Mauritanie-Festival international des musiques nomades : Focus sur la Mauritanie

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Le festival international des musiques nomades se tiendra du 7 au 11 avril prochain à Nouakchott. L’annonce en a été faite, le 5 février dernier, par le comité d’organisation au cours d’un point de presse tenu dans les locaux du ministère de la culture et de la communication.

Plusieurs artistes venant du Mali, du Maroc, d’Algérie, de la Guinée, du Yémen, du Moyen Orient et de Palestine prendront part à ce festival. Des rencontres inédites jalonneront ce rendez-vous avec des conférences, des ateliers de créations, des concerts décentralisés, des veillées du soir sous la tente au rythme des acoustiques dédiées aux grandes sonorités traditionnelles. Depuis quelques années, ce festival suscite un vif intérêt au sein des milieux professionnels et des médias. Des grandes chaînes de télévision et de radios feront le déplacement de Nouakchott.

Le budget prévisionnel de ce festival est de 300.000 Euros contre 350.000 Euros lors de la précédente édition. Les organisateurs ont, dans le cadre de la rigueur de la gestion budgétaire, le souci de maîtriser les dépenses. Le ministère de la culture a alloué à ce festival une enveloppe de 15 millions d’Ouguiyas contre 10 millions en 2006.
Cette manifestation musicale, devenue un rendez-vous culturel, revêtira un cachet particulier. Elle visera à revaloriser les compétences artistiques et culturelles du pays tout en permettant de rehausser l’image de marque de la Mauritanie. Elle s’inscrit dans la continuité des précédentes éditions. Toute la ville s’animera au rythme des concerts dans les départements et des animations de quartiers pendant le temps du festival. Une antenne permanente sera mise en place avec les relais locaux (mairies, associations…) dans plusieurs quartiers des différentes communes (départements). Chacun des quartiers accueillera quotidiennement, en fin d’après midi, près de 20 concerts de chanteurs et musiciens de la scène mauritanienne.

Aux environs de minuit, après les concerts du Ksar, le CCF accueillera sous la khaïma, dans une ambiance conviviale et «acoustique», les grands artistes traditionnels, maîtres des musiques maures et négro-africaines, virtuoses du chant, du tidinit, de l’ardine et des percussions… . Ils inviteront, au cours des «veillées» sous la Khaima, le public, les professionnels et les journalistes étrangers à entrer dans la nuit en musique, en découvrant la richesse du répertoire traditionnel qui a traversé les époques jusqu’à nos jours.

Par ailleurs, une rencontre professionnelle se déroulera au cours de ce festival sur «la circulation des artistes entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne». Cette table ronde réunira les responsables festivals et grandes manifestations musicales du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne autour des enjeux de la circulation et le formation des artistes: Festival Timitar / Essaouira (Maroc), Festival au Désert (Mali), Festival Hip Hop de Ouagadougou (Burkina Faso), Festival El Jem (Tunisie), Africa fête (Sénégal), Transsaharienne des Arts et de la Culture (Niger) etc.

Le CCF accueillera le campement du Festival: bureau d’information, point presse, expositions, conférences, restauration… Sous une grande khaïma, un espace convivial de rencontre est aménagé pour la durée du festival.

Une sélection de quatre groupes mauritaniens «émergents» sera présentée au public chaque soir à 17h dans la salle de concert du CCF, avant les grands concerts de soirée. Accompagnés dans le cadre d’une formation à la scène, ils représentent la nouvelle génération d’artistes mauritaniens qui, bientôt, sillonnera les routes africaines et européennes avec leurs instruments.

Enfin, le grand stade au cœur de la commune du Ksar est aménagé en espace de concert: accès public, grande scène équipée d’un système d’éclairage et de sonorisation d’envergure pour l’accueil des concerts internationaux destinés à un large public venant de toute la ville. Deux groupes internationaux invités se succèderont sur la scène chaque soir du 8 au 12 avril 2008.

Donner une âme à Nouakchott

Ce festival se déroulera dans un contexte particulier de troubles, suite aux attentats d’Aleg, de Nouakchott et l’attaque de la base de Ghallaouiya. Il s’agira donc de «mettre en évidence les valeurs de tolérance, d’hospitalité, de fraternité et d’ouverture», souligne la directrice du festival.

Cette quatrième édition constituera aussi un moment d’échange culturel entre des artistes venant d’horizons divers. Ce festival donnera, soutient Mme Khady Mint Cheikna, directrice du festival, une «âme à cette ville, à, tout un peuple en offrant de grands spectacles aux populations» mais aussi fera émerger et identifier de jeunes talents. Cette rencontre constituera également un «cadre de contact entre producteurs et artistes» sans oublier qu’elle donnera une impulsion toute particulière au «rayonnement de la Mauritanie». D’autant plus que la culture mauritanienne mise à l’évidence sera à l’honneur. C’est un «enjeu de taille» martèle Mme Khady. Ce festival ira vers le public, laisse entendre Athié Mohamed El Mechri, directeur technique du festival. Pour nous, il est important de «casser» le communautarisme, affirme-t-il et de procéder à une gestion rationnelle des plateaux.

Ce festival s’inscrit dans le cadre de la coopération privilégiée entre la Mauritanie et la France, en plus des partenaires institutionnels, l’Union européenne, l’ambassade d’Allemagne et d’Espagne ainsi que des partenaires privés. La commission d’organisation s’attèle à la réussite de cette manifestation.

Quant au directeur des arts et de la culture, Adnan Ould Beyrouck, il a réitéré l’engagement du ministère de la culture à soutenir et à encourager ce festival qui a permis l’émergence d’une expertise nationale et a ouvert une fenêtre sur la Mauritanie. Le Centre culturel français de Nouakchott accompagnera, selon son directeur Philippe De Brion, le festival dans le domaine de la logistique et de la gestion technique sans oublier une contribution financière.

Au cours de ce festival, il sera procédé à la délivrance de diplômes aux stagiaires ayant subi des formations dans le domaine de la gestion de plateau, de l’éclairage et de la prise de son.

Sans se retarder sur la non tenue du festival l’an dernier, Benoît a reconnu que peu de manifestations culturelles s’installent sur la durée. Rarement, des festivals perdurent plusieurs années. Il est nécessaire, dit-il, d’effectuer un travail de fond au moment où le festival international des musiques nomades a acquis une renommée sans précédent dans le milieu professionnel et dans le paysage de grande manifestation culturelle en Afrique.

Tirant le bilan de la dernière manifestation, le directeur du programme extérieur du festival, Benoît Thibergian, a indiqué qu’il a permis aussi bien l’éclosion de talents que la connaissance à l’extérieur des artistes mauritaniens émergeants qui se sont professionnalisés. C’est ainsi que le groupe Didaal Jalaal a bénéficié d’une résidence musicale et d’une production à la Cité musique. Mohamed Salem Ould Meïdah a donné un spectacle en compagnie de percussionnistes iraniens et d’autres batteurs de flamenco. Il a estimé que 60.000 personnes ont suivi les spectacles au stade du Ksar qui a connu lors de la dernière édition une grande fréquentation sans oublier les autres spectacles décentralisés dans les neuf départements de la capitale.

Crée en 2004, le Festival International des Musiques Nomades de Nouakchott, première manifestation annuelle de dimension internationale dans le pays, a contribué ces dernières années à dynamiser la vie musicale en Mauritanie. Fort du succès des premières éditions, son rayonnement et sa pérennisation lui permettent aujourd’hui de rejoindre les grandes manifestations culturelles existant déjà dans les grandes villes africaines telles que Dakar, Ouagadougou, Bamako, Marrakech, Fès, etc.

Thématisé autour des musiques nomades, ce festival valorise les artistes mauritaniens, mais invite également des musiciens issus des cultures nomades du monde entier à se produire en Mauritanie.

Ce «nomadisme musical» s’entend aussi et sûrement dans sa dimension contemporaine. Sensible à la mondialisation des échanges artistiques et culturels, le Festival favorise les rencontres «transculturelles» entre tradition et modernité, associant les artistes de cultures différentes et les technologies contemporaines sur des projets artistiques inédits.

Enfin, le projet développe – à l’occasion de la manifestation – un volet formation des artistes, des équipes administratives, techniques et logistiques du pays, destiné à la pérennisation de la manifestation à moyen terme et la professionnalisation des artistes.

Posté   le 12 Feb 2008   par   biko

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