par doudou » Jeu Nov 30, 2006 4:25 am
Passage à l'EURO dans l'Est du Sénégal : peu d'angoisse, un brin d'émotion
BAKEL - Le franc français, "symbole de la grandeur de la France depuis le général de Gaulle...". Yaguine, vieil habitant de Diawara, près de Bakel (Est), est un brin nostalgique quand on lui dit que l'an prochain, l'euro remplacera le FF.
Dans plusieurs villages des environs de Bakel, vivier d'émigration de l'extrême est du Sénégal, le franc français circule plus que la monnaie du pays, le franc CFA.
Bassouaré, ancien émigré revenu vivre paisiblement sa retraite dans un village de la région, n'est pourtant pas inquiet, puisqu'il sait que tous les Français seront logés à la même enseigne.
"Je gagne 10.000 FF par mois, fruit de mes durs labeurs à Poitiers" (Ouest de la France), où il était dans les années 60 ajusteur dans une usine de montage mécanique, explique-t-il.
Comme lui, ils sont au moins une centaine de préretraités ou retraités, rentrés au Sénégal avec de substantiels revenus et établis dans différentes localités du pays profond, mieux loties qu'autrefois grâce à l'apport des émigrés.
Pour la plupart, ils ont acquis la nationalité française et, deux fois par an, reçoivent la visite des services du consulat de France basé à Dakar, concernant leurs pension ou allocations.
"Ici, c'est la petite métropole !", affirme fièrement Nanthie Ndiaye, vieux notable à Moudéry, village où une femme sur deux a vécu au moins cinq ans en France pour cause de regroupement familial.
Moudéry, Diawara, Yéringara et Tuabu, bourgades situées le long du fleuve Sénégal, ont payé un lourd tribut à la sécheresse des années 70, avec le départ massif des bras valides, vers l'Hexagone principalement. A la fin des années 50, le flux des émigrés s'est intensifié vers la France, qui avait besoin de main-d’oeuvre. Chaque famille compte en moyenne cinq émigrés, précise à l'AFP Madi Bâ, président de la Communauté rurale de Moudéry.
Dans ces bourgades fleurissent constructions nouvelles, habitations et boutiques, échoppes et quincailleries. Pour financer les chantiers, les émigrés paient en FF manœuvres, menuisiers, maçons et autres tâcherons attirés par la manne.
La situation florissante de ces villages contraste avec le délabrement de Bakel, chef-lieu d'un département peuplé en majorité des ethnies Soninké et Pulaar.
"Nous n'avons pas trop ressenti la dévaluation du F CFA en janvier 1994, avec le doublement des prix des produits de grande consommation", explique Assane, maçon établi à Bakel et généralement payé en FF. Les fêtes, baptêmes et mariages sont aussi l'occasion, notamment pour les femmes, de montrer par la générosité leur puissance liée à la détention de francs français.
"Le seul fait d'avoir des billets en FF vous confère un rang et vous devenez quelqu'un", affirme un instituteur de Diawara.
Les émigrés du département de Bakel, dont le nombre est inconnu, envoient annuellement près de 6 milliards de F CFA (60 millions de FF) à leurs familles, selon des estimations de la Poste sénégalaise et des services de transferts rapide d'argent.
"J'ai ramené de France 300.000 FF représentant divers mandats que des émigrés destinent à leurs parents", confie à l'AFP Arona, lui-même émigré revenu dans son village pour participer à la campagne pour les législatives du 29 avril.
Certains habitants voient dans l'abandon du FF au profit de l'euro "une perte de prestige", et d'autres croient que les deux monnaies vont coexister durablement.
Mais les commentaires des uns et des autres dénotent un manque d'information des populations, qui s'en remettent aux parents vivant en Europe pour mieux comprendre l'avènement de la monnaie unique et ses incidences.
PAR MAMADOU NDIAYE, AFP
Soro xooro diηa, Soke xooro koñore.
Soro xooro diηa, Selihe xooro manjare.
Soro xooro diηa, Yeliηe, xooro kardige.
Soro xooro diηa, Tumujo xooro boloone
Baañanke diηa, Taabonke diηa,
Woynanke diηa, Woytanke diηa,
Xirjonke diηa, Makkanke diηa