Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Cet adage colle bien à ce jeune artiste, qui vient juste de fêter ses 28 ans. Pour comprendre l’aura de Djiby Dramé, il faut interroger la culture mandingue et faire un voyage au Mali afin d’interroger l’histoire de Bansoumana Cissokho. Cet homme, descendant de Balla Fasséké, le maître des maîtres, qui avait osé s’introduire dans l’antre des pouvoirs du roi Soumangourou Kanté, pour jouer le “conting” ou guitare africaine, reste vivace dans la culture mandingue. Bansoumana Cissokho est né aveugle et s’est forgé une notoriété de prédicateur. N’est-ce pas lui qui avait en son temps chanté l’arrivée et le départ de Modibo Keita, le règne de Moussa Traoré dans des chants qui étaient devenus l’hymne des populations du Mali.
Bansoumana Cissokho avait aussi le pouvoir de laisser son instrument dans sa chambre jouer seul alors qu’il entonnait une chanson au dehors. Le père de Djiby Dramé Dembo est l’élève de ce maître incontestable. Revenu dans son Bakel natal, Dembo, le père de Djiby, n’avait pas d’égal avec son conting. Il est incontestablement le patron de sa génération et le virtuose de la chanson soninké, dans cette sous région qui reste incluse dans le grand royaume mandingue.
A l’image des autres jeunes musiciens qui veulent se faire une place au soleil de la scène musicale sénégalaise, Djiby Dramé se devait d’être au pinacle de son art afin de confirmer tout le bien que les mélomanes pensaient de lui. Il en a saisi l’occasion lors de son fameux play back pendant l’édition régionale de miss Tambacounda et de la « nuit du Bazin », prestation qui l’a fait sortir de l’anonymat. Aujourd’hui, Djiby Dramé est présenté comme un des plus jeunes talents capables de prendre la relève des plus belles voix de la musique traditionnelle mandingue du pays. Avec « Soninké » (Sarakholé) sorti sur le marché il y a quelques mois et la mise sur pied de son groupe dénommé « Dialiya » (le griot), Djiby Dramé vient de démontrer qu’il a de beaux et grands jours devant lui.
Tout en restant égal à lui-même, il continue de surprendre son public avec son port vestimentaire composé à chaque fois de deux à trois pièces mais à chaque chanson sa couleur. Sa nouvelle production est riche de huit compositions, avec les morceaux « Sinikan » (la parole de demain) où il rend hommage à son défunt père, qui à chaque fois ne cessait de lui apporter son soutien et le conseillait de ne pas avoir peur de ce qu’il fait et « Soninko » (le Sarakholé) qui parle de ses liens sarakholé par son père. L’originalité de cette cassette réside dans le fait que les instruments de la musique traditionnelle côtoient ceux de la musique moderne dans une harmonie unique qui est le fruit d’un long travail et de beaucoup de recherches. « Je suis né d’une famille griotte, de père Sarakholé et de mère Bambara. J’ai commencé à chanter alors que j’étais tout petit. J’ai dû abandonner l’école en classe de Cm2 pour me consacrer à cet art, menant aussi d’autres activités. J’ai beaucoup appris et mûri», précise le lead vocal du groupe « Dialiya ».
Son style musical, ses danses, ses grands boubous amidonnés enflamment le public
Et de deux pour Djiby Dramé! Après avoir enflammé le public du cercle mess du camp militaire Mamadou Lamine Dramé de Tambacounda lors de l’élection de Miss régionale édition 2007, Djiby Dramé a récidivé auprès du public ce samedi en soirée au cercle mess du même camp militaire. La fête, qui a démarré vers 1 heure du matin, s’est prolongée jusqu’à 4 heures 15 minutes. L’étoile filante de la musique mandingue a tenu en haleine le public pendant 3 tours d’horloge. Un public composé essentiellement de jeunes filles, jeunes garçons, hommes et femmes, driankés, diongomas et autres demoiselles qui ont pris d’assaut le cercle mess très tôt dans la soirée. Des hommes et femmes de toutes sortes d’ethnies étaient là, avec en renfort certaines griottes de la capitale orientale, habillées comme si le seul mot d’ordre était « la tenue traditionnelle Bazin », le tout dans une ambiance féérique.
Tous ont tenu à assister au spectacle de leur idole et de son groupe composé essentiellement de jeunes musiciens. C’est vers les coups de 1 heure 10 que les choses sérieuses ont commencé avec l’entrée en matière de la choriste Goundo, accompagnatrice de Djiby Dramé, qui a annoncé la couleur sous l’ovation du public en transe. Peu après la prestation de Goundo Sakiliba Kanouté, l’annonce de l’arrivée de Djiby Dramé va électriser les fans impatients de voir leur idole. A 1 heure 12 minutes, une magnifique ovation annonce l’arrivée sur le podium du lead vocal Djiby Dramé. Le groupe au grand complet, avec dans ses rangs le véritable mæstro, l’homme aux mains baladeuses sur les fils de la kora, El Hadji Soriba Kanouté, à la batterie Iba Samb, au clavier Papis Coly, à la guitare basse Kéne, aux percussions Fa, Moli et Mbengue entre autres sont accueillis dans un déluge total d’applaudissements.
Très en verve, Djiby a fait bouger tout le public avec ses douces sonorités. Ses danseuses Mariétou Cissokho et Thioute Cissokho de la famille « Banaya Cissokho » n’ont laissé personne indifférent avec des coups de reins, de fesses, de tête et autres « thiaxabal » dans un ensemble de tenue de danse. Le jeune et talentueux Djiby Dramé a étalé tout son talent de chanteur et danseur dans le morceau « Keur Ndiaye Wéli » (Il fait bon chez Ndiaye). A chaque chanson, le public s’emballait. L’artiste qui a préféré abandonner le podium pour s’approcher davantage des fans était submergé par les ovations et des tonnerres d’applaudissement. Et les billets de banque de pleuvoir de partout, aux grand dam des invités qui en redemandent.
Des centaines de milliers de francs offerts à Djiby par le public
On ne se croyait pas à Tambacounda, la région réputée être la plus pauvre économiquement du Sénégal. En effet, le public a gratifié de centaines de milliers de francs Djiby Dramé en entendant le leader du Dialiya chanter leurs louanges ou ceux de leurs amis ou connaissances. On se serait cru dans un casino avec le nombre impressionnant de billets de banque qui jonchaient le sol autour des pieds de Djiby. Est-ce par tradition ? Par exhibitionnisme ? Par amour pour Djiby ? Par orgueil ? En tous cas, à la fin du concert, la majorité du public a rebroussé chemin à pied, ne pouvant plus se payer le prix du taxi.
Des incidents en plein concert
Ce genre de manifestation sont le moment privilégié des photographes tambacoundois pour tirer leur épingle du jeu. En effet, comme il est de coutume dans les concerts de musique traditionnelle, le public aime bien se faire prendre en photos avec la star de la soirée. Ce samedi, un des membres du staff de Djiby Dramé a voulu empêcher les fans de prendre des photos avec leur idole, attitude que les photographes et cameramen ont déploré, en usant même de la force physique. Heureusement, il y a des gens qui pour rien au monde ne laisseraient ces jeunes farfelus gâcher leur fête. En quelques minutes, la situation a été maîtrisée et les photographes ont pu continuer à faire leur boulot et une foule nombreuse s’est fait photographier toute la soirée.
Le Général » Baye Kara » parmi les invités
Le Général du rap à Tambacounda était aussi présent au cercle mess des officiers où il a fait bouger ses fans avec son nouveau titre « Africa Unite », titre sur fond de reggae qui sera bientôt sur le marché. Baye Kara reste toujours le jeune rappeur engagé et décidé à être le porte flambeau de la capitale orientale en matière de Hip Hop. Il a en ce moment beaucoup de beaux projets et cherche toujours des partenaires pour voir ses projets naître au profit de la jeunesse tambacoundoise et sénégalaise.
Source: Tambacounda Info