par Salimata » Sam Fév 14, 2009 2:01 am
Martinique : les propos racistes d'un béké font scandale
«Les derniers maîtres de la Martinique». En pleine grève générale contre la vie chère, qui paralyse l'île, le reportage de Canal + sur le pouvoir des békés, les créoles blancs descendants des colons, suscite des réactions en cascade depuis sa diffusion vendredi dernier.
Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, arrivé jeudi matin à Fort-de-France, a jugé «parfaitement ignobles» les propos de l'un des békés interrogés dans le documentaire.
Alain Huygues-Despointes déplore que les historiens ne s'intéressent pas «aux bons côtés de l'esclavage» et explique «vouloir préserver sa race», déclarant : «Quand je vois des familles métissées avec des Blancs et des Noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie.»
«On a des lois qui protègent et qui interdisent ce genre de choses dans la République», a souligné le secrétaire d'Etat, interrogé sur Europe 1. Dès lundi, le parquet de Martinique a d'ailleurs ouvert une information judiciaire pour «apologie de crime contre l'humanité et incitation à la haine raciale». Autre conséquence des déclarations de l'entrepreneur fortuné : le déménagement du préfet Ange Mancini. Ce dernier, qui préside les négociations sur l'île, a annoncé mercredi qu'il avait quitté son logement appartenant à la famille... Despointes. Il loge depuis à l'hôtel.
Des gendarmes à «Békéland»
Cette demeure ainsi que la propriété d'Alain Huygues-Despointes sont situées à Cap Est, près du François, dans la partie Est de la Martinique, surnommée «Békéland». C'est là que vivent la plupart des békés, qui représentent entre 1 et 2,5% de la population martiniquaise. Ils descendent d'esclavagistes qui avaient colonisé l'île au XVIIe siècle. Plusieurs de ces familles dirigent aujourd'hui des sociétés prospères et sont accusées d'être responsables de la vie chère. Depuis deux jours, des gendarmes ont été déployés dans cette zone résidentielle pour prévenir toute manifestation de violences. Des appels au boycott des produits commercialisés par ces entrepreneurs ont été lancés.
Selon Yves Jégo, les propos de M. Despointes «montrent quel est le climat» aux Antilles, marqué par «des problèmes culturels profonds qu'il faut essayer de dénouer». Il a jugé nécessaire de «mettre en place des moyens pour que les Guadeloupéens et les Martiniquais d'origine, les originaires comme on dit, puissent accéder aux responsabilités». Le PCF a lui aussi condamné ces propos et demandé que leur auteur soit poursuivi.
Une pétition lancée par des békés
Dans une interview au quotidien France-Antilles, deux autres figures du monde Béké, Eric de Lucy de Fossarieu et Roger de Jaham, se sont élevées contre les déclarations d'Alain Huygues-Despointes. Ils se disent «choqués et blessés par les propos inacceptables qui ont été tenus dans l’émission diffusée sur Canal +. Les Martiniquais doivent savoir qu’il n’existe pas de pensée unique au sein des békés, et que nous tenons à nous désolidariser totalement de ces propos (…). Nous souhaitons vivre tous dans une Martinique unie pour construire ensemble notre avenir à tous.» Une pétition dans ce sens a été lancée auprès de la communauté békée.
leparisien.fr
Tout homme monogame est un polygame refoulé...