Modérateurs: Moderatrices du Forum des Filles Soninkara, Moderateurs Soninkara
La crise vient d’entrer dans une nouvelle phase avec la décision de la FED d’acheter 300 milliards de dollars de bons du trésors et 500 autres de créances assises sur des crédits immobiliers titrisés probablement insolvables, soit au total 800 milliards de pure création monétaire !
Les Etats-Unis ont donc décidé de financer leur plan de relance par des « moyens non conventionnels » recherchant un « assouplissement quantitatif » comme on dit en langage des banquiers centraux, ou pour le dire plus vulgairement, par de la monnaie de singe ou la planche à billet. La crise financière est désormais en passe se muer en crise monétaire mondiale.
Jusqu’ici les Etats-Unis parvenaient à financer leurs déficits budgétaires et commerciaux par une importation de capitaux avec la vente de produits financiers, plus ou moins frauduleux. Ce n’est désormais plus possible. Ils viennent de prendre acte du fait qu’il n’y a plus suffisamment d’acheteurs dans le monde pour leurs produits financiers, ce qui marque peut-être le début de l’effondrement du dollar, avec des conséquences que d’aucun ne s’est jamais aventuré à prédire.
Rappelons en préambule que l’orthodoxie économique proscrit la création de monétaire par les banques centrales pour les besoins publics, ce mécanisme étant supposé conduire à l’hyperinflation. Ce point fait d'ailleurs l’objet d’un solide tabou. Il suffit de rechercher des tribunes ayant pris position pour ou contre la solution mise en œuvre pour s’en rendre compte. Quasiment rien !Le recours massif à la planche à billet semble avoir d’ailleurs été une surprise pour les marchés, ce qui est peut-être le signe d'une décision improvisée prise sous l’empire de la nécessité.
On sentait monter depuis quelques semaines la question de la création monétaire, comme réponse au problème global d’insolvabilité qui caractérise la crise : Insolvabilité de la demande, des créanciers, des banques et peut-être demain des Etats. Nous y sommes. On ne peut plus désormais fuir ce débat qui est une véritable trappe intellectuelle pour le profane et qui est soigneusement évité par les spécialistes.
La création monétaire est-elle une réponse à la crise ?
Même s’il est difficile d’avoir en la matière la moindre certitude, quelques arguments semblent plaider en faveur d’une politique de création monétaire dans la période actuelle.
1- La crise économique a été déclenchée par une chute brutale de la demande mondiale liée à l’éclatement de la bulle du crédit. Le désendettement massif et la contraction du crédit qui en a résulté a eu pour effet de détruire de la monnaie. Il n’est donc pas illogique de rechercher aujourd’hui à stimuler sa création.
2- Le moyen le plus classiquement utilisé pour créer de la monnaie nouvelle est la baisse des taux d’intérêt. Or ils sont déjà au plus bas aux Etats-Unis, comme en Europe, ce qui dans un contexte de dépression ne suffit pas à relancer la demande de crédit. En outre, la création monétaire par le crédit injecte de la monnaie dans les secteurs pour lesquels on emprunte, c'est-à-dire principalement l’économie financière ou les investissements. Aujourd’hui, c’est la demande, publique ou privée, qu’il faut solvabiliser. Créer de la monnaie pour l’injecter directement dans l’économie via de la dépense publique peut donc permettre de soutenir la demande dans l’économie réelle.
3- La relance de l’inflation constitue l’une des conditions les plus sûres pour se sortir de la pyramide de dettes qui étouffe l’économie mondiale. Or, la dépression mondiale conduit plutôt à un contexte déflationniste. L’injection de monnaie supplémentaire peut donc constituer une solution pour relancer un peu d’inflation.
On pourrait alors regretter que l’Europe ait interdit ce procédé dans ses traités, la BCE ne pouvant acheter que des créances privées. On peut déplorer ici, une fois de plus, que les institutions européennes ne se soient pas limitées à organiser l’exercice en commun de compétences, mais qu’elles aient gravé dans le marbre de traités, devenus quasi intangibles avec l’élargissement, la manière dont ces compétences devaient être exercées.
Même si Jean Claude Trichet a récemment envisagé de recourir à des moyens non conventionnels, il est probable que la zone euro soit la dernière au monde à recourir à la création monétaire, c'est à dire trop tard !
Vers un effondrement du dollar ?
La situation est en revanche quelque peu différente appliquée au cas des Etats-Unis compte tenu de l’ampleur de leur dette extérieure, de leur situation d’insolvabilité potentielle et du statut de monnaie de réserve du dollar.
La valeur du dollar ne se maintient que grâce à la volonté des pays exportateurs de financer les déficits américains pour éviter que leur monnaie ne s’apprécie. Ces pays, principalement la Chine, sont aujourd’hui pris au piège, contraints de continuer à éponger les dettes américaines, car l’arrêt du financement des Etats-Unis entraînerait une volatilisation de leur épargne en dollar (près de 2000 milliards pour la Chine)
La perspective d’un effondrement du dollar est pourtant envisagée depuis bien longtemps, aussi bien par des analystes critique de la mondialisation (Todd, Sapir) que par ses derniers propagandiste. Ainsi, Alain Minc dans son dernier livre, y consacre un chapitre (Le jour où l’Euro vaudra 2,5 dollar) où il donne du crédit à l’hypothèse. Pour lui, « la conviction que les devises lourdes sont à l’abri d’un choc spasmodique relève d’un pari pascalien qui ressemble à celui que faisait les experts sur la capacité des ménages américains à s’endetter sans limite grâce à une base d’actifs en croissance perpétuelle »
L’hypothèse de l’effondrement du dollar a toujours été envisagée au terme d’un scénario où les investisseurs perdraient confiance, puis seraient gagnés par la panique pour vendre au plus vite leurs avoirs. Elle n’a jamais été envisagée consécutivement à une décision de l’administration américaine elle-même. Une chute du dollar dans une économie fondée sur la consommation et aussi dépendante des importations serait en effet un véritable cataclysme pour la population qui verrait son niveau de vie se réduire de 20 à 30 % !
On peut donc être surpris de voir la FED prendre un tel risque avec sa monnaie. L’Amérique est-elle à ce point aux abois, n’ayant en réalité déjà plus d’autres solution spour financer son déficit qui atteindra cette année 12% du PIB ? A-t-elle à ce point confiance dans son statut d’hyperpuissance pour écarter tout risque sur sa monnaie ? A-t-elle délibérément décidé de faire filer sa monnaie pour se défaire d’un endettement extérieur intenable sur le long terme ?
La décision de recourir à la création monétaire pour financer ses déficits peut en effet constituer le signal qui déclenchera un processus de défiance, conduisant à la baisse du dollar, puis à sa chute brutale. Les marchés financiers n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir. Dès hier, le dollar dévissait contre toutes les devises pour perdre 4 %, soit sa plus forte chute depuis 1985. Ce n’est sûrement que le début d’une longue glissade… L’hypothèse de la fin du roi-dollar n’a jamais été autant d’actualité.
Nul ne sait quelles en seraient les conséquences exactes. Minc dans l’ouvrage précité nous dit que « ce sera (notons l’emploi du futur simple) la crise la plus violente, la plus globale, la moins maîtrisable » Naturellement, ce sera la fin officielle de l’imperium américain, ce qui en soi est plutôt une réjouissante nouvelle. Mais la fin du dollar entraînera aussi d’imprévisibles désordres aussi bien sur les marchés des matières premières (vendues en dollar) ou dans les équilibres du commerce mondial. Des conséquences géopolitiques ne sont pas non plus à exclure, car les pays qui verront leurs réserves s’évaporer pourront avoir la légitime impression de s’être fait escroquer, les uns après avoir livré pendant des années du pétrole gratuitement, les autres des produits manufacturiers …
A court terme, la solution pour éviter la panique serait peut-être que le G 20 fasse des politiques « d’assouplissement quantitatif » une mesure de droit commun, autorisant les tous Etats à émettre des quantités de monnaie mesurées pour favoriser la relance. Encore une fois, la balle est dans le camp de l’Europe. Va-t-elle attendre passivement que l’Euro s’apprécie jusqu’à un niveau qui deviendra intolérable pour l’économie ou va-t-elle se mettre à son tour à racheter la dette publique de ses Etats membres ?
Malakine
Harouna Sidibé a écrit:Ce n’et pas les gouvernements qui rendent la monnaie acceptable c’est notre crédulité, notre confiance dans leur promesse, celle de transféreer nos richesses dans le temps en les faisant croître, avez vous le sentiment que cela continuera ?
Modou Mbacke a écrit:Harouna Sidibé a écrit:Ce n’et pas les gouvernements qui rendent la monnaie acceptable c’est notre crédulité, notre confiance dans leur promesse, celle de transféreer nos richesses dans le temps en les faisant croître, avez vous le sentiment que cela continuera ?
arretez de rever. les chinois ne vont pas brader leurs reserves de dollars (2 000 milliards) et plongez les usa.
la raison simple: les usa sont les principaux acheteurs des chinois. plus d'acheteurs, plus de vendeurs
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