AMSTETTEN, Autriche (Reuters) - Un Autrichien de 73 ans a reconnu avoir séquestré sa fille pendant 24 ans dans un sous-sol et avoir eu avec elle des relations incestueuses ayant donné naissance à sept enfants, a déclaré lundi la police autrichienne.
Elizabeth Fritzl, âgée de 42 ans, avait déclaré dimanche à la police que son père, Josef Fritzl, l'avait attirée en 1984 dans la cave de l'immeuble où ils vivaient, à Amstetten, l'avait droguée puis menottée avant de la séquestrer.
"(Josef Fritzl) a dit qu'il avait emprisonné sa fille pendant 24 ans, qu'il lui avait fait sept enfants et qu'il les avait séquestrés dans la cave", a déclaré au téléphone à Reuters Franz Polzer, chef de la cellule d'enquête criminelle chargée de l'affaire, dans la province de Basse-Autriche.
Fritzl a également reconnu avoir incinéré le corps d'un des sept enfants mort peu de temps après sa naissance, a ajouté Polzer. D'après des médias autrichiens, il aurait utilisé une chaudière pour incinérer le nouveau-né.
Josef Fritzl doit être convoqué lundi soir chez un juge, a annoncé le parquet.
Trois des enfants d'Elisabeth Fritzl ont vécu enfermés toute leur vie dans le sous-sol du bâtiment avec leur mère. Ils n'ont jamais vu la lumière du jour ni reçu d'éducation, a précisé la police.
Les autorités continuaient lundi à fouiller le sous-sol composé de plusieurs pièces, dont certaines n'excèdent pas 1,70m de hauteur, où il était possible de préparer à manger et de laver du linge. D'après les autorités d'Amstetten, à 130 km à l'ouest de Vienne, la cave comprenait même une cellule capitonnée.
Josef Fritzl, électricien de formation, avait dissimulé l'entrée de la cave derrière une étagère remplie de boîtes et de bidons et lui seul connaissait le code électronique permettant d'ouvrir la porte coulissante en béton armé.
L'affaire, qui a suscité un vif émoi dans le pays, rappelle le cas d'une autre Autrichienne, Natascha Kampusch, qui a passé huit ans enfermée dans une cellule sans fenêtre avant de s'évader, en août 2006.
Celle-ci a d'ailleurs offert son aide aux victimes. "Je peux imaginer que c'est très difficile à supporter à la fois pour la mère des enfants ainsi que pour la femme de l'auteur des faits", a-t-elle déclaré.
Le psychiatre Max Friedrich, qui a traité Kampusch, a déclaré que les enfants passaient des examens à l'hôpital, en particulier pour des problèmes de peau et aux yeux provoqués par le manque d'exposition à la lumière naturelle.
"MAISON DE L'HORREUR"La presse autrichienne se demandait lundi comment le voisinage avait pu ignorer pendant si longtemps ce qui se passait dans cette "maison de l'horreur". "Il ne sera pas possible de revenir à une vie normale après cela", écrit le quotidien Der Standard dans un éditorial. "Tout le pays doit vraiment se demander ce qui ne va pas."
D'après la police, l'épouse de Josef, Rosemarie, n'était pas au courant de ce qui se passait. A l'époque de la disparition d'Elisabeth, les parents avaient reçu d'elle une lettre disant qu'il ne fallait pas la rechercher, laissant penser qu'elle avait disparu volontairement.
Elisabeth a donné le jour à sept enfants, dont un est mort peu après sa naissance. Trois des enfants ont été abandonnés avec une lettre expliquant que leur mère ne pouvait s'en occuper. Tous ont été recueillis par Josef et son épouse comme enfants adoptifs.
Les deux aînés, âgés de 18 et 19 ans, ainsi que le plus jeune, âgé de cinq ans, étaient enfermés avec leur mère depuis leur naissance.
L'affaire a éclaté lorsque l'aînée est tombée gravement malade et a été hospitalisée à Amstetten. Les médecins ont alors lancé un appel à la mère pour qu'elle leur apporte des précisions sur le dossier médical de sa fille.
Josef a sorti de sa cachette Elisabeth et les deux autres enfants vivant avec elle en expliquant à son épouse que leur fille "disparue" avait choisi de revenir à la maison.
Après avoir obtenu l'assurance qu'elle n'aurait plus de contacts avec son père - qui, a-t-elle dit, a commencé à la violer à l'âge de 11 ans - Elisabeth a accepté de faire une "déposition complète", a ajouté la police.
Rosemarie, Elisabeth et les enfants bénéficient d'un soutien psychologique. Des prélèvements ADN de toutes les personnes concernées ont été effectués et seront analysés.
http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080428/ ... 02f96.html