« Un conte est un miroir où chacun peut découvrir sa propre image »…le Sage Amadou Hampâté Bâ.
Le fait de n’avoir pas d’écriture ne prive pas pour autant les Soninké d’avoir un passé, et une culture. L’écriture est une chose et le savoir en est une autre. L’écriture est la photographie du savoir, mais elle n’est pas le savoir lui-même.
Le conteur dans la culture Soninké raconte et interprète le conte à l’aide des paroles, des gestes et de la mimique en utilisant les mêmes formules. La parole est un élément essentiel du conte Soninké, elle n’est pas arbitraire mais remplit une fonction bien déterminée.
Il faut également souligner que le public joue très souvent une partie active dans le conte soninké parce qu’il doit en effet répondre de façon bien déterminée aux questions du conteur qui font aussi partie intégrante du conte Soninké. L’inter-action entre public et conteur a des formes de rite. Ceci explique aussi le fait que la littérature orale se divise, elle aussi, souvent en textes sacrés et profanes.
Comme le conte fonctionne aussi en tant que conte d’initiation, l’importance de la parole est évidente. La parole en tant que rituel des contes soninké est la forme sacrée et un mode formalisé pour entrer en contact immédiat avec le public.
Le conte Soninké et la nuit…
Le conte est l’élément le plus connu de la tradition orale Soninké. Il est généralement défini comme un récit d’aventures imaginaires à vocation didactique ou initiatiques dans certains cas. (Hampâté Bâ en a longuement parlé dans « Contes initiatiques Peuls » du Macina au Mali).
Le conte Soninké est populaire, c’est-à-dire créé par et pour le peuple: il naît et vit de la collaboration entre le peuple auditeur et le conteur respectueux de son idéologie, de sa culture. Traditionnel, le conte Soninké se transmet oralement de génération en génération depuis l’Empire du Ghana. Il dépend étroitement de la culture et de la géographie physique de la localité Soninké qui l’a produit.
On trouve souvent des variantes de certains contes qui diffère selon qu’ils soient conté au Gadiaga, Hayiré, Guidimakha, Fouta, Diafounou, Karta ou kingui.
Le conte Soninké est généralement dit aux jeunes par les anciens, à la tombée de la nuit. Parmi les nombreuses explications sur ce moment particulier d’énonciation du conte, retenons celle ci: « La nuit est plus propice au rêve et à l’imagination créatrice, et l’esprit est plus libre après les travaux et les soucis diurnes ».
La nuit est le domaine desanimaux et des esprits. C’est le moment que choisissent les êtres nocturnes pour se manifester. Il arrive souvent d’entendre la hyène ricaner derrière le village tandis que l’on évoque dans le conte. La nuit est le moment propice pour captiver cet auditoire jeune jusqu’à ce que leurs paupières devinrent lourdes.
La culture Soninké à l’instar des autres peuples africains a ses racines dans le conte.
Les différents genres de la culture orale traditionnelle Soninké regorgent de préceptes, d’anecdotes qui éduquent véritablement au respect des parents et des aînés, l’honnêteté, le courage, le sacrifice, la tolérance, à la modération, etc. Pour montrer la puissance des contes dans la formation culturelle de l’ enfant, voici un conte Soninké connu de tous. Voici un conte Soninké connu de tout Soninkara.
La plupart des personnages dans le conte Soninké sont des animaux. On ne les désigne jamais sans précéder leur nom de « kaawou » qui signifie oncle en Soninké. Ceci est fait exprès afin d’habituer le jeune auditoire à ne jamais appeler les aînés directement par leur nom.