[align=center]La Suisse va rendre les millions de Mobutu[/align]
[align=center]Le président de la République Démocratique du Congo s’attendait à une somme bien supérieure
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La présidente de la confédération suisse a annoncé, lundi, que son pays remettra à la République Démocratique du Congo les millions de dollars que le dictateur congolais Mobutu Sese Seko avait sur des comptes gelés. La déclaration a déçu le président congolais, qui s’attendait à au moins un milliard de dollars.
« Parmi les sujets abordés avec le président Joseph Kabila, nous avons évoqué la question des fonds (...) des anciens dignitaires congolais en Suisse, particulièrement des fonds dits Mobutu. (…) Il y a environ 8 millions de francs suisses (environ 4,8 millions d’euros, ndlr) qui sont bloqués chez nous, en Suisse. Le gouvernement de mon pays est disposé à les restituer à la RDC », a déclaré à la presse, lundi, à Kinshasa la présidente de la confédération suisse, Micheline Calmy-Rey.
Des millions ou des milliards ?
L’annonce a suscité une remarque ironique du chef de l’Etat congolais : « Ce n’est que quelque 5 millions de dollars ». Selon plusieurs medias, Joseph Kabila s’attendait plutôt à un milliard de dollars. Il faut dire que l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko, décédé en 1997 au Maroc, est soupçonné d’avoir détourné jusqu’à quatre milliards de dollars lors de sa présidence.
En tout cas, Micheline Calmy-Rey, en tournée africaine, a précisé que son pays ne garderait pas « l’argent d’autrui » et a enjoint la RDC à envoyer rapidement un représentant en Suisse pour régler au plus vite le retour des fonds. S’il y a urgence, c’est parce que si aucune décision n’est prise au plus tard le 31 décembre 2008, l’argent sera restitué aux proches de Mobutu. Or, c’est précisément le scénario que veulent éviter les organisations non gouvernementales, qui souhaitent que la manne profite au peuple congolais.
L’urgence de l’affaire Haïti
La déclaration de la Suisse montre une fois de plus qu’elle essaye de se détacher de « son image de pays qui "protège" l’argent des dictateurs », explique le quotidien suisse Le Temps. Elle a déjà rendu de l’argent aux Philippines, au Pérou et au Kazakhstan. En Afrique, elle a récemment envoyé 600 millions de francs (environ 362 millions d’euros, ndlr) au Nigeria, estimant que cette somme, ayant appartenu à l’ancien président Sani Abacha, « revenait au peuple du Nigeria ».
En plus du dossier RDC, la Confédération helvétique tente de régler l’affaire des 7,6 millions de francs suisses appartenant à Jean-Claude Duvalier, ex-dictateur d’Haïti. Le gel des fonds expire début septembre et si aucun accord n’est trouvé, l’argent échappera aux Haïtiens et profitera à la famille de l’ancien président surnommé « Bébé Doc ».
« Il est particulièrement choquant de constater que des fonds doivent être restitués à des personnes ayant appartenu à des régimes à l’origine de nombreuses violations des droits humains parce que les Etats concernés ne veulent ou ne peuvent pas appliquer les procédures correspondantes prévues par le droit », avait conclu le 23 juin Micheline Calmy-Rey. Certains estiment toutefois que le système judiciaire suisse est également à revoir en partie.
http://www.afrik.com/article12133.html