones forestières de Sierra Léone et du Libéria.
La puissance de l’empire Dioula résidait dans sa bonne administration et la puissance de son armée : En effet l’armée samorienne formée de volontaires sofas( qui se faisaient payer sur le butin) bien entraînééet équipée de fusils à tir rapide achetés avec l’argent des esclaves vendus permit au dioula de tenir tête pendant plusieurs années aux troupes françaises. Samori se heurta tour à tour à Borgni Desbordes, Gallieni, Archinard etc.
Il fut pris le 29 Septembre 1898 à Guèlemou en Côte d’Ivoire après une longue traque par une colonne dirigée par le capitaine Gouraud. Déporté au Gabon, il devait mourir en 1900 dans une île de l’Ogoué. Un autre royaume celui du Kénédougou fondé par des dioula descendants des mandinka de l’empire du Mali au XIX siècle devint l’allié des Français sous le roi Tiéba, né en 1845. Son successeur Babemba Traoré (1855- 1898) par contre qui avait compris les visées expansionnistes des Français s’opposa à eux.
Les troupes coloniales françaises marchèrent contre le Kénédougou et sa capitale Sikasso entouré d’un impressionnant tata( forteresse) fut prise le 01 Mai 1898 après un long siège. Babemba préféra se donner la mort. Toutes les résistances échouèrent faute d’entente. Samori ne réussit pas à s’entendre avec Babemba. La dernière bataille qui a réuni tous les anciens ennemis soudanais dioula peul, malinké etc. .contre l’envahisseur mais peine perdue.
Ainsi partit du Sénégal les Français prirent Sabouciré en 1878, Kita en 1881, Bamako en 1883, Ségou en 1890, Nioro en 1891, Tombouctou en 1894, Sikasso en 1898, Gao en 1899 occupant ainsi presque tout le territoire de l’actuelle République du Mali.
Une nouvelle ère commençait.
[4] Camara Samou, op cit, p.20http://www.histoire-afrique.org/article ... artsuite=2