par biko » Jeu Mar 29, 2007 4:21 pm
Salam
Les associations anti-racistes s’organisent en Allemagne pour que le Sierra Léonais Oury Jalloh mort brûlé dans la cellule d’un commissariat de police à Dessau le 07 janvier 2007 alors qu’il y était menotté, bénéficie d’un procès équitable. Les circonstances de sa mort ainsi que les réactions de la justice, les pressions sur les associations et personnes témoignant en à charge contre la police, indiqueraient une responsabilité de la police allemande. Une mobilisation est lancée pour contraindre la justice à faire apparaître la vérité. Outre le fait qu’il ne s’agit pas d’un cas totalement isolé, il faut préciser qu’il s’inscrit dans une banalisation généralisée du racisme anti-noir en Europe, Belgique, Russie, France, racisme dans les stades etc. Une situation qui compromet les relations interraciales au cœur d’une Europe de facto multiraciale, multiethnique, multiculturelle et qui devra se reconstruire avec en son sein des citoyens hier considérés comme objets coloniaux, inférieurs. Sur le site thevoiceforum.org, entre autres [MIR, …], cette affaire est détaillée dans les termes ci-dessous repris.
Le 7 janvier 2005 Oury Jalloh brûlait vif, menotté aux mains et aux pieds dans la cellule 5 de la police à Dessau en Allemagne. Il était réfugié de Sierra Leone et avait 21 ans. L´alarme incendie et le signal du feu ont été ignorés par le chef du service de la police. De plus, le système intercom reliant directement la cellule avec le poste de police avait été préalablement éteint par les policiers eux-mêmes qui ont affirmé par la suite que le bruit de l’Intercom, semblable à des clapotements, les dérangeaient pour téléphoner. Depuis, le procureur responsable de l´enquête soutient la thèse du suicide.
Cette thèse induit plusieurs contradictions : Pourquoi soudain est-il fait mention dans les rapports d’enquête d’un briquet qui se serait trouvé dans la cellule, alors que les policiers ont prétendu ne pas en avoir trouvé ?
Comment aurait-il pu être introduit étant donné qu’Oury Jalloh avait été fouillé intégralement juste avant? Comment explique t-on les fractures des os du nez et les blessures de l´oreille moyenne d’Oury Jalloh, constatées lors de la deuxième autopsie ordonnée par « l’Association pour la mémoire d´Oury Jalloh » ? Dans quelle mesure l’attitude et la mentalité des policiers observées dans les enregistrements audio avant et après l’incendie, jouent-elles un rôle ?
Du fait des circonstances de la mort nous pensons qu´il s´agît d´un meurtre et cela tant que l´enquête ne prouve pas d´autre faits.
C’est grâce à la mobilisation des amis et des connaissances d’Oury Jalloh ainsi que de plusieurs associations d’immigrés et de réfugiés et antiracistes que toutes ces contradictions ont pu être mise en lumière et que la mort d’Oury Jalloh n’est pas tombée dans l’oubli.
Malgré la criminalisation et la persécution de plusieurs militant(e)s, ces associations n´ont jamais arrêté de demander justice et l´explication complète des circonstances de la mort. Toutes ces parties se sont réunies au sein de « L’Association pour la mémoire d´ Oury Jalloh ».
Après deux ans de mobilisation et de médiatisation de l’affaire par l’association, deux policiers feront l’objet d’une procédure d’inculpation à Dessau à la fin du mois de mars 2007.
Même si c’est un pas important vers une clarification des faits, nous doutons que cela aboutisse à un jugement juste et à une clarification complète des circonstances de la mort.
Dès la mort d´ Oury Jalloh, le procureur de Dessau n´a pas montré un véritable intérêt à clarifier les circonstances. Il s’est plutôt employé à retarder l’affaire pendant des années et a fait preuve d’un manque de coopération avec les avocats de la famille d’Oury Jalloh. Le tribunal a mis respectivement 17 et 15 mois pour accepter les deux plaintes accessoires. Une radiographie du cadavre du défunt a été refusé sous prétexte qu’il n´y avait aucun motif. La deuxième autopsie indépendante a ensuite montré les graves blessures avant la mort de feu Oury Jalloh.
Oury Jalloh n´est pas le seul. Dominique Koumadio a par exemple été tué par un coup de feu le 14 avril 2006. Le procureur a déjà entièrement acquitté la police. L´explication ? Légitime défense. En fait les crimes des policiers reçoivent presque toujours l´impunité surtout quand ils sont commis contre des réfugiés et des migrants. En effet, chaque jour ceux-ci sont maltraités par la police. Si les mauvais traitements sont fréquents, les jugements et les procédures sont rares.
Ainsi, on peut dire que la police et la société dans sa majorité font preuve d’un raciste consensuel inhumain qui considère les réfugiés et les migrants comme des êtres humains inférieurs.
L´Europe a véhiculé et mis en pratique l’idée que les réfugiés et les migrants – surtout les noirs – n’étaient pas les bienvenus sur son territoire. Pour la seule année 2006, plus de 7.000 personnes ont perdu la vie, ont été systématiquement et irrémédiablement privé par le système d’un droit fondamental: le droit de vivre. Qui va payer pour ces meurtres? Qui rendra les morts aux vivants ?
Ce sont quelques uns des faits qui expliquent notre méfiance à l’égard de la justice allemande.
Nous sommes responsables envers Oury Jalloh, ses parents ainsi que toutes les victimes et les survivants de la violence raciale policière et c’est pourquoi nous devons nous rassembler et montrer au tribunal, à la société, au monde que nous ne pouvons pas garder le silence et rester sans rien faire, face à ces crimes impunis.
Si nous ne faisons pas cesser cela, combien devrons encore mourir ? Qui sera le/la prochain(e) ?
Pour cette raison la mobilisation et la médiatisation sont très importantes pour le bon déroulement du procès.
On se bat pour les droits de l'Homme mais on oublie de se battre pour faire respécter ces droits entre nous.