Thomas Sankara-Commémoration : "Je parle.. au nom de to

Discussions autour du Panafricanisme et du Concept de la Négrotude et autour de Cheikh Anta Diop, Kwamé Nkrumah, Cheikh Touré, Frantz Fanon, Aimé Césaire, Patrice Lumumba ou Joseph Ki Zerbo

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Thomas Sankara-Commémoration : "Je parle.. au nom de tous ceux qui ont mal quelque part"

Messagepar Moye » Jeu Oct 11, 2007 8:03 pm

Le 15 Octobre prochain, on commemorera les 20 ans de la mort de Thomas Sankara. Vingt années qu'il est mort et que le mythe s'affirme, toujours plus vivace. Un mythe qui ne se construit pas autour d'une simple icône mais d'un véritable discours souvent pertinent, toujours inspirateur. Je ne vais pas le célébrer ponctuellement le 14 Octobre mais vous en parler petit à petit. Mais pour commencer, c'est lui que je laisse vous parler, via un de ses discours, prononcée devant l'AG de l'ONU, le 4 Octobre 1984. Je l'a trouvé sur Afrikara.com.

« Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom de mon Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.

Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire, ou qu’ils sont de cultures différentes et qui bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal. Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves, afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.

Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.

Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage, à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil d’Etat et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort.

Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.

Je parle au nom des mères de nos pays démunis qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.

Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre qui a faim et louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une épaisse vitre. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que présentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.

Je parle au nom des artistes – poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs – hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations du show-business.

Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage.

Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage moderne.

Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes.

C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim…

Je m’élève ici au nom de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération, réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils peuvent se faire entendre. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger »

Thomas Sankara, 4 Octobre 1984
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Thomas Sankara-Commémoration : "Je parle.. au nom de tous ceux qui ont mal quelque part"

Soninkara
 

Messagepar Moussa Sylla » Ven Oct 12, 2007 10:25 pm

S’affranchir de la tutelle de la France : "comment sortir d’une misère asservissante".
Lutter contre la corruption des dirigeants.

Il devient (et reste) un véritable héros auprès de la population et surtout des jeunes.A l’arrivée au pouvoir de ce Président des pauvres, le pays connaît de nombreux changements :

Le changement de nom du pays, La Haute-Volta devient Burkina Faso (Pays des hommes intègres).
Une diminution du train de vie des dirigeants : Sankara roule en Renault 5.
Thomas Sankara mise sur l’éducation et la santé (espérance de vie alors de 40 ans),.

la population est enthousiaste et elle s’accommode des efforts demandés (sauf pour la diminution du nombre des fonctionnaires).
Il encourage la consommation des produits locaux.
La lutte contre la corruption par des procès retransmis à la radio. Aucune peine de mort n’est demandée.

La campagne massive de vaccination des Burkinabé qui fera chuter le taux de mortalité infantile alors le plus haut d’Afrique.
La construction considérable d’écoles et d’hôpitaux,
Campagne de reboisement : plantation de millions d’arbres pour faire reculer le Sahel.

Une grande réforme agraire de redistribution des terres aux paysans, augmentation des prix et suppression des impôts agricoles.
De grandes mesures de libération de la femme (interdiction de l’excision, réglementation de la polygamie, participation à la vie politique, etc.).
Mettre en place des aides au logement (baisse des loyers, grandes constructions de logement pour tous).
et tant d’autres..."
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Messagepar Super Diamono » Dim Oct 14, 2007 4:18 pm

THOMAS SANKARA :

ONU*- New York
- « Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom de mon Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part. Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire, ou qu’ils sont de cultures différentes et qui bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal.

Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves, afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.


.

Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.

Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage, à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil d’Etat et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort.

Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.

Je parle au nom des mères de nos pays démunis qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.

Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre qui a faim et louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une épaisse vitre. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que présentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.

Je parle au nom des artistes - poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs - hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations du show-business.

Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage.

Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage moderne.

Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes.

C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim...

Je m’élève ici au nom de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération, réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils peuvent se faire entendre. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
* Ce discours a été prononcé le 4 octobre 1984-
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Messagepar Modou Mbacke » Lun Oct 22, 2007 8:46 pm

C'est comme cheikh anta diop aui a été empeché d'etudier à la fac de 1966 à 1981 par senghor. parce que CAD derangeait les petits maitres de l'esclave senghor. l'assassin de Sankara est là encore au pouvoir. il a été aidé par la france et houpjouet boigny. l'afrique n'aime pas ces vrais enfants mais gardent ces batards
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Messagepar Ndeye Amy » Lun Oct 22, 2007 9:04 pm

peut etre ton post seré à sa place dans la discussion cheikh anta -senghor
Ndeye Amy,
« Le savoir-faire c’est certes fondamental, mais le « faire savoir » c’est parfois… vital ! »
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Messagepar Modou Mbacke » Dim Mar 30, 2008 3:26 am

Comme bons nombres dr visionnaires avant lui, je pense notamment à Luther King,Lummunba,Kennedy,Gandy, Sankara a donné sa vie pour les autres.Il a préféré mourir pour une cause que vivre pour rien. L’histoire est à la fois injuste et révoltante voir immorale,il faut l’accepter.Elle nous a hôté Sankara pour nous laisser Mobutu, Sassou,Bongo, Biya,Eyadéma,Kaddafi,Compaoré,Mugabé et bien d’autres.Përsonne ne peut comprendre cela.D’autant plus que ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier.
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