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Guaino, Mounier et l’odeur des Noirs
Un an après le « Discours de Dakar », qu’il a écrit pour Nicolas Sarkozy, Henri Guaino persiste et signe. Dans une interview à « Jeune Afrique » il y a trois semaines et dans les colonnes du « Monde », ce 27 juillet.
Oui, « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ».
A l’appui, le conseiller spécial du chef de l’Etat français cite l’approbation de Thabo Mbeki – dont on sait aujourd’hui qu’il n’a pas lu ce discours, seulement un extrait traduit par ses services –, du doyen sénégalais Bara Diouf, qu’on a connu mieux inspiré, et d’un jeune auteur camerounais, André Julien Mbem, manifestement soucieux de se faire un nom en prenant le contre-pied des critiques, surtout quand elles sont évidentes.
A l’appui, Guaino cite aussi Emmanuel Mounier qui, en 1948, parle du « monde sans but » et de la « durée sans hâte » de l’Africain dont « le bonheur » est « de se laisser couler au fil des jours ». Et Guaino de poser la question : « raciste, Mounier ? » - de l’air de celui qui juge impensable qu’on puisse imaginer une telle hypothèse.
Eh bien oui, raciste, Mounier. Raciste comme un philosophe personnaliste et chrétien, humaniste et progressiste, pouvait l’être en 1948 : avec compassion, modération et paternalisme. Il suffit de relire « L’éveil de l’Afrique noire », d’où Guaino a tiré sa citation, pour le savoir.
A propos de l’Afrique, Mounier écrit : « Ainsi vit-elle. Vie stérile, vie parasite de l’industrieux univers ? Vie contemplative ? C’est tout le problème. Il n’est pas résolu. Les deux données du drame africain, l’une économique, l’autre spirituelle - la misère massive d’un continent, sa conception de la durée - se tiennent étroitement ».
Et Guaino aurait aussi pu citer cette phrase – mais il n’a pas osé – de Mounier visitant à Dakar le quartier Médina : « Médina, c’est d’abord, dans la rue, l’odeur du Noir. Vous avez la vôtre, votre odeur de Blancs, vous ne la sentez plus. Les Noirs disent que nous sentons le cadavre. Eux : elle est difficile à définir, cette odeur continentale, mais elle ne vous lâche pas et ce soir, je la retrouverai sur mes mains. Il faut éliminer les odeurs diffuses d’huile de palme et de piment, et l’odeur poivrée des parfums indigènes. Elle se glisse par-dessous, odeur paysanne de terre et de sueur, avec on ne sait quelle très sourde et âcre essence tout au fond. A Médina, il y a en plus, autour d’elle, l’odeur universelle de la misère ».
Si ça n’est pas du racisme, ça en a la couleur et… l’odeur.
Lorsque j’ai rencontré Henri Guaino à l’Elysée, je lui ai dit que le vrai problème du discours de Dakar, c’est qu’il était censé s’adresser à la jeunesse africaine. Or, cette même jeunesse ne se sent concernée par aucun des thèmes, problèmes et anathèmes évoqués dans cette allocution inutilement provocatrice et totalement à côté de la plaque. Guaino avait convenu que cette remarque méritait d’être examinée.
Que ne l’a-t-il pas fait, plutôt que de persister et de signer ?
Par François Soudan, lundi 28 juillet 2008
Source : http://www.jeuneafrique.com
FRANCE - NOUVEL OUVRAGE SUR LE DISCOURS DE DAKAR : Sarkozy : un ignorant, selon un groupe de chercheurs français et africains
NETTALI - Plus d’un an après le discours de Dakar prononcé par le président français Nicolas Sarkozy, des chercheurs français et africains répliquent, arguments à l’appui, à "une vision manichéenne, raciale et paternaliste" de l’Afrique. Ils dénoncent à la fois une ignorance de l’histoire africaine et indexent des "propos littéralement stupéfiants". L’ouvrage intitulé "l’Afrique de Sarkozy, un déni d’Histoire" portent la signature de spécialistes confirmés de l’Afrique.
Jean-Pierre Chrétien qui a piloté la rédaction de l’ouvrage, indexe en effet une série de préjugés nés de l’ignorance de l’état de la recherche sur l’histoire et l’anthropologie en Afrique. Une méconnaissance qui transparaît bien dans la phrase dans la formule : "l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire". Pour Jean-Pierre Chrétien, "en lisant le discours présidentiel, les chercheurs qui depuis un demi-siècle ont consacré leur vie à travailler sur ce continent se sont demandé à quoi ils avaient servi". Et de décortiquer les mécanismes à la fois sociaux, philosophiques qui font que, malgré des préjugés tenaces surtout dans certains cercles en Europe, "les Africains ont été des acteurs essentiels de leur Histoire".
Jean-François Bayart, directeur de recherche au Cnrs indexe l’"ignorance" de Nicolas Sarkozy en ce qui concerne l’Afrique et pointe du doigt le manquement à la promesse, du président en campagne, d’en finir avec « la Françafrique », alors qu’Ibrahima Thioub Professeur, Histoire moderne et contemporaine met l’accent sur « les clichés et formules à l’emporte-pièce » du discours de Dakar. Pour Achille Mbembe, le continent noir est le lieu de tous les fantasmes. Qui avance aussi comme explication, la mentalité coloniale qui habite une certaine élite européenne.
Le chercheur Pierre Boilley, historien, spécialiste de l’Afrique Professeur d’Histoire de l’Afrique contemporaine (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) s’explique pour sa part "le mythe de l’Afrique sans Histoire" par "la très faible représentation du continent dans l’enseignement en France".
A lire : ("L’Afrique de Sarkozy - Un déni d’histoire", dirigé par Jean-Pierre Chrétien, 203 pages, éditions Khartala)
Auteur: Nettali
Dado a écrit:... des livres qui feront voir la situation avec lucidité et recul:
1-"l'Afrique des idées reçues" de Georges Courade
2-"L'Afrique" d'Hélène d' Almeida-Topor
3- "Negrologie, pourquoi l’Afrique meurt" de Stephen Smith
4- "Négrophobie" de Boubacar Boris Diop
5- "L'afrique Humilié" d'Aminata Traoré
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khalid a écrit:Dado a écrit:... des livres qui feront voir la situation avec lucidité et recul:
1-"l'Afrique des idées reçues" de Georges Courade
2-"L'Afrique" d'Hélène d' Almeida-Topor
3- "Negrologie, pourquoi l’Afrique meurt" de Stephen Smith
4- "Négrophobie" de Boubacar Boris Diop
5- "L'afrique Humilié" d'Aminata Traoré
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En effet, au lieu d'injure, on a besoin de dresser un tableau réaliste (la réalité est affligeante mais nous ne l'a refusons pas) des raisons du maintien en sous-développement de l'Afrique et des solutions qui l'aideront à se sortir de cet état. Le tout sans renier et en encourageant les efforts effectuer pour le développement par les différents acteurs du continent.
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