par Cheikh Anta Diop » Mer Déc 26, 2007 6:18 pm
[align=center]Je te suis éternellement reconnaissant pour mon émancipation intellectuelle[/align]
Cheikh anta disait aux étudiants du Niger:
"Je crois que le mal que l’occupant nous a fait n’est pas encore guéri, voilà le fond du problème. L’aliénation culturelle finit par être partie intégrante de notre substance, de notre âme et quand on croit s’en être débarrassé on ne l’a pas encore fait complètement.
Souvent le colonisé ressemble un peu, ou l’ex-colonisé lui-même, à cet esclave du XIXème siècle qui libéré, va jusqu ’au pas de la porte et puis revient à la maison, parce qu’il ne sait plus où aller. Il ne sait plus où aller... Depuis le temps qu’il a perdu la liberté, depuis le temps qu’il a apprit des réflexes de subordinations, depuis le temps qu’il a apprit à penser à travers son maître (...)
Toutes les questions que vous m’avez posé reviennent à une seule. Quant est ce que les blancs vous reconnaîtront-ils ? Parce que la vérité sonne blanche. Mais c’est dangereux ce que vous dites parce que si réellement l’égalité intellectuelle est tangible, l’Afrique (et la diaspora africaine) devrait sur des thèmes controversés (tels que l’origine africaine de la première civilisation humaine), être capable d’accéder à sa vérité par sa propre investigation intellectuelle et se maintenir à cette vérité, jusqu’à ce que l’humanité sache que l’Afrique ne sera plus frustrée, que les idéologues perdront leur temps, parce qu’ils auront rencontré des intelligences égales qui peuvent leur tenir tête sur le plan de la recherche de la vérité.
Mais vous êtes persuadé que pour qu’une vérité soit valable et objective, il faut qu’elle sonne blanche. Mais ça, c’est un repli de nôtre âme qu’il faut faire disparaître (...) Moi, si je n’étais pas intiment persuadé de la capacité de chaque race à mener sa destinée intellectuelle et culturelle, mais je serai déçu, que ferions nous dans le monde. S’il y avait réellement cette hiérarchisation intellectuelle, il faudrait nous attendre à notre disparition d’une manière ou d’une autre. Parce que le conflit, il est partout jusque dans nos relations internationales les plus feutrées. Nous menons et on mène contre nous le combat le plus violent, plus violent même que celui qui a conduit à la disparition de certaines espèces. Il faut justement que votre sagacité intellectuelle aille jusque là (...) Il n’y a qu’un seul salut, c’est la connaissance directe et aucune paresse ne pourra nous dispenser de cet effort (...)
A formation égale, la vérité triomphe. Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents (...) et arrachez votre patrimoine culturel. Ou alors traînez-moi dans la boue, si quand vous arrivez à cette connaissance directe vous découvrez que mes arguments sont inconsistants, c’est cela, mais il n’y a pas d’autre voie".
Cheikh Anta Diop, l'homme noir reconnaissant...