BAMAKO – Une délégation mauritanienne se trouvait vendredi au Mali pour annoncer la décision de Nouakchott d’organiser « dignement » le retour dans leur pays d’origine des réfugiés négro-mauritaniens établis au Mali depuis leur déportation après des incidents communautaires entre 1989 et 1991.
La délégation mauritanienne, comprenant notamment Yall Zekaria, ministre de l’Intérieur, et Yahya Ould Ahmed Waghef, ministre secrétaire général de la présidence, a rencontré des réfugiés mauritaniens dans la nuit de jeudi à vendredi dans la capitale malienne.
« Nous sommes là pour dire que le gouvernement mauritanien travaille pour organiser dignement leur retour au pays », a déclaré à la presse M. Zekaria peu après la rencontre.
« Nous sommes aussi là pour leur dire que l’Etat est disposé à les rétablir dans tous leurs droits, à faire en sorte que toutes les injustices qui ont été commises par le passé soient réparées », a poursuivi le ministre.
« Je vous annonce également que courant septembre, à Nouakchott, il est prévu une journée de réflexion sur la question des réfugiés », a déclaré de son côté M. Ould Ahmed Waghef, par ailleurs président du Comité interministériel chargé de la question des réfugiés.
« Nous voulons que le HCR et gouvernement malien participent à l’organisation de notre retour dans notre pays », a réagi Cheikh Oumar N’Diaye, président de l’association des réfugiés mauritaniens au Mali.
« Il y a des gens qui ont perdu leur bétail, il y a des parents qui ont été tués, des fonctionnaires qui ont perdu leur travail. Il faut que le gouvernement se penche sur tout ça », a-t-il poursuivi, tout en « saluant l’initiative de l’actuel gouvernement » mauritanien.
La délégation a été reçue jeudi et vendredi par plusieurs responsables maliens, dont le président Amadou Toumani Touré. Ell devait se rendre vendredi dans la région de Kayes (ouest), où résident de nombreux réfugiés négro-mauritaniens. Son séjour au Mali doit prendre fin dimanche.
Plusieurs dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens ont été déportés, vers le Sénégal et le Mali pendant des violences inter-ethniques entre 1989 et 1991.
Le Haut Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR), qui estime à quelque 6.000 les réfugiés installés au Mali, a déjà prévu de participer au rapatriement, à partir d’octobre, de quelque 14.000 réfugiés du Sénégal.
Le chef de l’Etat mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu du pays, en mars 2007, a exprimé fin juin sa « compassion » envers les victimes d' »exactions graves et injustifiées » sous le régime du président Maaouiya Ould Taya, renversé par un coup d’Etat militaire en août 2005.
(©AFP / 07 septembre 2007 13h59)
