« La pauvreté, c’est nos oignons ! »

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« La pauvreté, c’est nos oignons ! »

Messagepar coolmiss » Lun Jan 01, 2007 5:12 pm

Un pauvre Noir, un oignon gros comme un pamplemousse coincé entre les dents, le visage déformé par la douleur, et un slogan choc : « La pauvreté c’est nos oignons » ( ?!?) La dernière campagne de collecte de fonds du Centre National de Coopération au Développement belge est du plus mauvais goût (d’oignon pourri). Ainsi donc, chers tous, c’est comme ça qu’ils voient les Noirs et l’Afrique. Stéréotypes, encore et toujours, d’une Afrique diminuée, affamée et impuissante pour une campagne outrageante, suintant d’un sirupeux misérabilisme. Et dire que tout part pourtant d’un bon sentiment. Celui d’aider son prochain, de se sentir utile et d’apporter sa contribution à l’universel. Triste drame de l’humanitaire, aux remèdes pires que les maux. Car, en somme, l’Afrique reste gardée sous perfusion, malade imaginaire d’une réalité orientée.

Je ne nie pas les problèmes qui minent le continent, mais l’Afrique n’est pas pauvre, malgré l’image que l’Occident en véhicule et que les Africains entretiennent avec zèle. L’Afrique a toutes les cartes en main pour réussir. Mais elle se ment à elle-même. C’est la faute du Blanc, martèleront certains panafricanistes de la première heure. Au colonialisme ou au néo colonialisme, c’est plutôt la décolonisation des esprits qu’il faut opposer.

Interrogez-vous sur ce que vous avez exactement ressenti en regardant l’affiche ? J’avoue que la première fois qu’on m’a parlé de cette campagne, je n’en ai pas cru mes oreilles. A tel point que j’ai ri. C’était tellement énorme, d’une telle extraordinaire ironie… Je ne peux pas croire que le moindre Noir n’ai été consulté dans l’élaboration du concept, mitonné (aux gros oignons) par nos amis belges. Pour autant, je ne leur en veux pas. Au contraire, je les en remercie. Car ils n’ont fait que renforcer mes propres convictions en matière d’aide au développement. C’est à l’Afrique, à nous, à tout ceux qui estiment en être capable, de changer l’image d’un continent stigmatisé et de construire une nouvelle image de l’Homme noir. Le chantier est vaste et excitant. A cheval donné on ne regarde pas la denture. Et l’Afrique ne peut se permettre d’être exigeante quant aux cadeaux de l’Humanitaire. La première des exigences doit commencer avec elle-même. Le combat identitaire n’est pas dans la revendication mais dans l’action.

Raison pour laquelle, j’ai cédé la rédaction en chef d’Afrik.com, pour être au cœur de l’action, sur le terrain. Un choix mûrement réfléchi. Afrik m’a beaucoup apporté et continue à m’apporter beaucoup. C’est Afrik qui a construit et guidé mes pas vers de nouveaux objectifs que je ne doute pas d’atteindre. J’ai subi de nombreux discours panafricanistes de salon, vu de nombreux paradoxes entre le discours et les actes, été témoin du Grand Bluff et des plus grands faux-semblants. Mais j’ai senti, en Afrique, ces pulsations de vie, envers et contre tout. J’ai senti cette force d’une société civile en sommeil. Si je crois aux idées, je crois plus encore aux Hommes et en leurs potentiels. Faire avancer les choses. Il ne s’agit pas simplement de penser qu’on en est capable, il faut agir. Il en va de notre responsabilité. C’est avec Amély-James KOH BELA et Hervé d’ALMEIDA, au sein de l’association Label’VIE que nous avons créée ensemble, que j’ai décidé d’agir et de me consacrer corps et âme à ce grand défi aux valeurs partagées. L’équipe est là, solide, la volonté, l’énergie et les compétences aussi.

« J’ai mal à l’Afrique », pour reprendre les paroles du groupe de rap sénégalais Pee Frois, quand je vois les Africains braver la mort pour rejoindre les îles Canaries où près de 20 000 d’entre eux sont arrivés depuis le début de l’année. J’ai mal à l’Afrique quand je vois les images des navigateurs de l’espoir épuisés par un voyage au mille dangers. J’ai mal à l’Afrique quand les autorités espagnoles parlent de « crise humanitaire » et que certains autochtones les accueillent au port à coup de « Noirs de merde ». J’ai mal à l’Afrique enfin quand je vois des campagnes telles que celles commises par le Centre National de Coopération au Développement belge. Plutôt de rester les bras croisés à penser au problème, nous nous sommes attelés aux solutions et aux causes du problème pour une campagne d’envergure, « Les Fils Prodigues », où nous avons besoin du concours de chacun. Entre sensibilisation en Espagne, directement dans les camps de transit, et en Afrique, et la préparation de retours volontaires autour de projets personnels bien cadrés et surtout accompagnés, une fois sur place pendant un an, par notre équipe, notre programme est l’affaire de tous… C’est ensemble que nous prouverons la valeur des Hommes. Et ça, c’est bien nos oignons.
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