EMPLOI: La bataille des statistiques éthniques

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EMPLOI: La bataille des statistiques éthniques

Messagepar coolmiss » Mer Oct 25, 2006 2:24 pm

La bataille des statistiques ethniques
Faut-il compter les Noirs, les Arabes, les Juifs... ?
Au nom de la lutte contre la discrimination - notamment dans les entreprises - des voix réclament le classement des Français en « Noirs », « Blancs », « Arabes ». Pourtant, de nombreux outils de mesure existent déjà. La polémique enfle

Faut-il compter les Noirs, les Arabes, les Juifs... ?

Petite scène de genre au Sénat, en mars dernier. Le débat portait sur la loi « égalité des chances ». Un sénateur centriste propose tout à trac de faire apparaître dans le recensement l'«appartenance des individus (recensés) à un phénotype». Un phénotype ? En biologie, le mot désigne l'ensemble des caractères apparents d'un individu nés de son patrimoine génétique. L'intention ? Bonne, évidemment : lutter contre les discriminations subies par les « minorités visibles ». Mais pour cela, dit-il, il faut compter les Blancs, les Noirs, les Arabes, les Asiatiques, les métis... Impensable en France républicaine ! Le gouvernement a dit non, et le sénateur a retiré son amendement. Mais la polémique ne faisait que commencer. Un colloque organisé le 19 octobre par le Conseil d'Analyse stratégique (ex-Commissariat au Plan) relancera à coup sûr le débat.
En France, le comptage ethno-racial estinterdit par la loi. Au nom de l'égalité, la République n'en veut pas. En pratique, ces beaux idéaux n'ont pas empêché que lesenfants d'immigrés soient bien plus au chômage que les autres, même avec un diplôme identique. La différence est écrasante. Il y a un an, les émeutes des cités ont montré à quel point les jeunes ne la supportent plus. Magnifique en théorie, le modèle égalitaire tourne souvent à vide. Alors de plus en plus de voix s'élèvent à gauche et à droite pour briser le tabou : sans statistiques, comment assurer la promotion de la diversité dans les entreprises ?
Mais comment mesurer ? Les partisans du comptage ethnique répondent : en recensant les individus à partir de ce qui est cause de leur discrimination, la couleur de leur peau, leur apparence physique, comme aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne où l'on se déclare blanc, noir, arabe, asiatique, métis, etc. «Il ne s'agit pas de mesurer les ethnies mais la diversité de la société française. On en est arrivé à un point (de discrimination) où le comptage ethnique ne peut pas être pire que l'inaction actuelle», dit Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des Associations noires (Cran). Ce mode de recensement rompt évidemment avec la prudence actuelle qui autorise tout au plus des statistiques fondées sur la nationalité ou le lieu de naissance des parents. Celles-ci sont de plus en plus utilisées en France et peuvent se révéler très éclairantes (voir encadré).
Avec le comptage au faciès, «on installerait tout simplement une logique raciste», s'indigne Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme. Ce type de recensement ne pourra pas être utilisé «avec de bonnes intentions», ajoute-t-il. Et de rappeler que son association a déposé une plainte cet été. « Le Monde » avait évoqué un rapport des Renseignements généraux selon lequel 436 « meneurs des quartiers », à 87% de nationalité française, étaient classés par la police en fonction de leur origine supposée, détectée selon leur nom de famille (maghrébine, africaine, française d'origine non immigrée). «Enfermer les individus dans des catégories grossières c'est faire croire que la société est divisée comme cela. Et c'est obliger à la penser avec ces catégories», s'insurge le démographe de l'Institut national des Etudes démographiques (Ined) Alain Blum. C'est aussi inciter chacun à entrer dans une de ces cases, même si les personnes interrogées peuventrefuser de répondre.
La controverse enfle. Elle transcende le clivage droite-gauche, traverse les communautés, divise le monde de l'entreprise. Dominique de Villepin et Jacques Chirac sont contre, Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur, est pour. Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'Egalité des Chances, y est favorable, contrairement à Bariza Khiary, sénatrice socialiste de Paris. Louis Schweitzer, le président de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (Halde), a exprimé son opposition. Anne Le Strat, élue verte et présidente d'Eau de Paris, n'est pas hostile à un recensement anonyme des origines ethniques dans son entreprise. Côté patrons, Claude Bébéar, le président du conseil de surveillance d'Axa, a proposé le recensement ethnique - et anonyme - pour les entreprises dans un rapport de 2004, alors qu'Henri Lachmann, celui de Schneider Electric, a exprimé son opposition.
Jusqu'à présent la Commission nationale de l'Informatique et des Libertés (Cnil) est restée droite dans ses bottes républicaines, n'autorisant qu'au coup par coup le comptage par nationalité d'origine (et jamais par origine raciale). Mais son président Alex Türk reconnaît que beaucoup de membres de la Commission se posent des questions. Il annonce l'ouverture d'un grand chantier d'auditions pour que la Commission expose sa position avant les élections présidentielles. D'autant que la Cnil est saisie d'un nombre toujours plus grand de demandes : un observatoire de la vie étudiante veut mesurer la discrimination d'étudiants maghrébins, une télévision d'outre-mer veut savoir si l'audience des émissions varie en fonction de la couleur des téléspectateurs, etc.
La Cnil répond comme elle le peut. Elle a refusé récemment à la Sofres, mandatée par le Conseil représentatif des Institutions juives de France, un sondage d'opinion par téléphone auprès de personnes ayant un nom à consonance juive. Mais elle a autorisé une enquête de l'Ined intitulée «Intégration des secondes générations en Europe», sur l'intégration des Turcs et des Marocains, alors que le tri statistique sera opéré selon l'origine sup-posée des noms et prénoms. Contradiction ? La Cnil explique qu'il s'agit d'un projet européen «justifié par l'intérêt public» (1). La Commission refuse le comptage au faciès. Et surtout, elle rappelle que pour changer de critères, il faut une loi.
Qu'en pensent les intéressés ? Patrick Simon, favorable au comptage ethno-raciale, et Martin Clément, chercheurs à l'Ined, ont mené une étude sur les perceptions des salariés et des étudiants (2). Les résultats sont intéressants : la déclaration d'origine géographique ne suscite pas d'hostilité ; en revanche, la classification dans l'entreprise des catégories ethno-raciales est refusée par un tiers des enquêtés, toutes origines confondues. Mais la proportion change si l'on s'en tient aux sondés d'origine immigrée : la majorité des personnes se déclarant « arabes ou berbères » est contre. Les Noirs sont moins hostiles. Il est vrai qu'ils sont par excellence membres de ces fameuses « minorités visibles ». L'utilisation à des fins scientifiques est acceptée par 72% des enquêtés. «Le passage de la déclaration des origines à l'identification ethno-raciale constitue un saut délicat», notent les chercheurs. Un saut délicat, en effet. D'autant que des instruments de mesure existent déjà (voir encadré). Un seul problème : par manque de volonté politique, on ne les utilise pas...

(1) Voir les décisions sur http://www.cnil.fr
(2) « Comment décrire la diversité des origines en France ? » Population et Sociétés, n° 425
http://www.ined.fr/fr/ressources_docume ... s/pop_soc/



Les outils existent déjà !

Selon les tenants du comptage ethnique, les outils statistiques permettant de mettre en évidence les phénomènes de discrimination manqueraient. «Faux!» répondent nombre de démographes. «Les outils statistiques actuels permettent déjà de prendre largement la mesure des discriminations», note Sophie Boissard, directrice du Conseil d'Analyse stratégique. Outils recensés dans une « Note de Veille » par Pierre-Yves Cusset, chargé de mission à ce Conseil. La prise en compte des lieux de naissance et des nationalités des parents a donné lieu à de nombreux travaux instructifs (1). De même les recherches de Jean-Luc Richard (36 ans), jeune démographe qui travaille sur le destin des enfants d'immigrés, ont beaucoup éclairé sur les discriminations. «Insuffisant», disent les tenants du recensement par couleurs. Les Antillais, disent-ils, n'apparaîtront pas dans les enquêtes : ils sont français depuis plusieurs générations.
La méthode anglo-saxonne d'autodéclaration de sa couleur et de son origine comporte elle aussi des biais importants. Les autodéclarations aboutissent à des chiffres incertains : «La proportion d'Américains qui se disent «Hispanic» varie de 16% suivant que l'on place la proposition en tête ou en fin de liste», remarque Jean-Luc Richard. Que beaucoup de matériaux disponibles en France soient laissés en jachère, c'est certain : «En France nous ne sommes qu'une poignée, cinq ou six, à exploiter l'échantillon démographique permanent (EDP) du recensement, qui comporte de nombreuses données exploitables sur la situation des personnes issues de l'immigration. En Grande-Bretagne, ils sont 150à travailler sur les données équivalentes», déplore Jean-Luc Richard. Le manque d'outils serait-il un prétexte ? Si l'on ne mesure pas la diversité, c'est parce que la lutte contre les discriminations n'est pas prioritaire...

1) « Les Statistiques ethniques en France : où en sommes-nous ? », Note de Veille n° 11, lundi 31 juillet 2006, Centre d'Analyse stratégique.

Sur le web : http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/No ... 2006_3.pdf



Jacqueline de Linares
Le Nouvel Observateur

P.S: Je reviendrais sur le sujet, un peu plus tard parce que je dois retourner travailler.
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Messagepar doudou » Jeu Oct 26, 2006 1:14 am

Ce texte montre bien le malaise qu'a la France par rapport à une catégorie de sa population. Au fond si en 2006, la France est encore à tergiverser sur le sujet, cela signifie clairement qu'aucun travail de mise à plat du malaise qui règne parmi les communautés d'origines immigrées.

Le fichage selon la couleur de la peau ou l'origine de ses parents est une arme à double tranchant. C'est probable qu'il permettrAIT de meilleures statistiques concernant la discrimination de personnes noires et arabes principalement.
Mais on peut aussi se demander si ces stats ne partagerait la populaion de France en français de souche et français de seconde zone. On voit clairement parfois dans les JT où on entend le journaliste dire: " Un tel, français d'origine africaine a été arrêté...". Paradoxalement, si le mis en cause a une origine portugaise ou espagnole, on ne l'entend jamais.
On discrimine et l'autodiscrimination est pratiquée parfois pour afficher son appartenance à un groupe. A force de rejeter les jeunes français ayant une différence de phénotype sur le marché du travail dans les orientations des lycéens, ces mêmes débats seront encore là dans 50 ans.
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Messagepar coolmiss » Jeu Oct 26, 2006 10:02 am

Effectivement, la France n'est pas à l'aise avec une partie de sa population. C'est pourquoi je pense que les quotas, c'est une bonne chose dans une premier temps. Le temps que les chefs se rendent compte que c'est tout aussi bien d'embaucher un noir ou un arabe. J'ai entendu dire que ce n'est pas quelque chose de bien les quotas parce que ça oblige les employeurs à embaucher une personne uniquement à cause de sa couleur de peau et non pour ses compétences. faux! pour moi, c'est le plus grand mensonge du siècle. Depuis quand embauche t'on des personnes non compétentes pour un poste demandé donc ce qui revient à dire qu'on a toujours embauché des personnes selon leurs compétences sauf que là, ce serait donner sa chance à une personne qui est en temps normal même en ayant un excellent profil serait directement recalé.
donc comme le dit si bien Sarko, imaginons la france de demain, une france juste et de toutes les couleurs parce que être français, ce n'est pas forcèment être blanc. :wink: :)
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Messagepar Moye » Jeu Oct 26, 2006 11:20 am

C'est vrai que les systemes de quotas il y a des pour et des contres. Perso, je pense que ce système souligne allègrement l'échec des pouvoirs politiques par rapport à l'égalité de tous les situations vis à vis de la vie en société.
Vous vous rendez compte ?
Faire une loi afin d'obliger les gens à respecter la loi ?

En principe ce système montre que nous sommes dans une société totalement inégalitaire et que les politiques n'ont rien fait pour cela. Dans les cas de discrimination aux boîtes de nuit ou à l'embauche qui ont été avérées, aucune peine ferme n'a été requise afin de faire des exemples. C'est comme l'histoire pour les entreprises d'embaucher 6% de personnes handicapées. Les entreprises préfèrent payer l'amende...
Que dire aussi de l'obligation pour les communes d'avoir 20 % de logements sociaux. Les élis préfèrent payer l'amende que de créer une véritable France mixte.

Le système de quotas est bénéfique dans un premier temps. Les personnes discriminées auront une chance à compétences égales. Mais il ne faut pas que ce cela reste la règle car les quotas sont faits pour pallier à l'hypocrysie collective, mais ils ne règlent pas pour autant la fuite en avant de la société française depuis 50 ans.
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Messagepar biko » Jeu Oct 26, 2006 7:38 pm

Salam à toutes et à tous

Coolmiss,j'essaye à mon tour de faire part de mon point de vue.
En France, la discrimination à l’embauche est interdite par la loi. Mais en réalité le chômage frappe plus durement les jeunes descendants de migrants.
Plusieurs études convergent en effet pour montrer les difficultés d’insertion professionnelle des enfants nés de parents immigrés. A partir des enquêtes retraçant le devenir professionnel de jeunes ayant quitté le système éducatif en 1992 et 1998, le Centre d’études et de recherche sur les qualifications (Cereq) montre dans une étude publiée en janvier 2006 que les jeunes originaires du Maghreb , et à un moindre niveau les jeunes issus d’Afrique subsaharienne et ceux d’Asie du sud-est, subissent une « pénalité à l’embauche ». Ces pénalités à l’embauche, indique le Cereq, ont résisté à la décrue du chômage, dans la seconde moitié des années 90
L’on peut citer également une étude publiée en 2005 par le FASILD (Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations) qui s’est intéressée spécifiquement aux enfants issus de l’immigration ayant accédé aux études supérieures. Cette étude montre une double discrimination. D’une part, les conditions d’insertion des enfants de l’immigration sont plus difficiles que celle des Français d’origine. D’autre part, il apparaît des différences selon l’ancienneté d’immigration et la provenance géographique des populations. En effet, les enfants dont les parents proviennent des pays du Maghreb accèdent plus difficilement à un emploi non seulement vis-à-vis des Français d’origine mais aussi face aux originaires d’Europe du Sud (Portugal principalement). Les jeunes femmes d’origine maghrébine cumulent elles les difficultés en raison de leur origine et de leur statut de femme. Cependant les auteurs de cette recherche notent que ces difficultés disparaissent lorsqu’il s’agit de recruter des infirmières, « denrée devenue rarissime ».
Pourquoi l’inégalité de traitement a longtemps été minimisée ?
L’égalité en droits des citoyens (article 1er de la Déclaration de 1789) est l’un des principes sur lequel s’est fondée la République française. Ce principe d’égalité de traitement a longtemps eu pour corollaire de masquer les discriminations que peuvent subir les personnes issues de l’immigration.
Ne reconnaissant pas les origines ethniques de ses citoyens, l’Etat français n’a pas mené d’actions pour aider de manière préférentielle les personnes d’origine immigrée à la différence de pays tels que les Etats-Unis. Dans le rapport « la République à ciel ouvert » (2004), A. Begag rappelle le contexte dans lequel apparaît « l’affirmative action » ou "discrimination positive" aux Etats-Unis. Il dégage trois étapes. D’abord apparaît la loi de 1964 sur les droits civils qui sensibilise les entreprises à la promotion de l’égalité des chances et à la mise en place de formations spécifiques en direction de personnes appartenant aux minorités ethniques reconnues victimes de discriminations (les Noirs, les Indiens, les Hispaniques ou les Asiatiques).

A partir des années 70, une 2ème étape de l’affirmative action débute. Des jugements rendus par certains tribunaux fédéraux et des instructions données par l’Agence chargée de surveiller l’application de la politique anti-discrimination en matière d’emploi (l’Equal Employment Opportunity Commission) ouvrent le champ à la définition de quotas ethniques « au détriment des compétences personnelles des candidats ». Cette logique des quotas connaît cependant dans une 3ème phase des difficultés. En effet, « dans la catégorie des Asiatiques, comment distinguer les Chinois, les Japonais, les Philippins, Coréens et Vietnamiens ?" ou "Comment classer un individu issu d’une union mixte ? ». Au vu de ces difficultés, "l’affirmative action" est alors revenue à des formes d’action positive plus souples, explique le rapport.
Comment combattre la discrimination à l’embauche ?
Les violences urbaines apparues à la fin de l’année 2005 ont contribué à faire partager le constat d’un écart entre le principe d’égalité des citoyens et la réalité. La lutte contre les discriminations à l’embauche semble être devenue une priorité.
Le gouvernement a placé sa lutte contre les discriminations au niveau de l’égalité des chances, le situant ainsi dans la veine républicaine. Le projet de loi sur l’égalité des chances actuellement débattu au Parlement prévoit notamment de doter la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) de nouveaux pouvoirs. Installée en juin 2005, la Halde aura le pouvoir de sanctionner les discriminations par des amendes allant jusqu’à 25 000 euros. Elle pourra utiliser le testing comme moyen de preuve de discriminations pratiquées par exemple par les entreprises.
Des initiatives de discrimination positive émergent cependant. Les expériences de discriminations positives émanant des pouvoirs publics se font sur une base territoriale et/ou sociale. C’est le cas de l’école Sciences-Po qui a créé une voie particulière de recrutement pour les lycéens issus de zone d’éducation prioritaire ou des écoles de police (ouverture en janvier de classes préparatoires aux concours de commissaires et d’officiers de police pour des élèves retenus selon des critères sociaux et géographiques). En janvier 2006, l’ANPE a mis en place une plateforme nationale spécifiquement destinée aux jeunes diplômés issus des zones urbaines sensibles. Son objectif est de mettre en contact les jeunes diplômés avec les recruteurs, notamment les entreprises signataires de la Charte de la Diversité. Signée en octobre 2004, à l’initiative de l’Institut Montaigne (un club patronal présidé par le patron d’Axa, Claude Bébéar) la Charte de la Diversité engage les entreprises à recruter des personnes d’origine culturelle diverse. En octobre 2005, 231 entreprises étaient recensées comme signataires de la Charte.
Au niveau des recrutements, de nouvelles méthodes sont expérimentées. Roger Fauroux dans un rapport intitulé « la lutte contre les discriminations ethniques dans le domaine de l’emploi » plébiscite l’examen objectif des compétences ou des "habiletés", telle que l’ANPE l’expérimente. Il défend également le CV anonyme dont la mise en place expérimentale doit être étudiée par les partenaires sociaux lors des négociations interprofessionnelles à venir sur la diversité. Deux groupes de travail ont été constitués, l’un sur « les définitions et les concepts » : diversité, diversité culturelle, diversité ethnique, diversité sociale..., l’autre sur les pratiques permettant de lever des obstacles à l’accès à l’emploi et à l’évolution professionnelle. Trois dates de réunions plénières ont été retenues (mars, mai et juin 2006).
Enfin, pour combattre les discriminations à l’embauche, plusieurs rapports (La lutte contre les discriminations ethniques dans le domaine de l’emploi, R. Fauroux ; La République à ciel ouvert, A. Begag) s’accordent à dire qu’une statistique des origines est nécessaire. Seule l’existence d’outils statistiques permettrait selon eux de quantifier les progrès ou les reculs réalisés dans le recrutement diversifié. Quelles sont alors les possibilités de mesure de la diversité pour une entreprise ? La Commission nationale informatique et libertés (CNIL) indique que le recueil de données relatives à l’origine raciale ou ethnique n’est pas possible, aucun référentiel national de typologies « ethno-raciales » n’existant aujourd’hui. Dans le cadre d’une politique de diversité, seuls peuvent être recueillis et traités le nom du candidat à l’emploi ou de l’employé, son prénom, sa nationalité, sa nationalité d’origine le cas échéant, son lieu de naissance, la nationalité ou le lieu de naissance de ses parents, son adresse. Ce sont ces données qui ont été utilisées par exemple par le Cereq pour son étude.
Mais je suis sure d'une chose,le service d'emploi le plus ouvert aux fils d'immigrés est :la POLICE.
Remarque,ce n'est que normal,ils feront le sale boulot que les blancs blancs ne veulent plus faire(ex:intervention dans les cités).
Tant que certains " emplois pour fils d'immigrés"sont occupés par ces premiers,circuler il n'y a rien à voir,aucun problème de discrimination en France.
On se bat pour les droits de l'Homme mais on oublie de se battre pour faire respécter ces droits entre nous.
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Messagepar La Négritude » Mar Oct 31, 2006 3:17 am

Bonsoir,

Moi je suis plutôt réticient et méfiant quant aux statistiques dites ethniques. Surtout lorsque ceci est vivement demandé par un un négrophobe comme sarkozy. Ce type, son désir le plus bandant c'est de pouvoir créer (officiellement, car officieusement de telles fichages existent surtout dans les fichiers des RG et de la DST) des fichiers ethniques officielles non pas pour dénoncer les discriminations ou les inégalités (il s'en branle gravement), mais pour les manipuler et faire dire aux chiffres ce qu'il ne cesse de dire depuis 5 ans : l'insécurité = Noirs = Arabes = Musulmans ==> l'immigration ! L'équation est élémentaire pour lui. Voilà le danger et côté très pervers des statistiques ethniques. Et je suis d'autant plus conforté quand on sait tous que la discrimination et le racisme dans le monde du travail et dans la recherche de logement touchent davantage les Noirs, les Arabes que tout autre groupe ethnique de ce pays, nous n'avons réellement et objectivement pas besoin de statistiques pour être convaincu de cela. Un marsien peut être non, mais un terrien made in Francia, non, impossible.
Et jusqu'à aujorud'hui, je suis toujours opposé à ça. En fait ça va être un pretexte pour diaboliser encore ces minorités, ils vont profiter d'une situation pour servir et alimenter un projet douteux.

Douce nuit...
Signez la pétition contre les tests ADN imposés aux immmigrés : http://www.touchepasamonadn.com
.
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Messagepar ibou » Jeu Nov 02, 2006 11:47 pm

L O

Je trouve malsain et contre-productif de créer un fichage ethnique!

L'être humain a trop tendance à mettre l'accent sur les différences de chacun, au lieu de voir ce que l'on a en commun.

Même si officieusement, nous sommes déjà fichés (les formulaires pour les pièces d'identité ne sont pas regroupés dans une base de données commune?), pistés (les nouvelles générations de cartes à puce RFID ou les téléphones portables permettent de savoir où on se trouvait à telle heure), surveillés (la vidéosurveillance se généralise)...

Big Brother is watching you comme disait l'autre ;-)

Le fait d'être catalogué blanc, noir, jaune ou rouge n'empêche pas d'acquérir un savoir ou une culture!!! Cela ne prouve pas que l'on soit apte à exercer telle ou telle profession. Le problème est ailleurs.

Certes, l'aspect physique de la diversité se "lit" sur nos visages (pour la plupart d'entre nous, et pour peu qu'il n'y a pas eu trop de métissage chez les ascendants), ce n'est pas une raison pour en faire tout un plat. On n'a rien fait de spécial pour être ce que nous sommes, cela ne constitue ni un avantage ni un inconvénient.

Et puis ce système a ses limites: une personne née en France d'un père Brésilien et d'une mère Japonaise entrerait dans quelle case?

Lorsque vous vous regardez dans un miroir, vous ne vous dites pas: "Oh, je suis noir!", c'est toujours les autres (des individus complexés selon moi) qui vous le feront remarquer...

Vu les temps qui courent, un tel fichier serait surexploité par la droite décomplexée (l'UMP) et l'extrême droite. Pour eux, il y a trop d'étrangers en France, peu importe qu'ils soient français ou pas. Ils manipuleraient ces chiffres pour les besoins de leur propagande.

Il me semble d'ailleurs (c'est à vérifier) qu'un fichier similaire existait à l'époque d'Hitler. Il y avait une mention sur la judaïté des personnes...La comparaison semble forte mais étant donné qu'on est pas à l'abri qu'un facho se retrouve à la tête de la France...

Je ne crois pas non plus qu'un tel fichier servirait à lutter contre les discriminations. C'est ridicule. Les hommes politiques ont toujours essayé (?) de traiter le problème sous l'angle des "discriminés". Ce qu'il faudrait, c'est qu'ils se rendent compte que le problème vient de la société entière, les bases sur lesquelles cette société s'est construite, de son histoire, de sa mentalité et de ses stéréotypes.

Est-ce le "noir" qui s'autoproclame "feignant"? Est-ce "l'arabe" qui s'autoproclame "voleur"?
Va-t-on entrer dans ce jeu débile en répondant, par exemple, que les "blancs" sont des "pédophiles", des "tueurs en série"?

Qu'ils fassent des propositions pour lutter contre le communautarisme(c'est un mot à la mode ces temps-ci) persistant dans toutes les couches de la société française parce qu'effectivement, la volonté politique est absente. On dirait que ce status quo les arrange.

Globalement, je pense que les personnes victimes de discrimination ne souhaitent pas d'un traitement de faveur (si on peut appeler cela ainsi). Ils souhaitent simplement l'égalité des chances, le droit d'être différent sans nécessairement devoir s'assimiler.

Je ne sais pas s'il y a encore un long chemin à faire pour arriver à ce droit à... l'indifférence (t'es noir... ET ALORS??? t'es blanc...ET ALORS???).

Pour finir, une idée qui me plait bien. Elle émane d'un sociologue (Edgar Morin) qui propose la fraternité des chances. En se basant sur la devise de la France (liberté, égalité, fraternité), il dit en substance sur le sujet que:
la liberté, sans fraternité, tue l'égalité car c'est la loi du plus fort qui domine, les plus faibles ne sont pas protégés. A l'inverse, l'égalité sans fraternité tue la liberté car l'individu ne peut plus rien entreprendre, il n'a plus de libre arbitre, plus de volonté individuelle.

PS: je n'ai pas lu tous les messages postés donc désolé si il y a des répétitions 8)
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Messagepar ibou » Mar Nov 07, 2006 12:08 am

L O

Juste des précisions par rapport à ce que j'ai pu lire ici ou là.

Je pense qu'on doit appeler un chat un chat et bannir de notre vocabulaire les termes "jeune issu de l'immigration" ou "français de souche".

Je m'explique...

Les populations visées par l'appellation "jeune issu de l'immigration" sont principalement les "noirs" et les "arabes" je pense, que l'on veut opposer aux "blancs". Donc on ne doit pas éprouver de malaise à employer ces mots très simples.

Un "français de souche" ca n'existe pas...Quiconque reconstituant son arbre généalogique s'apercevra qu'à un moment de son histoire familiale, au moins un de ses ascendant venait d'un autre pays. Il n'y qu'à regarder une carte ou se remémorer les cours d'histoire (en primaire ou au collège) pour se rendre compte que la France se trouve à un trouve à un carrefour.

S'ils remontent vraiment très loin, ils se souviendront que leur grands-papys et grand-mamies venaient d'Afrique, berceau de l'humanité...

Une élément supplémentaire: les langues parlées dans différentes régions de France et qui se transmettent difficilement de nos jours (le celte, le basque, le "chti", la langue parlée en Corse et en Alsace...sans oublier l'accent marseillais ;-) ).

ciao
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Messagepar doudou » Sam Nov 11, 2006 5:57 pm

@ Ibou
Je pense que tu as raison et que même inconsciemment, on copie ce qu'on entend dans les médias aux relents parfois racistes.
Personnellement j'ai des collègues dont les parents sont espagnols ou polonais, mais personne ne leur taxe d'enfants d'immigrés.

Moi oui, et les enfants de mes enfants (inchaallah) seront aussi taxés d'enfants de souches tandis qu'un enfant de polonais sera français de souche.

Ces termes sont utilisés pour ne pas utiliser les noms noir et arabe...quoique parfois on entend jeune maghrébin.

Ailleurs on nous nomme personnes de couleur comme si les autres sont des incolores.
Nous-mêmes, on se taxe parfois de black ou renoi en france tasiq que beaucoup n'aiment pas le mot nègre.
Pour nous, et c'est mon avis, le mot nègre a une signification plutôt littéraire...

Par ailleurs aux USA par exemple, les noirs s'appellent nègre et n'aiment pas que les autres les appelles comme ça. Nègre est pour eux un mot intime à la communauté noire.
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Messagepar ibou » Mer Déc 13, 2006 12:21 am

Au-delà du "rascisme positif" et des quotas, je pense qu'il faudrait dénoncer tous les endroits où sévit la discrimination (les entreprises, bars, discothèques, agences immobilières etc.). Rendre la discrimination visible.

Les lois sur la parité ou sur l'embauche des personnes handicapées ne sont pas appliquées donc je doute de l'efficacité d'une loi similaire pour lutter contre le racisme. De toute façon sur le principe, je suis contre ce qui est proposé actuellement.

Pour enrayer la discrimination, il faut nuire à l'image et au porte-feuille des établissements racistes.

Déjà, que les personnes victimes de discrimination se manifestent systématiquement auprès de la HALDE par exemple. Il ne faut rien laisser passer sinon, c'est accepter de se laisser marcher dessus. Quand on a mal, on souffre rarement en silence... on se plaind!
De plus avec le testing, il est possible de prouver qu'un établissement a recours à des pratiques racistes.

Si un établissement est condamné par voie judiciaire pour discrimination, qu'on mette un auto-collant bien en évidence sur la porte d'entrée de cet établissement, disons pendant 1 an. Il faudrait créer un logo qui soit explicite et provocant (du genre avec écrit "seulement pour les blancs" ou "BBR Only" BBR signifiant Bleu Blanc Rouge).

Et que chaque année, on rende public dans la presse et à la télévision une liste des établissements condamnés pour discrimination.

Ces campagnes seraient financées par ces établissements justement et non par des fonds publics.

Si des centaines ou des milliers de personnes décident logiquement de boycotter un établissement où se pratique la discrimination, ca va leur faire mal financièrement et en terme d'image.

J'ose espérer que si on a un peu de dignité et que l'on partage les mêmes valeurs sur ce sujet, qu'on n'aille pas cautionner de tels établissements en y dépenser son argent.

Ca peut les faire réfléchir et contribuer à faire changer les mentalités. Cela permettrait de connaître approximativement le degré de racisme en France plutôt que de vouloir à tout prix connaitre le nombre d'arabes et de noirs en France.

Vu le contexte actuel, cela prouverait aussi la détermination de la France à lutter contre la discrimination, à sortir de cette complaisance.

En 2006 (ou en 2005?) la lutte contre les discriminations devait être "grande cause nationale", personnellement je n'ai pas noté de changement positif sur le sujet...
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