par doudou » Lun Déc 04, 2006 11:37 pm
Appareil ayant révolutionné la communication, le téléphone portable a rapproché davantage les hommes. C’est un outil de communication indispensable dans les relations interpersonnelles. Il est très présent dans l’état d’esprit de la population, particulièrement chez les jeunes qui communiquent souvent par “ Sms ” avec leur entourage. Et pour rester tout le temps en contact, les tourtereaux, à défaut de se voir régulièrement, y ont recours. S’il peut maintenir la communication au sein d’un couple, le téléphone cellulaire peut bien y jeter le trouble parfois. Il suffit d’un Sms au contenu sans équivoque ou d’un coup de fil pour éveiller des soupçons ou faire naître la jalousie chez l’autre.
C’est pourquoi ce petit appareil, qui nous accompagne partout, est soigneusement gardé pour en interdire l’accès à n’importe qui. Un coup d’œil sur les messages conservés comme des archives ou sur la liste des appels reçus et numéros composés serait une intrusion dans le jardin secret et pourrait révéler beaucoup de choses. Dernière parcelle de notre intimité, le portable a ses faces cachées qui ne font pas toujours des heureux. Quand la jalousie et le soupçon prennent naissance, un simple coup de fil ou un Sms peut semer le trouble dans une liaison. Le fait de ne pas savoir qui est à l’autre bout et de ne pas connaître la teneur de la communication irrite parfois. Les conséquences peuvent surprendre.
Une histoire de Sms qui finit devant le juge, on en voit rarement dans notre pays. Et pourtant, c’est arrivé devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, il y a quelques mois. Au cœur de cette affaire, un “ intrus ” qui a troublé la quiétude d’un jeune couple. Le mari, nommons-le A. D., émigré de retour d’Italie, avait remarqué des messages et des photos d’un homme gardés dans le téléphone portable de son épouse. Et tout naturellement, il exigea de celle-ci des explications. Elle lui répondit que le bonhomme est un vieil “ ami ” qui continuait à lui envoyer des messages. Dans quel but ? Le mari, qui n’avait jamais entendu parler de cet inconnu, demanda alors à sa femme de dire à l’expéditeur de cesser son manège immédiatement. Malgré cette mise en garde, B. D. continuait à arroser l’épouse d’autrui de messages. N’en pouvant plus, A. D. se décida à régler son compte à B. D. en lui donnant rendez-vous dans un bar de Dakar. Sur les lieux, les deux hommes en arrivèrent aux mains et le mari eut le dessus, puisqu’il fit passer à son adversaire un sale quart d’heure jusqu’à le blesser. Ce dernier déposa une plainte pour coups et blessures et c’est ainsi que A. D. fut attrait à la barre pour ce délit.
Le juge, après avoir fait des remontrances à la partie civile, qu’il invitait à laisser la femme d’autrui tranquille, a tout simplement demandé au prévenu de prendre ses responsabilités vis-à-vis de son épouse, avant de le déclarer coupable et le condamner au sursis.
l est vrai que dans cette histoire, le tribunal, saisi par le blessé, ne pouvait pas punir l’expéditeur de messages. Après le procès, beaucoup de gens se sont demandé si ce ménage ne sera pas perturbé par l’affaire qui a fini au tribunal. Cette histoire montre à quel point un banal Sms peut éveiller des soupçons chez l’un des conjoints aux conséquences imprévisibles. Dans ces circonstances, le soupçon conduit tout droit à la jalousie.
C’est pourquoi, certains hommes sont très regardants sur les coups de fil reçus par leur conjoint. Parfois, cela se fait à l’insu du propriétaire de l’appareil. “ J’avoue qu’il m’arrive de fouiner dans le portable de ma copine en faisant semblant de jouer. En réalité, c’est pour vérifier la teneur des messages qu’elle reçoit ”, confesse Ousmane Seck.
Assane Diop disjoncte parfois quand il voit l’élue de son cœur répondre longuement à une communication. “ Vu sa façon de parler, je me mets parfois à m’imaginer qu’elle répond à un autre homme. Et cela me rend jaloux, mais en l’absence de preuves, je ne peux rien faire ”, dit-il. “ Parfois, elle se rend compte, après avoir raccroché, que je n’apprécie pas ce genre de coup de fil. Pour me rassurer, ajoute notre interlocuteur, ma copine déclare qu’il s’agissait d’un ami ou d’un cousin. Mais quand on doute… ”
Là, se pose une question : le portable est-il une aubaine pour les infidèles ? D’autant plus qu’il est, normalement, manipulé que par son propriétaire. Dans les mains d’une femme qui triche, pense Ibrahima Sow, le portable peut faire l’affaire car “ on n’y verra que du feu ”. “ Elle peut communiquer à tout instant avec ses hommes et maintenir ainsi plusieurs liaisons ”, pense-t-il.
Les femmes aussi expriment les mêmes craintes quand elles ont affaire à des hommes en qui elles n’ont pas entièrement confiance. “ Quand il m’arrive d’accéder au téléphone portable de mon ami, il m’arrive de jeter un coup d’œil à ses messages. S’il n’y a rien de compromettant, alors je parcours son répertoire pour voir s’il n’a pas fait de nouvelles connaissances féminines suspectes. Quand je vois le nom d’une femme que je ne connaissais pas avant, là, j’exige des explications. Ne connaissant pas tous ses proches et parents, il lui est facile de me dire que c’est une cousine ou la copine d’un ami ”, confie Adja Guèye. Croire aux explications où ne pas y croire, telle est la question.
Le portable, jardin secret des jeunes filles
Camouflés dans les poches de leurs Jeans taille basse ou soigneusement gardés dans leurs belles pochettes comme pour échapper au vol, les téléphones portables des jeunes filles sénégalaises donnent l’impression d’un beau jardin secret jalousement gardé. Pour certaines filles tel est le cas, tandis que pour d’autres cela n’a rien de secret. Mais un portable, on n’y touche pas. Surtout celui d’une dame. Sinon ce ne serait plus un portable.
“ Mon portable est privé et j’y garde mes secrets ”, argue une jeune fille croisée dans les corridors de l’Université Cheikh Anta Diop et qui a voulu garder l’anonymat. D’ailleurs, pour cette étudiante, le téléphone portable est conçu pour le secret, il doit être porté par son détenteur où qu’il soit. Mais ce caractère privé ne l’empêche tout de même pas de décrocher son mobile près de ses parents. Un acte qu’elle accomplit sans gêne. Pour son grand-frère, qui intervient automatiquement après, cette histoire de répondre au téléphone, près ou loin des parents, ne dépend que de la famille qui peut être jalouse ou tolérante. Une autre demoiselle du nom de Bator Kébé, dite Keb’s, trouve que le portable est vraiment privé car, juge-t-elle, “ chacun à des choses qu’il ne veut pas dévoiler ”.
Et le seul moyen de cataloguer ces confidences est son téléphone où elle répertorie une pléthore de Sms (message écrit ou texto). Seule dans son jardin secret, Keb’s préfère d’abord passer la charrue avant qui que ce soit. “ Cela ne me gêne pas que quelqu’un lise mes messages après moi ”, souligne-t-elle. Cependant, les plus importants, elle les recopie dans un cahier “ spécial-Sms ” afin de les effacer de la boîte de réception. Mais pour Keb’s, répondre au téléphone, loin des parents et amis, relève du fait qu’elle ne veut pas déranger. D’habitude, elle reçoit des coups de fil alors qu’elle regarde la télé avec les parents. Et pour ne pas détourner l’attention, elle se retire gentiment pour répondre.
Messages intimes
Contrairement à Bator Kébé, Joséphine Mendy, elle, répond en famille sauf si elle ne se sent pas à l’aise. Dans quelles circonstances n’est-elle pas à l’aise ? Joséphine réplique par un beau sourire comme pour dire : “ toi-même, tu sais ”. Elle aussi, à l’instar des précédentes, a des choses à cacher : “ mes messages les plus intimes ”. Par contre, Ngoné communique sans difficulté dans le salon familial, en compagnie de sa maman. Elle estime n’avoir rien à cacher à cette dernière, qui lui sert de “ conseillère ”. Après ses coups de fil qu’elle recevait souvent de son petit copain qui se trouvait en Italie, elle se confiait à sa mère qui tenait à la relation. Mais Ngoné, qui changeait chaque trimestre son portable, s’est aujourd’hui résignée à n’en garder qu’un seul. Son histoire d’amour avec le “ modou-modou ” a accouché d’une rupture. Ses communications sont réduites au cercle d’amies. Et son portable s’est converti en un fixe à la portée de ses frères et sœurs car elle peut rester tout une journée sans y toucher. Quant à Caroline Faye, elle a inculqué à ses frangins la culture privée du téléphone portable. “ Ils touchent à mon portable, mais ne consultent jamais ma boîte de réception ”, dit Caro. Ils savent que cette banque de données secrètes n’est destinée qu’à elle seule. Entre amies, Caro et compagnies lisent leurs Sms respectifs et se livrent à huis-clos à un débat leur permettant de trancher par la suite.
“ Un jour, raconte l’étudiante, on était dans notre chambre à l’université et le petit copain de ma voisine était avec nous. Il s’est emparé du téléphone de sa bien-aimée et s’est mis à parcourir les messages de cette dernière. Comme résultat de sa recherche, il découvre un Sms qui ne lui plaisait pas du tout. Et là, il interpelle sa copine qui lui fait comprendre que ce dernier n’était qu’un ami. Pis, la fille rétorque au gars de ne plus toucher au portable car c’était sa vie privée ”, se souvient Caroline Faye. Au départ du bonhomme, “ Caro ” et compagnie, en bonnes amies, tiennent conseil pour faire comprendre à la fille que c’était tout à fait normal que le copain réagisse de la sorte. Et de là, elle n’ont tiré qu’une leçon : le téléphone portable doit être gardé par son propriétaire. “ Le portable doit être privé parce que c’est personnel ”, estime une jeune fille qui a voulu garder l’anonymat. Cette dernière ajoute : “ tu as ton numéro, tu le donnes à qui tu veux ”. Un point de vue qui rejoint celui de Keb’s, pour qui le téléphone portable est synonyme de liberté. Elle est devenue indépendante de ses parents après l’achat de son téléphone. Et cette indépendance, elle la qualifie de liberté lui permettant de régler “ des choses importantes ”.
Ceci étant, la jeune fille anonyme considère que le portable doit être l’apanage des majeurs. Cette dernière admet qu’elle répond au téléphone loin des parents par respect pour eux, “ surtout quand les propos sont vexants ”. Les jeunes et leurs téléphones portables n’ont pas encore fini de dévoiler leurs multiples facettes. Celles-ci en cachent d’autres et Keb’s en révèle une : “ Je préfère les Sms aux appels car l’écriture est plus expressive, elle dit tout en peu de mots ”.
La tyrannie du crédit : Le vacancier anonyme
Il n’y a pas à douter, le téléphone fait partie de nos plus fidèles compagnons. C’est sûrement le chien qui va se sentir délaissé par ce petit machin bavard et qui fait aussi bavarder. Un portable qui ne sonne pas ou qui sonne rarement, mon Dieu, c’est la risée pour son propriétaire. Cet objet, il doit tinter régulièrement pour donner à son détenteur un semblant d’importance, de considération. D’abord, quand retentit la sonnerie dernier cri reprenant un air de nos chanteurs (ça fait in) on jette un coup d’œil sur le numéro affiché pour exprimer un sentiment de dérangement, de joie, etc.
Mais un portable aphone, c’est que l’on n’est pas important pour mériter un coup de fil. Je me rappelle, au début de l’introduction du cellulaire au Sénégal, certains individus, paraît-il, n’hésitaient pas à supplier un proche de les appeler à une heure où ils se trouveraient dans une auguste assemblée, histoire de faire comprendre à tout le monde qu’on est quelqu’un. Pourvu que ça sonne et que l’on raccroche de l’autre bout du fil (fictif), certains continuaient à entretenir une conversation avec un interlocuteur inexistant. Plus la discussion, un vrai monologue, dure, plus l’astuce marche. Car, ce n’est pas n’importe qui peut se permettre de parloter pendant plusieurs minutes. On pense au crédit restant qui s’envole ou au « taxaplus » endiablé.
A côté des coups de fil « commandés », il y a cette nouvelle trouvaille fréquente chez la gent féminine consistant à biper à tout va pour obliger l’autre (qui en a certainement marre) à appeler. Un coup de fil, faut surtout pas le refuser à une dame spécialiste du bip au risque de se faire traiter de radin. La faute, il faut la chercher du côté du crédit qui tyrannise les abonnés. Ce n’est pas toutes les semaines que l’on peut se permettre d’acheter une carte de recharge crédit. D’ailleurs, les opérateurs l’ont si bien compris jusqu’à jouer au « détaillant » de crédit en offrant aux abonnés une fourchette de prix de cartes.
Du crédit, quand on en a, on garde souvent le secret pour soi. Sinon vous courez le risque de faire de votre portable un télécentre gratuit pour la famille et les amis qui n’hésiteront pas à vous solliciter pour des appels dont l’urgence coïncide curieusement avec votre bonne santé téléphonique. C’est ainsi que presque personne ne veut accepter, dans ce pays, disposer de crédit.
Les plus fauchés savent gérer le problème, se faire voir avec un portable sans crédit jusqu’à la veille de la date d’expiration du numéro. Alors, on se serre la ceinture pour acheter une carte afin de ne pas se faire couper la ligne et perdre son numéro. Et pourtant, devant tous ces problèmes pour sauver le prestige, nous plongeons presque dans la folie lorsque nous perdons la source de cette terreur : le téléphone portable.
UN REPORTAGE DE MALICK CISS, KISITO NGOR NDOUR ET NDEYE COUMBA DIOUF
Modifié en dernier par
doudou le Jeu Déc 07, 2006 4:29 am, modifié 1 fois.
Soro xooro diηa, Soke xooro koñore.
Soro xooro diηa, Selihe xooro manjare.
Soro xooro diηa, Yeliηe, xooro kardige.
Soro xooro diηa, Tumujo xooro boloone
Baañanke diηa, Taabonke diηa,
Woynanke diηa, Woytanke diηa,
Xirjonke diηa, Makkanke diηa