Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, duel dans les cieux

Discussions autour du Panafricanisme et du Concept de la Négrotude et autour de Cheikh Anta Diop, Kwamé Nkrumah, Cheikh Touré, Frantz Fanon, Aimé Césaire, Patrice Lumumba ou Joseph Ki Zerbo

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Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, duel dans les cieux ?

Messagepar doudou » Mar Déc 26, 2006 5:53 am

Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, duel dans les cieux ?

(JPG)A la fin de l’année 2001, la disparition de Léopold Sédar Senghor a donné lieu à un concert de louanges partout dans le monde. En France, au-delà de la polémique sur l’absence du chef de l’Etat et du Premier Ministre à ses funérailles, sa mémoire a été célébrée comme portant témoignage de la parfaite communion franco-africaine. Selon une terminologie plus en vogue, Senghor serait un modèle, l’exemple même d’une intégration réussie. L’intégration par la culture et, de surcroît, à la culture française. L’intégration aux valeurs, celles du rayonnement de la langue française, celles de la France.

Seulement voilà, en contrepoint au déluge de compliments, l’absence d’intérêt des jeunes générations pour le défunt poète n’a pas fait illusion. Certes, aucune critique de vive voix ne s’est faite entendre. L’Afrique a par trop le respect des anciens et du passé pour se laisser aller à quelque dénonciation post-mortem mais, entre silence et réticence, un certain malaise était perceptible.

Serait ce le bilan politique du Président Senghor ? Serait ce la représentativité de l’homme dont l’oeuvre et les combats ne correspondraient pas aux attentes des nouvelles générations ? Les historiens apporteront leur témoignage.

(JPG)Cependant la vraie raison tiendrait plutôt en une figure mouvante et envahissante et surprenante, un homme, Cheikh Anta Diop ( ci-contre à droite), disparu en 1986.

Qu’importe ! Le pain moisi peut-être une chance ! Rien de mieux que les arrières cours pour travailler, aller droit au but. Imperturbable, Cheikh Anta Diop approfondit ses recherches en utilisant toutes les disciplines : archéologie, études de linguistique comparative, datation au carbone 14, études chimiques sur la pigmentation des momies ( on lui refuse même un bout de peau de la momie de Ramsès II qu’il voulait analyser ) et enfin l’étude détaillée de la culture égyptienne, dans ses aspects scientifiques et religieux. Il s’appuie sur d’innombrables témoignages, notamment, ceux de l’auteur grec, Hérodote (484-425 av.J-C) et de la Bible pour insister sur le caractère noir des égyptiens. Il restitue l’histoire telle qu’elle fut. L’Egypte a été le berceau de la civilisation au moment où le reste du monde était plongé dans la barbarie. La Grèce a pris à l’Egypte tous les éléments de sa civilisation jusqu’au culte des Dieux et ainsi de suite, d’héritage en héritage, pour les autres civilisations de l’antiquité.

La question mérite d’être posée. L’aura de Cheikh Anta Diop ne fait-elle pas ombrage à l’oeuvre de Léopold Sédar Senghor ?

Tous deux Sénégalais, ils naissent sous la dénomination coloniale, Léopold Sédar Senghor en 1906, Cheikh Anta Diop en 1923. Doués chacun d’une véritable puissance intellectuelle, ils ont vécu furieusement le siècle sans jamais vraiment se rencontrer, chacun ignorant l’autre, chacun dans son monde.

(JPG)Senghor est viscéralement un littéraire. Il aime la phrase, le mot qui sonne juste, le rythme. Il adore la langue, il s’en sert, raconte les misères du peuple noir, ses rêves aussi. Cheikh Anta Diop est pluridisciplinaire. Physicien et chimiste de formation, il passera sa vie à se confronter à de nombreuses disciplines, la biologie, l’archéologie et même la linguistique.

Du reste, pour Senghor, la linguistique, c’est une offrande, un jeu singulier et novateur avec'est la langue. Pour Cheikh Anta Diop, c’est une science pour atteindre le passé, un moyen de pénétrer l’essence de la civilisation égyptienne et son lien immémorial avec'est la culture de l’Afrique noire.

Premier agrégé africain de l’université, en 1935, Senghor a tout du premier de la classe. Il brille très tôt des feux de la rampe, il additionne titres ou honneurs. Il se meut dans le monde sans encombre.

(JPG)Cheikh Anta Diop est un artisan de l’ombre, travaillant dur à la tâche. Il rejette les lambris, l’apparat et les décorations. Il fustige le carriérisme. Il refuse des chaires de professeur ou des fonctions grassement payées dans des organisations internationales. Jusqu’au début des années 1970, il poursuit, dans une totale solitude intellectuelle, ses recherches. Il assume ses choix. Il vivote. Il se cantonnera longtemps dans son laboratoire du Carbone 14 à un salaire mensuel d’assistant, au bas de l’échelle universitaire. La tâche n’est pas si indigne. C’était alors, l’unique laboratoire de physique nucléaire existant en Afrique noire.

Tous deux croient à la force du message mais c’est justement là que rien ne va plus que tout diverge. S’ils prônent ensemble la fin de la barbarie, la fin du racisme et la renaissance de l’Afrique, chacun s’y emploie différemment.

Senghor instruit la reconnaissance de la négritude par la langue. Il met d’emblée en relief les valeurs des civilisations du monde noir. Il les décrit comme un don, mélange d’émotion, de rythme, de chaleur humaine, de mysticisme, d’art symbolique et d’esprit communial. Il écrit : " l’émotion est nègre et la raison hellène ". De cette négritude, il entend qu’elle doit participer à la civilisation de l’universel.

Cheikh Anta Diop est méthodologique. Il exige un préalable : l’édification d’une civilisation planétaire passe d’abord par la restauration culturelle du peuple noir, celle qui lui permet de se réapproprier les idées, les concepts, les symboles, les valeurs, les références tant intellectuelles que morales que lui a légué l’Histoire millénaire du continent. Il dénonce la falsification moderne de l’histoire : "La conscience de l’homme moderne ne peut progresser réellement que si elle est résolue à reconnaître explicitement les erreurs d’interprétations scientifiques. "

(JPG)Alors que Senghor, de mille mots bien sonnés, livre ses " Chants d’ombre ", Cheikh Anta Diop présente sa thèse "Nations Nègres et Culture" en 1954 à Paris où il remet en cause, par une investigation scientifique méthodique, les fondements mêmes de la culture occidentale relatifs à la genèse de l’humanité et de la civilisation. Il développe l’idée de "l’antériorité de la civilisation noire dans le bassin du Nil" . Il insiste sur l’apport constitutif de l’origine noire sur l’Egypte pharaonique à la civilisation de la Grèce et à la pensée universelle.

Les vers de Senghor sont applaudis et font le bonheur des salons. Claudel le reçoit, Malraux le glorifie, Sartre l’interroge. Nulle marque d’estime, en revanche pour Cheikh Anta Diop. Le couperet est raide. Ces propos font l’objet de quolibets, de moqueries. Il est mis au banc'est de l’université française et sénégalaise. Relégué et relégable, il se voit même accuser de racisme.

Que de mondes différents ! Le message Senghorien est serein, docile et lisse. Léopold Sédar Senghor légitime la négritude en ne s’attaquant nullement aux concepts durablement ancrés. Cheikh Anta Diop est la mauvaise conscience de l’Occident. Il perturbe. En élaborant une intelligibilité capable de rendre compte de l’évolution des peuples noirs africains, dans le temps et dans l’espace, il récuse sine die le schéma hégélien de l’histoire humaine. De fait, il dénonce ces faiseurs d’histoire, ces Voltaire, ces Hume, ces Gobineau, cet Hegel qui ont cherché à faire croire que le Noir était un homme sans passé. Qui plus est, il prétend que l’Egypte a été arbitrairement rattachée à l’Orient et au monde méditerranéen.

(JPG)Pour lui, l’ignorance de l’histoire antique des Noirs jointe aux nécessités économiques d’exploitation prédisposaient l’esprit de l’Européen à fausser complètement la personnalité morale du Noir et de ses aptitudes intellectuelles. Comble du cynisme : la colonisation sera présentée comme un devoir d’humanité, en invoquant la mission civilisatrice de l’Occident auquel incombe la charge d’élever l’Africain au niveau des autres hommes.

La bouderie intellectuelle n’est parfois pas vertueuse. Pourquoi a-t-on jeté un tel discrédit sur cet homme sans jamais prendre soin de dialoguer avec'est lui ? Partout, l’homme et sa thèse sont proscrits. Un veto s’oppose implacablement à ce qu’il enseigne à l’Université. En d’autre temps, il eut été condamné en sorcellerie.

Qu’importe ! Le pain moisi peut-être une chance ! Rien de mieux que les arrière-cours pour travailler, aller droit au but. Imperturbable, Cheikh Anta Diop approfondit ses recherches en utilisant toutes les disciplines : archéologie, études de linguistique comparative, datation au carbone 14, études chimiques sur la pigmentation des momies ( on lui refuse même un bout de peau de la momie de Ramsès II qu’il voulait analyser ) et enfin l’étude détaillée de la culture égyptienne, dans ses aspects scientifiques et religieux. Il s’appuie sur d’innombrables témoignages, notamment, ceux de l’auteur grec, Hérodote (484-425 av.J-C) et de la Bible pour insister sur le caractère noir des égyptiens. Il restitue l’histoire telle qu’elle fut. L’Egypte a été le berceau de la civilisation au moment où le reste du monde était plongé dans la barbarie. La Grèce a pris à l’Egypte tous les éléments de sa civilisation jusqu’au culte des Dieux et ainsi de suite, d’héritage en héritage, pour les autres civilisations de l’antiquité.

(JPG)Alors que Senghor multiplie les titres de Docteur Honoris Causa et connaît une éclatante carrière politique. En 1960, il devient le premier Président de la République du Sénégal. Cheikh Anta Diop purge sa peine. Rebelle, il crée un groupuscule, le Rassemblement National Démocratique et, dans son laboratoire, il continue à manier les éprouvettes. Il travaille toujours et toujours plus, comparant les sciences, les mêlant, les disséquant, les interpellant. Dans l’ombre, il attend son heure.

Il n’est déjà plus aussi seul. Au début des années 60, le latiniste et helléniste, Théophile Obenga, lui prête secours dans le cadre de ses recherches sur l’égyptologie et la linguistique. La reconnaissance vient. En 1966, Cheikh Anta Diop partage avec'est Du Bois le prix récompensant l’écrivain qui a exercé la plus grande influence sur la pensée noire au XXème siècle. Mais c’est au Caire, en 1974, lors d’un colloque organisé par l’UNESCO et intitulé : "Le peuplement de l’Égypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique" qu’il est vraiment pris au sérieux. Toute la communauté scientifique est là. Elle l’écoute, le crible de questions, en redemande. Le doute s’immisce. Le pli est pris.

(JPG)Le colloque du Caire provoque des fissures dans le dispositif d’isolement dressé autour de lui. Jour après jour, colloques après colloques, les découvertes archéologiques, les études linguistiques, les études génétiques, l’examen de la culture matérielle et l’étude de la philosophie confirme la thèse avancée par Cheikh Anta Diop.

Alors que Senghor s’enlise dans la recherche d’une troisième voie " le socialisme africain " placé à équidistance entre " l’individualisme démocratique " du capitalisme et le " grégarisme totalitaire " du communisme, Cheikh Anta Diop devient une référence. Il est admiré pour son obstination, son honnêteté intellectuelle, son refus du compromis, son incorruptibilité et son courage sans défaillance. Il est admiré comme le fut Malcom X, comme l’est Mohammed Ali. L’ostracisme dont il faisait l’objet se rompt peu à peu. En 1981, il est enfin nommé professeur d’histoire associé à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Dakar, vingt sept ans après la parution de " Nations Nègres et Culture. "

(JPG)De son vivant, Senghor a fait l’impasse sur Cheikh Anta Diop. Ou l’inverse. Senghor a longtemps considéré Cheikh Anta Diop comme le leader d’un minuscule parti politique, un opposant - qu’il disait - être à la solde de Moscou. Senghor néglige l’intellectuel, le prend seulement pour un agitateur d’idées par trop irrévérencieux. Cheikh Anta Diop ne s’en formalise guère. Il agit sur d’autres terres et autrement. Qui plus est, lui aussi se désintéresse de l’auteur de " Négritude et Humanisme. " Tout au plus, il ne voit en lui que la bonne conscience de l’Occident.

(JPG)Dans les années quatre vingt, " la parole " de Cheikh Anta Diop s’est tellement répandue que le poète en prend ombrage. De nombreuses universités, notamment américaines, inscrivent les écrits de Cheikh Anta Diop à leur programme alors que la verve Senghorienne vogue inexorablement vers la confidentialité. Senghor perçoit l’inacceptable : Cheikh Anta Diop serait l’intellectuel et lui, le politique. Senghor mesure l’intolérable : Cheikh Anta Diop représenterait à lui seul la dignité retrouvée du peuple noir. Le constat établi, il se retire aussitôt de l’arène politique en abandonnant la Présidence de la République du Sénégal en 1980 pour repartir à la conquête de l’idée. Il parle alors à tous crins du métissage, " valeur montante " de la civilisation de l’universel. Il ennuie. Il n’est pas toujours pris au sérieux. De guerre lasse, l’âge venant, il se retire sur un douillet aventin. Il entre à l’Académie française en 1984.

Il sait qu’il a perdu la première manche, celle des vivants. Il le dit d’ailleurs en filigrane dans son dernier ouvrage de la collection " Ce que je crois. "

La deuxième manche est post-mortem. Ce qui est important dit Chateaubriand, " c’est l’au-delà, ce qu’il reste d’une oeuvre dans la mémoire des hommes. " Demain, les vers de Senghor seront-ils plus lus que les écrits de Cheikh Anta Diop ? Qui se taillera la part de gloire dans l’habit jaune de livres rancis ? Chacun ayant sa part de vérité, nul ne peut le savoir. Lorsque l’Afrique sera définitivement libérée des soupçons infamants qui ont pesé sur elle, alors peut-être la trame poétique de Senghor pourra-t-elle être lue sans arrière-pensée, tout simplement pour la beauté des vers. Et ainsi de conclure que ces deux hommes qui n’ont pas eu le désir de se rencontrer intellectuellement de leur vivant, le feront raisonnablement dans les cieux.

(François de la Chevalerie)

http://www.blackmap.com/spip/spip.php?article48
Soro xooro diηa, Soke xooro koñore.
Soro xooro diηa, Selihe xooro manjare.
Soro xooro diηa, Yeliηe, xooro kardige.
Soro xooro diηa, Tumujo xooro boloone
Baañanke diηa, Taabonke diηa,
Woynanke diηa, Woytanke diηa,
Xirjonke diηa, Makkanke diηa
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Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, duel dans les cieux ?

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Messagepar fatou » Mar Déc 26, 2006 6:09 pm

Senghor et Houphouet Boigny ont fait beaucoup de mal à l'afrique et je ne comprends pas pourquoi on fait tellement l'éloge de Senghor alors que tous savent qu'ils a vendu l'Afrique à la France en lui assurant leur précarré.
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Messagepar biko » Mar Déc 26, 2006 11:06 pm

Salam

L'oublié de mouvement de la néfritude


Jacques Rabemananjara : le quatrième mousquetaire de la négritude




Considéré par beaucoup comme le quatrième mousquetaire du mouvement de la négritude, il a joué effectivement un rôle important dans les années d’après-guerre aux côtés de Césaire, Damas et Senghor, dans les manifestations culturelles (notamment la création de Présence Africaine et les deux Congrès des écrivains et des artistes noirs) qui ont présidé à la renaissance des lettres noires.
Jacques Rabemananjara fut aussi étroitement lié à la vie politique de son pays, d’abord en tant que résistant anti-colonial avant d’occuper des postes ministériels de premier plan après l’indépendance de la Grande Ile en 1960. Condamné en 1947 par le pouvoir colonial français à de longues années de prison, il a écrit l’essentiel de son oeuvre poétique pendant cette période douloureuse qui a pris fin avec la promulgation de la loi d’amnistie, le 27 mars 1956. La légende veut qu’il ait écrit les poèmes de son célèbre recueil Antsa d’une seule traite, pendant ce qu’il croyait être sa dernière nuit sur terre avant son exécution. Volume inspiré, Antsa est un hymne à la liberté et à l’île natale du poète : « Ile ! / Ile aux syllabes de flamme ! Jamais ton nom / ne fut plus cher à mon âme ! / Ile, ne fut plus doux à mon cœur ! / Ile aux syllabes de flamme, / Madagascar ! ». Comme les paroles des prisonniers étaient sévèrement contrôlées et censurées, Antsa faillit finir au feu. Le manuscrit fut sauvé in extremis et publié en 1956 avec une préface de François Mauriac dont les mots sont restés célèbres : « Ce cri que l’amour et la douleur arrachent à un fils de Madagascar, la littérature française peut le revendiquer. Cela du moins nous appartient à nous aussi, cela nous est commun : (...) la passion de la liberté. »
Après la révolution de 1972, Rabemamananjara fut obligé de quitter son « île à la face lyrique », pour s’exiler en France où il a vécu jusqu’à sa mort. Il a continué à écrire jusqu’aux années 90, publiant ses ouvrages aux éditions Présence Africaine dont il était proche. L’Académie française lui a décerné en 1988 son prestigieux prix de la Francophonie pour l’ensemble de son oeuvre.
’est éteint à Paris le 1er avril 2005, à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui une oeuvre littéraire substantielle : poésies, pièces de théâtre, essais politiques, récits.
On se bat pour les droits de l'Homme mais on oublie de se battre pour faire respécter ces droits entre nous.
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Messagepar biko » Mer Déc 27, 2006 7:21 pm

Salam


Je voudrais revenir sur l'un des personnages clés du pana-africanisme:la personne de Kwame Nkrumah.
L'homme à l'idée des Etats-unis d'Afrique,une Afrique forte,Une Afrique propre.Le reve de tout intellectue africain pour ce vieux continent,ravagé par les guerres,les maladies,la faim,vider des ses matières premières par l'homme blanc.
Mais hélas,Nkrumah,une fois à la magistrature suprème oublia ses principes nobles.Au diable,les Etats-unis d'Afrique,au diable l'Afrique forte,au diable l'Afrique propre.
Place à la folie du pouvoir sans partage,place à la richesse.L'Afrique n'est plus vider par l'homme blanc mais par ses propres fils,l'élite intellectuelle de surcroit.Une catastrophe pour l'Afrique.
Nkrumah était convaincu de la justesse de sa pensée, et ne voulait souffrir aucun obstacle sur le chemin devant mener le Ghana et l’Afrique en général vers la prospérité. En conséquence, il a violemment écarté tout obstacle, réel ou perçu, vers cette destinée.

Il a commencé par retirer une bonne partie de leurs pouvoirs aux chefs traditionnels qui faisaient autorité depuis plusieurs centaines d’années dans ce pays des Akan.
Il devint rapidement obsédé par sa sécurité, notamment après deux tentatives manquées d’assassinat sur sa personne.

En 1964, il se décréta Président à vie, instaura le mono-partisme et dissout toutes les formations politiques. Il emprisonna un grand nombre d’opposants, dont J.B. Danquah avec qui il avait fait équipe dans l’UGCC.
Coupé du peuple, Nkrumah devint de plus en plus impopulaire au sein de ces masses laborieuses qui l’avaient porté au pouvoir.

Ce qui devait arriver arriva. Le 24 Février 1966, alors que Kwame Nkrumah se trouvait en voyage officiel au Vietnam, à l’invitation d’Ho Chi Min, un coup d’état éclata, mené par le colonel Emmanual Kwasi Kotoka. Le parlement fut dissous, le parti de Nkrumah, le CPP fut interdit, et Nkrumah lui-même fut banni.

Le reste de la vie de Nkrumah fut donc passé en exil, et c’est à Bucarest en Roumanie qu’il mourut, le 27 Avril 1972.

Son aura fut finalement ternie par les dernières années de son règne, mais pour beaucoup, Kwame Nkrumah restera un visionnaire, l’un des tous premiers à avoir vu la force que pouvait représenter une Afrique unie, qui aurait pu enfin devenir une puissance économique auto-dirigée, et non plus une simple pourvoyeuse de matières premières pour le riche occident.Malgrés sa vision de l'Afrique forte et unie,dans ses actes,il est resté qu'un abominable dictateur à mes yeux.Pour se justifier Nkrumah disait:« même un système basé sur une constitution démocratique peut être contraint, dans la période suivant l’indépendance, à des mesures de type totalitaire ».
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Messagepar Moye » Mer Jan 03, 2007 6:50 pm

Je reviendrais sur le sujet. g tellement de choses à dire sur senghor et le savant Cheikh Anta Diop.
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Messagepar Moye » Mer Jan 03, 2007 11:05 pm

[align=center]Vous m'exécusrez si je ne peux pas mettre la photo de Senghor: Je ne peux pas blairer ce mal blanchi :evil: [/align]

Je vais essayer d'être objectif c'est tout:

La mort en décembre 2001 de Léopold Sedar Senghor, premier président de la république du Sénégal a donné lieu a des articles élogieux dans la presse française, soulignant notamment le rayonnement international du grand homme. Vu d’Afrique cependant, l’aura de Senghor n’est pas supérieure à celle d’un autre de ses compatriotes moins connu du grand public français, [b]Cheikh Anta Diop.[/b]
Tous deux sont sénégalais et ont connu l’époque coloniale en Afrique. Cheikh Anta Diop est né en 1923, Senghor en 1906. Tous deux sont "occidentalisés" puisqu’ils poursuivent leurs études en France. Tous deux sont de brillants intellectuels. Senghor est le premier africain agrégé de l’université, Cheikh Anta Diop mène en parallèle des études scientifiques et des études littéraires. Il est titulaire de deux doctorats (lettres / physique nucléaire). Tous deux ont une épouse française et tous deux auront œuvré pour la reconnaissance de l’homme noir, prônant la fin de la barbarie, du racisme, appelant l’avènement d’une civilisation universelle, mais leurs méthodes divergent radicalement.

Senghor est un littéraire, un poète, un "magicien du verbe" féru de français et de civilisation grecque. Cheikh Anta Diop a une approche pluridisciplinaire, et considère que l’avènement d’une civilisation universelle est indissociable d’une réintégration de l’Afrique dans le champ de l’histoire dont elle a été exclue (notamment par les grands esprits européens victimes des préjugés racistes de leur époque). Il veut que soit reconnu officiellement la négritude des anciens égyptiens (et montrer par la même que les européens lui sont redevables puisqu’il considère les grands esprits grecs comme des plagiaires).

[align=center]Image[/align]Senghor ne veut pas couper le "cordon ombilical " avec la France qui est son pays d’adoption, Cheikh Anta Diop est prêt au choc frontal. Senghor publie ses premiers recueils de poèmes dans "chants d’ombre" en 1945. Cheikh Anta Diop émet la thèse qui guidera son œuvre dans Nations nègres et culture en 1954, en affirmant que les anciens égyptiens étaient des "nègres" (terme utilisé afin qu’aucune confusion ne soit possible). La démarche de Senghor, moins "radicale", reçoit le soutien de nombre d’intellectuels français. Les travaux de Cheikh Anta Diop suscitent la perplexité, voire le dédain. On s’étonne de son audace. Aimé Césaire, visionnaire, et accessoirement condisciple de Senghor au lycée Louis le Grand est l’un des premiers à écrire que "Nations nègres et culture" comptera dans le réveil de l’Afrique et il vait raison. Cheikh Anta Diop est de loin le plus estimé parmi les intellectuels..



Senghor met en place le concept de négritude sans remettre en questions les fondements de la civilisation occidentale. Cheikh Anta Diop écrit et affirme qu’il fut une époque où les européens étaient des "barbares", que Pythagore de Samos a étudié 20 ans en Egypte, que les grecs doivent tout aux égyptiens (ce qui signifie pour lui que l’occident doit tout à l’Afrique). Senghor connaît une brillante carrière politique et est le premier président de la république du Sénégal en 1960. Cheikh Anta Diop poursuit ses recherches pluridisciplinaires (histoire, linguistique, paléontologie...) et travaille à l’IFAN, le premier laboratoire de physique nucléaire (et le seul à l’époque) d’Afrique.

[marq=left]Il n’est pas autorisé à enseigner à la faculté de Dakar (Senghor s’y oppose).[/marq]

La reconnaissance arrive progressivement pour Cheikh Anta Diop (il partage en 1966 avec WEB Du Bois le prix de l’écrivain ayant le plus influencé la pensée nègre au 20è siècle). La rencontre avec le linguiste Théophile Obenga et le congrès du Caire en 1974 (au cours duquel il aura l’occasion de confronter ses thèses face à des spécialistes mondiaux de l’Egyptologie) donnent aux thèses de Cheikh Anta Diop un retentissement international. Le compte rendu du congrès est inclus dans le tome II de l’histoire générale de l’Afrique préparé par l’Unesco.

Senghor a pendant ce temps reçu de nombreuses récompenses internationales (prix littéraires, doctorats honorifiques) et reste 20 ans à la tête de la république du Sénégal avant de démissionner en décembre 1980. Il prend sa retraite en Normandie, et entre aux sein des "immortels", à l’académie française. Cheikh Anta Diop est enfin autorisé à enseigner au Sénégal (27 ans après la parution de "Nations Nègres et Culture").Ses écrits sont reconnus aux Etats-Unis dans les années 80. Il est invité par la célèbre université noire de Morehouse (où étudia notamment Martin Luther King) afin de recevoir un Doctorat Honoris Causa.
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Messagepar Cheikh Anta Diop » Jeu Jan 04, 2007 1:45 am

[align=center]Il faut enfoncer un peu plus le clou ! ! ![/align]
A mes 24 ans, comme cela par hazard, je tombe sur "Nations nègres et cultures" à Paris. je l'avale en une nuit, et me retrouve au petit matin, les yeux gonflés de fatigue. Ce fut la révélation. Depuis cette nuit, je me sens fier d'être un Nègre. La force avec'estlaquelle C. A. Diop révendique ceci ou cela pour la culture nègre me revulse un peu, mais j'admire l'immense science de l'homme et son engagement presqu'extrême que je ne partage pas toujours. Par la suite, je découvre avec'estbonheur que tout comme Seηor, C. A. Diop n'est pas resté prisonnier de son intellect, mais s'est engagé à créer un monde métis et sans frontières. J'apprends ses galères aux Sénégal et son combat presque tout seul contre SENGHOR LE BOUNTY le monde entier. Alors là, admiration !

Voici quelques citations de Seηor le bounty:
à la journaliste française Catherine CLEMENT : « Nous sommes à la limite des Blancs et des Noirs, voilà la réalité sénégalaise. Et je suis plus à mon aise chez les Berbères que chez les Bantu, où je ne suis pas dans mon univers... Je me sens plus près des Arabes et des Juifs que de certaines cultures noires... »

"l'emotion est negre et la raison est hellene"
(pas de chance, Cheik Anta Diop a démontré que les hellenes doivent leur raison aux kamites (negres)).

CAD était un visionnaire, et aujourd'hui, les decouvertes recentes sur l'ADN et l'archeologie lui donnent raison sur ses theories sur l'origine monogenetique et africaine de l'humanité, et pas seulement sur le peuplement de l'egypte.
Il avait aussi predit l'union europenne dans nations negres et culture.

je me demande pourquoi on veut comparer les incomparables les deux hommes ne sont pas à la même échele; la presence de Cheik anta diop ramene la taille de seηor vers le zero..


Cheikh Anta Diop décède en février 1986, Seηor en décembre 2001. Côté africain, Cheikh Anta Diop est rangé aux côtés des grandes figures de l’histoire noire comme Malcolm X, ou Mohammed Ali. Seηor est perçu comme un simple Oncle Tom.

Côté occidental, Seηor est apprécié pour l’exemple du métissage des cultures et des civilisations qu’il constitue. Cheikh Anta Diop dérange, plus pour la forme qu’il a donné à ses idées que pour le fond : affirmation "obsessionnelle" du caractère nègre des égyptiens, vision raciale de l’histoire (il écrit dans Civilisation ou barbarie qu’en – 5000 les sémites (les "blancs") n’existent pas encore et que la période de –4236 à –750 est marquée par la "suprématie des Noirs"), ce qui fait dire à l’historienne Sophie Bessis qu’il est bien loin de Frantz Fanon (et donc'estde Seηor) qui affirmait en 1955 "qu’il n’avait pas le droit en tant qu’homme de couleur de chercher en quoi sa race était supérieure à une autre, et qu’il n’y avait ni mission nègre, ni fardeau blanc".

Hasard ou coincidence, dans la sélection des 12 meilleurs livres africains du 20è siècle, parue en février 2002 lors de la foire internationale du livre du Zimbabwé, figuraient trois livres écrits par des sénégalais, dont "Antériorité des civilisations nègres"de Cheikh Anta Diop (qui arriva en tête), et le recueil des "œuvres poétiques" de Léopold Sedar Seηor.

Les deux sénégalais les plus célèbres de l’histoire demeurent immortels à travers leur œuvre, même s’il ne fait aucun doute que la popularité de Cheikh Anta Diop, considéré comme le restaurateur des "civilisations nègres" par le grand public'estafricain, est supérieure à celle de Léopold Sedar Seηor, vu comme simple président poète.
Cheikh Anta Diop, l'homme noir reconnaissant...
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Messagepar Ndeye Amy » Jeu Jan 04, 2007 7:08 am

Ce que je retiens du Pr Cheikh Anta Diop c'est cette phrase qui résume un peu sa vie et son combat:

Les études africaines ne sortiront du cercle vicieux où elles se meuvent, pour retrouver tout leur sens et toute leur fécondité, qu'en s'orientant vers la vallée du Nil. Réciproquement, l'égyptologie ne sortira de sa sclérose séculaire, de l'hermétisme des textes, que du jour où elle aura le courage de faire exploser la vanne qui l'isole, doctrinalement, de la source vivifiante que constitue, pour elle, le monde nègre" (Antériorité des civilisations nègres - mythe ou vérité historique ?

Et quand je vois ce tintamarre fait autour de l'année Senghor, un type qui a tué, emprisonné, manipulé et vendu le Sénégal à la France.
Je suis sûre que si Cheikh Anta Diop a vécu jusque maintenant, il aura détroné définitivement ce yabaaté de Senghor. comme l'a dit Moye, le mal blanchi.
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Messagepar Modou Mbacke » Lun Oct 22, 2007 9:11 pm

merci ndey amy
j'ai vu cette contribution sur grioo. je veux vous la faire partager.
vous verré mieu ce collaborateur. on auré du le fusiller wi


Discours de Senghor en 1950 devant l’ assemblèe européenne de Strasbourg (Senghor cité par L P Aujoulat dans « Aujourd’hui l’Afrique » Paris , Casterman 1958 )

"… au siècle polytechnique de la bombe atomique, le nationalisme apparaît dépassé et l'indépendance n'est qu'illusion. Et dans ce monde réel jusqu'à l'angoisse, pourtant absurde, les hommes sinon les peuples préfèrent les libertés à la Liberté.. à l 'indépendance de leur pays l'interdépendance matérielle et morale de chacun de leurs concitoyens [...] L'Afrique a la mystique de l'égalité dans la coopération. Si vous refusez de la satisfaire, les hommes de bonne volonté que nous sommes, seront demain , dans 20 ans, 30 ans, des collaborateurs aux yeux des jeunes générations. Celles-là auront la mystique de l' indépendance dans la sécession. Au grand dam des deux continents complémentaires »
« I’ Europe a laissé passer l'heure de l'Eur-Asie. Et voilà qu’aujourd'hui, sous des raisons qui ne sont pas toujours valables, je le reconnais sans peine, l'Asie entend se distinguer de l’ Europe quand elle ne s'oppose pas à elle par les armes. Notre
assemblée laissera-t-elle passer sans saisir l'occasion, l 'heure de l 'Eur-Afrique ? Attendra-t-elle que se produisent en Afrique d'autres événements de Corée, de Malaisie, d'Indochine, Ce ne serait pas sage ni politique. »

Léopold Sédar Senghor déclare 1956( dans « Confédération et fédération . »
« Parler d'indépendance c'est raisonner la tête en bas et les pieds en l'air, ce n'est pas raisonner. C'est poser un faux problème. »

Senghor dans « l’esprit de la civilisation ou les lois de la culture négro-africaine »

" ()On l'a dit souvent, le Nègre est l'homme de la nature. Il vit traditionnellement de la terre et avec la terre, dans et par le cosmos. C'est un sensuel, un être aux sens ouverts, sans intermédiaires entre le sujet et l'objet, sujet et objet à la fois... C'est dire que le Nègre, traditionnellement n'est pas dénué de raison, comme on a voulu me le faire dire. Mais sa raison n'est pas discursive.. elle est synthétique. Elle n'est pas antagoniste.. elle sympathique. C'est un autre mode de connaissance... La raison blanche est analytique par utilisation, la raison nègre, intuitive par participation [...].
Il [le Négro-Africain} ne constate pas qu'il pense il sent qu'il sent, il sent son existence, il se sent...» '


Senghor dans « ce que je crois - Négritude , Francité et Civilisation de l’ universel »
« C'est dire que celles-ci [les langues albo-européennes) sont essentiellement des langues scientifiques parce que de raisonnement -je ne dis pas de philosophie. »
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Messagepar dioudoudiéri » Mar Oct 23, 2007 9:42 pm

L'émotion est nègre....

Ps:n'deye amy t'as un beau fessier :twisted:
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