Le Hénné, une gerbe de séduction

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Les mains, les pieds et les cheveux sont les symboles même de la féminité, les hommes eux-mêmes l’avouent. Ces parties du corps, lorsqu’elles sont douces et soignées, sont aussi érotiques que les creux des reins ou la courbe des hanches ! Forcément on se jette sur les produits de manucure, de pédicure ou capillaire. Alors, pourquoi ne pas mettre un peu d’exotisme dans nos soins de beauté en empruntant aux éblouissantes de là-bas leurs recettes, telles que le . Pour une beauté saine et naturelle, à lui seul il remplit plusieurs fonctions. Chevauchant le temps, le subsiste toujours et résiste bien au temps et à la modernité.

Il est difficile de dire, avec certitude, d’où vient le henné. On dit qu’il aurait voyagé au gré des conquêtes musulmanes, mais on le retrouve dans la plupart des civilisations, bien avant l’apparition de l’Islam. Le henné serait originaire d’une région située entre le sud de l’Iran et le Béloutchistan. C’est de là qu’il aurait ensuite gagné, dès l’Antiquité, le nord de l’Inde, la Syrie, la Palestine et l’Egypte. Le henné est employé depuis la plus Haute Antiquité.

La plante

Le henné se caractérise par des feuilles d’un vert plus intense que celles de l’olivier. La graine est noire comme les grains du sureau. La fleur blanche odorante est pareille à la mousse. Il soigne, fortifie, embellit et teint les cheveux et les mains. Plus particulièrement, le henné gaine les écailles du cheveu, apporte volume et tonus aux cheveux fins et mous. Il reste très apprécié des cheveux gras car permettant de réguler le sébum. Vous trouverez, dans le commerce, du henné neutre qui apportera vigueur et brillance aux cheveux ternes et du henné coloré pour teinter votre chevelure. Le henné a été de tout temps le cosmétique le plus employé. Les qualités de cette plante, que les musulmans disent venir du Paradis, sont nombreuses et son usage millénaire.

Les tatoueurs sont là !

On utilise ses feuilles pour les vertus colorantes, cosmétiques et thérapeutiques; ses fleurs pour leur parfum suave; ses racines pour les propriétés médicinales. Il est aussi utilisé pour colorer les cheveux et leur donner des reflets dont l’intensité dépendra du temps de pose. L’histoire du henné est à l’image de nombreux produits traditionnels. Elle porte en elle des siècles, voire des millénaires d’interactions culturelles, d’invasion et d’échange commerciaux. Il est donc fort probable que le henné et ses différents usages soient le fruit de ces interactions et qu’il n’y a pas une origine du henné, mais plusieurs. Aujourd’hui, le tatouage temporaire au henné se lance à la conquête des pays occidentaux où il est devenu un véritable phénomène de mode. Au Sénégal, comme ailleurs, les tatoueurs au henné ont, de plus en plus, pignon sur rue. Nombreuses sont les stars sénégalaises, comme américaines, qui arborent des tatouages ethniques.

Le henné neutre

Le henné est aussi célèbre pour ses propriétés cosmétiques. On sait qu’il est excellent pour la peau et les cheveux. Il gomme aussi les impuretés et adoucit la peau en lui donnant un léger hâle. Astringent, il resserre les pores et unifie le teint. En plus, son action anti- bactérienne en fait un excellent déodorant. Il est, bien entendu, un produit naturel de teinture idéal. Du henné -médicament au henné- sortilège, en passant par l’atout séduction, la petite plante odoriférante s’est révélée être un pilier des cultures juive et musulmane au Maroc. Il n’y a pas de cérémonies ni de fêtes religieuses sans henné. Vif, séché ou broyé, il est utilisé dans différentes manifestations. Le henné neutre fait partie intégrante de l’attirail de beauté des femmes et parfois des hommes. Du Maghreb au Moyen-Orient. Faites en bon usage. Toutefois, il faut savoir que certaines peaux y sont allergiques.

À CHEVAL ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ : Le charme de la vétusté ou l’art de la plume

Pourquoi souffrir le martyre avec des aiguilles ? Pourquoi dépenser des sommes folles pour faire enlever un tatouage permanent qu’on a fait faire sur un coup de tête ? Le tatouage au henné se fait au pinceau, à la seringue, en surface sans pénétration de l’épiderme. Il est sécuritaire, temporaire, sans douleur. C’est un plaisir. Avec un maillot de bain, ou un décolleté estival, le tatouage prend un air taquin.

Profondément ancré dans les us et les coutumes, le henné tient une place de choix dans la vie quotidienne. Les femmes font un usage courant du henné pour teindre leurs cheveux, leurs mains et leurs pieds et appliquent elles-mêmes la pâte. Dans ce dessein, elles achètent de la colle, sous forme de sparadrap, qu’elles recollent sur leurs mains ou leurs talons avant d’appliquer le henné précédemment mélangé à du «bissap». Pour le rendre plus coloré. Ensuite, elles enveloppent la partie préalablement enduite de henné dans un sachet pendant une ou une demi- journée. En vue de rendre la coloration plus foncée et assurer ainsi sa longue tenue.

Mais, pour des applications élaborées, elles recourent aux services d’hommes appelés « tatoueurs », véritables artistes. Jadis, elles utilisaient un bâtonnet effilé pour ébaucher de fines lignes. Aujourd’hui, elles ont recours à des seringues de calibre différent. Le savoir-faire des tatoueurs modernes s’est adapté à la demande des jeunes générations. Bref, c’est l’ère des bonnes affaires pour les tatoueurs. Mais si certains le font pour préserver leurs valeurs, d’autres s’adonnent à ce «rituel» par souci de coller à la mode. Ce dernier aspect gagne de plus en plus du terrain au Sénégal. Selon Pape Samb, un tatoueur basé au centre commercial Elizabeth Diouf sis au marché Hlm, «le tatouage est très prisé par les jeunes, surtout du côté de la gent féminine.

Et les jeunes filles le font sous forme de dessins représentatifs par souci de modernité. Cela ne veut pas dire pour autant que les hommes sont en reste». Eh oui, les hommes veulent paraître «in» et redonner du tonus à leurs muscles. Et dans ce cas, un petit tatouage au henné serait la bienvenue. Également pour les grandes dames, les tatouages au henné constituent un allié de taille, pour les grandes cérémonies. Pour ceux qui rechignent à faire un tatouage définitif, le henné constitue donc un excellent supplétif. Et pour les prix, ils varient entre 2500 et 3000 Fcfa pour les mains et pour les pieds de 3000 à 7500 Fcfa. « En fait, le prix dépend du motif et de sa taille», nous explique-t-il. Ce tatouage, certes temporaire, peut durer 25 jours ou un mois, tout au plus. De couleur rouge, noire ou marron, il est réalisé à base de henné mélangé à un produit provenant de l’Arabie Saoudite.   

Le henné est aussi un

Le henné est utilisé dans les différents rites qui régissent les traditions. On dit qu’il est signe de bonne chance. Une tache de henné dans le creux de la main droite est particulièrement efficace contre le mauvais oeil. Certains rituels ont, peu à peu, disparu ou sont moins pratiqués par la nouvelle génération. Tandis que d’autres demeurent immuables à l’occasion des fiançailles, du mariage, de la circoncision et du Ramadan. Puisque le henné constitue un ornement décoratif, il n’est pas appliqué pendant la durée du deuil. Au septième ou au quarantième jour, le henné, mis en pâte, circule dans l’assemblée, afin que l’on puisse le toucher, signe de l’autorisation à l’utiliser à nouveau. Un autre interdit est imposé pendant la période du Ramadan, car c’est le moment où l’être humain se purifie et renonce à tout apport étranger à son corps.

La veille du 27ème jour, on procède au tatouage pour éloigner toute influence négative pour le jeûne à venir. La mariée est coiffée le jour du mariage par une femme heureuse, n’ayant pas de rivale. Après avoir reçu une application de henné, les cheveux sont tressés, enserrés dans un anneau d’argent, symbole de la pureté. La «hennayat» (celle qui met le henné) casse un oeuf sur sa tête, symbole de la fécondité, en nouant les cheveux, elle y introduit deux dattes enduites de miel, symbole du bonheur. Ses mains et ses pieds font l’objet de dessins complexes et deviennent de véritables oeuvres d’art. La plante de henné fait partie aussi des cadeaux traditionnels. La cérémonie du henné se perpétue aussi dans la coutume de la circoncision.

Les vertus du henné

Le henné n’est pas seulement utilisé pour embellir les mains, les pieds, les cheveux, etc. Les qualités de cette plante sont nombreuses et son usage millénaire.?On utilise ses feuilles pour les vertus colorantes, cosmétiques et thérapeutiques ; ses fleurs pour leur parfum suave ; ses racines pour ses propriétés médicinales. En effet, il peut être exploité à d’autres fins, notamment pour des soins thérapeutiques. Il peut être préparé sous trois formes différentes : en pâte ou dissout dans de l’eau ou du lait, en décoction ou en infusion de racines. On remarque qu’il  y a trois grands domaines d’application du henné en ce qui concerne les soins thérapeutiques : la peau, l’organisme et les muscles.

Traiter les maladies de peau

Ce sont les traitements cutanés qui sont de loin les plus connus et les plus répandus. Des analyses récentes ont montré que le henné possède des vertus antibactériennes, diurétiques et anti-diarrhéiques. Les brûlures bénignes sont soignées à l’aide d’emplâtres de henné. Celui-ci permet à la nouvelle peau qui se forme de s’épaissir et de s’endurcir. La varicelle est soignée par application de henné en poudre mélangé avec du lait de brebis sur tous les boutons dès leur apparition. Ils sèchent alors sans noircir, ni laisser de cicatrices. Les boutons de chaleur subissent le même traitement : soit on douche le corps avec de l’eau teintée de henné, soit on saupoudre les boutons de henné et l’on  attend que la sueur sèche.

Purger l’organisme

Ce genre de traitement est surtout utilisé pour les nourrissons et les personnes âgées. En fait, le henné a une action régulatrice et purificatrice du fonctionnement intestinal. Le nourrisson est parfois affecté par des verres intestinaux. Pour le soigner, on lui fait prendre une petite quantité de lait dans lequel on aura fait tremper des feuilles de henné. Ce liquide purge l’enfant. Si l’affection n’est pas traitée de cette façon, cela peut conduire à une maladie du sang. Les coliques et les diarrhées sont traitées par des lavements avec de l’eau dans laquelle ont macéré des feuilles de henné, puis chauffée et filtrée. D’une façon générale, les populations qui utilisent le henné comme soin thérapeutique perçoivent leurs corps comme un organisme perpétuellement encombré de scories empêchant son bon fonctionnement et dont il faut se débarrasser.

Relaxer les muscles

On enduit de henné les parties paralysées d’un corps, à condition que celle-ci ne soit pas causée par une fracture mais par une contracture d’un tendon ou d’un muscle. Le henné est saupoudré dans du beurre fondu que l’on chauffe, on étend cette préparation sur le corps que l’on masse plusieurs jours durant. Le beurre permet de faciliter le massage et permet ainsi une meilleure pénétration du henné dans la peau. La guérison s’obtient en quelques jours. Les mêmes soins sont prodigués après résorption d’une fracture. Le membre blessé est massé dans le sens de la longueur.

Cette douceur enivrante des paumes qui …

«Femme noire. Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’éternel. Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie». Dixit Léo le Poète. Comme la couleur noire renvoie à beaucoup de choses, dont le henné, l’on ne saurait passer sous silence ce produit dont les vertus coiffent celles de la pédicure et de la manucure.    

Femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ! J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux. (…) Délices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire…» in «Chants d’Ombre» de feu Léopold Sédar Senghor. En écrivant ces vers d’une rare beauté, le président- poète ne faisait pas que sublimer la grâce naturelle de la femme noire. Noire. Comme la couleur que laisse, si tant est qu’il est bien fait, le henné. «Foudeun» comme diraient les wolofs authentiques.

Tout un cérémonial avant d’en arriver à ce résultat qui faisait, naguère, le charme de nos charmantes femmes. Sans artifices, sans paillettes, sans maquillage, rien d’extravagant, pour dire le moins, la femme africaine, sénégalaise en particulier, avait un petit «quelque chose» qui la différenciait, et continue de faire sa particularité, des autres femmes. Bref, son raffinement n’a d’égal que sa grâce naturelle qui la distingue, ici et ailleurs, de ses autres sœurs. Aussi, tout, ou presque, était prétexte pour se teindre les pieds et les paumes. Et dans une moindre mesure les cheveux. Et il faut dire que le henné fait partie de cet attirail explosif qui constitue la force de frappe de la gent féminine sous nos chaudes latitudes. Rien, ni personne, ne les fera bouger d’un iota. Elles se démènent, en effet, comme de belles diablesses pour aggraver ce qui, aux yeux de beaucoup d’hommes, est un cocktail détonant. Vous avez deviné cette faculté congénitale qu’ont ces nymphes de vous lisser la peau, comme un bébé, pour vous endormir.

Pour ne pas dire vous transporter au Paradis dont le henné, selon une certaine historiographie, serait originaire. Aussi, il n était pas rare, « ba adouna daan baax »,  comprenez avant que la « civilisation » nous éloigne de la plupart de nos us et coutumes, de voir les dames parées de leurs «Louis d’or », drapées dans des tissus « soie ou tapis », chaussant des « marakiss », « foudeun bamou nioul » (les paumes et les pieds bien teints au henné) déambuler majestueusement pour aller honorer une de ces rencontres mondaines qui font, quelque part, sans aucune connotation péjorative, notre originalité. Et les puristes ne nous démentiront pas qui persistent à croire que « diongoma amatoul si miim reew ». Autrement dit, il n’y a plus de « Grande Dame », au sens figuré bien entendu, dans ce pays. En langage décrypté, cela veut dire tout simplement que les femmes sont tellement « dominées » par la modernité qu’elles en ont perdu de leur superbe. Voire de leur feeling. Tout cela pour dire que nos « Diongoma » et autres « Linguére » ont fait place nette à des « driyankés » d’un genre nouveau qui, en lieu et place du henné, préfèrent quelque chose qui semble être une sorte de clonage qui ne dit pas son nom : le tatouage. Fait à base de produit chimique, il produit le même résultat que le henné. Avec le naturel en moins.

Dès lors, on ne plus penser, comme le chantait l’enfant de Joal, «Femme noire, femme obscure, huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali, gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.  Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire. À l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux ». Il est vrai qu’en cette période, la beauté de la femme noire était encore capable, « au coeur de l’Eté et de Midi, du haut d’un col calciné », de foudroyer en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle, le plus détaché des mollahs. David Diop ne s’y était pas trompé qui déclamait, majestueux, « Saute, saute, belle jigéen, c’est le tam-tam des arènes qui t’appelle ce soir ». L’auteur n’avait pas besoin d’ajouter que Koumba, l’éblouissante Reine, qui en était la Guest Star, «day foudeunou bouy nieuw ». Nostalgie quand tu nous tiens !     

Ndeye Fatou Seck, Maria Dominica Thiam Diedhiou et PAPA,

Source: Sénéweb

Posté   le 18 Nov 2007   par   Fatou, une

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