DRAGUE PENDANT LE RAMADAN: Comment le téléphone portable brise les tabous.
En ce mois béni de Ramadan, la retenue, la modération et l’abstinence sont les maîtres mots qui hantent l’esprit de la plupart des croyants. Aussi, la drague, nonobstant la spiritualité et les rigueurs de ce mois de pénitence, continue toujours son petit bonhomme de chemin. Et le téléphone d’être pointé du doigt.
Les pesanteurs psycho-religieuses ne font toujours pas l’effet escompté pendant le Ramadan. Car ce n’est pas tout le monde qui s’y soumet à la lettre, voire aveuglément. Pour dire, en conséquence, que les vieux réflexes sont toujours de rigueur. Il en est ainsi de la drague qui a toujours le vent en poupe. Et un tour à la Patte d’Oie Builders nous a permis d’en avoir le cœur net. Il est un peu plus de onze heures, dans ce quartier semi résidentiel de la banlieue dakaroise. L’embouteillage qui y règne renseigne déjà sur les importants dégâts causés par la pluie de la veille.
«Ma copine est musulmane, mais…»
Les chauffeurs de cars rapides et de voitures particulières, pour éviter les inondations du côté des Parcelles Assainies, ont préféré passer par là. Devant les portes des maisons, pas l’ombre de ces petits groupes de jeunes qui, d’habitude, étaient les maîtres des lieux. Le Ramadan est passé par là. À hauteur du restaurant La Havane, on aperçoit dans une boutique, un jeune, les vingt ans passés, en train de prendre son café. Abordé sur la question de la drague pendant le mois de Ramadan, Charles parle sans détour. «Ma copine est musulmane, elle jeûne pendant le Ramadan. Mais, cela n’empêche pas qu’on se voit tous les jours. Chaque jour, c’est moi qui me déplace chez elle. Et là, nous parlons de tout, sauf d’amour». Si Charles M. a bien révélé qu’il voit sa copine pendant ce mois béni, d’autres jeunes soutiennent le contraire. Car un peu plus loin, nous avons trouvé, devant la porte d’un salon de coiffure, assise sur une chaise, une jeune fille qui, sous le couvert de l’anonymat, nous livre sa tactique. «Pendant le mois de Ramadan, je ne vois pas du tout mon copain. Mais, dès qu’on rompt le jeûne, on se parle au téléphone». Et, comme une chanson, beaucoup d’autres que nous avons rencontrés embouchent la même trompette.
Une fois le jeûne rompu…
Pape Ndiaye, apprenti tailleur, essaie de remettre en ordre un amas de fils. Et de poursuivre : «Pas de visite à ma copine pendant le Ramadan, mais avec l’aide du téléphone, on arrive à garder le contact. Je l’appelle tous les jours après la rupture du jeûne». Lui arrive-t-il de tomber sous le charme d’une jeune fille pendant le mois béni du Ramadan ? Pape Ndiaye répond : «C’est très possible, mais quand ça m’arrive, je préfère prendre mon mal en patience et attendre la fin du Ramadan pour aller lui déclarer ma flamme». Cette pratique, Pape la partage avec un autre jeune qui ne veut pas dévoiler son nom. Selon lui, «nous sommes tous des humains et il nous arrive, très souvent, de tomber sous le charme d’une jeune fille. Mais, quand ça m’arrive en période de Ramadan, je préfère attendre la fin pour mettre mon système en œuvre, histoire de respecter la solennité de ce mois». Après quelques jours seulement de jeûne, certaines vieilles habitudes s’entêtent à se ranger dans les tiroirs de l’abstinence. La drague en fait partie. Car, le téléphone aidant, certains jeunes, à défaut de rendre visite à leurs petites amies, les appellent tout simplement ou leur envoient des Sms, une fois que le jeûne est rompu.
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