CROISADE CONTRE L'HOMOSEXUALITÉ A PIKINE: Les populations s'opposent à l'exposition du cadavre d'un «gordjiguéne» à la mosquéeFolle après-midi hier à Pikine-Icotaf où les populations qui ont été alertées de la présence à la morgue de la mosquée de Missirakh-Wakhinane du corps d'un homosexuel décédé dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 courant ont obligé les parents du défunt à prendre la poudre d'escampette avec le corps. Poursuivi à coups de pierres jusqu'aux cimetières de Pikine, le convoi funèbre s'est finalement ébranlé vers la localité de Yeumbeul.
Loin de faiblir, la croisade contre les homosexuels au Sénégal se poursuit. En effet après l'affaire Serigne Mbaye, du nom de cet homosexuel dont le cadavre a été traîné un peu partout au Sénégal par ses parents incapables de trouver un cimetière pour l'enterrer, les Sénégalais sont restés vigilants. Ils veillent au grain au point que tout cadavre suspect est expulsé des cimetières. Mais hier la ruse dont ont fait montre ceux qui étaient chargés d'enterrer Ibrahima Bâ alias " Lissiw" a failli passer. Fort heureusement, des fidèles qui ont découvert la supercherie se sont opposés à la prière mortuaire à la mosquée avant d'obliger le convoi funèbre à décamper à bord d'une voiture 4x4.
Comment tout cela est arrivé?
Le bonhomme de teint clair était, selon ceux qui l'ont connu, d'une "beauté phénoménale” . Il s'appelait de son vivant Ibrahima Bâ et d'autres l'appelaient Ibon Fall. Mais le sobriquet qui lui a collé à la peau jusqu'à sa disparition est " Lissiw”, traduisez « cela est connu ». En effet, à chaque fois qu'il était interpellé sur ses déviances sexuelles condamnées par toutes les religions révélées, le bonhomme, à coups de déhanchements, répondait en disant : « Cela est connu de tout le monde », d'où donc le sobriquet "lissiw". Malade et âgé d'environ 35 ans, Ibrahima Bâ s'était retiré depuis quelques mois à Guinaw-rails au domicile de sa mère. Certains disent qu'il a toujours vécu là-bas même s'il était également connu à Pikine-Icotaf où habite son grand-père, un notable respecté doublé d'un érudit. Dans la nuit du mercredi au jeudi le bonhomme s'éteint au domicile de sa mère. C'est alors que certains de ses parents, qui n'ignorent pas la violence inouïe dont peuvent faire montre les jeunes de Guinaw-rails, ont eu alors l'idée de déplacer le corps à Pikine-Icotaf au domicile de son grand-père dans la nuit. Hier Jeudi dans la matinée, le corps de l'homosexuel chargé dans un véhicule de type 4x4, les parents ont fait cap vers la mosquée de Missirah-Wakhinane située non loin du marché Kermel de Pikine-Icotaf. Sur les lieux, aucun soupçon n'a germé dans l'esprit de ceux qui ont été trouvés sur place. « Nous les avons aidés à descendre le corps et à l'exposer dans la morgue de la mosquée », renseigne Laye Diallo Dieng un jeune trouvé sur les lieux qui, poursuivant, déclare : « Nous avons eu des doutes lorsque, dans le convoi, on a reconnu le frère du défunt qui est le petit-fils d'un notable du quartier. On s'est alors demandé pourquoi le notable ne s'est pas lui même présenté. Nous avons alerté les vieux du quartier et l’imam de la mosquée. Et nous avons obligé ceux qui avaient descendu le corps à le reprendre ». C'est au moment où ils allaient s'exécuter que les occupants de la 4x4 ont été pris à partie par la foule. L'affaire s'étant répandue à Pikine comme une traînée de poudre, le convoi lapidé par les populations a vite quitté les lieux poursuivi par les jeunes qui ont ensuite monté la garde à l'entrée des cimetières de Pikine. Aux dernières nouvelles, nous avons appris que c'est vers la localité de Yeumbeul que le convoi s'est dirigé.
Alassane HANNE
Source Lobservateur
http://www.seneweb.com/news/elections20 ... rtid=19787http://www.xibar.net/index.php?action=a ... mero=13862