Il convient aujourd’hui de remercier vivement la population de Bakel qui a compris les en jeux de cette élection en accordant au candidat anti-monarchie 70 % de ses suffrages.
La population de Bakel est à la pointe de l’expression de cette volonté du peuple sénégalais de ne jamais laisser personne se mettre au-dessus de sa souveraineté.
Aujourd’hui, c’est jour de fête et il n’est nullement question de ne pas se réjouir d’une victoire incontestable.
Avec Wade la menace monarchique semble éloignée, tout comme la politique du ventre. Nul ne pourra plus gagner des élections en distribuant à la volée des sacs remplis d’argent public, mais surtout en jouant sur les cordes dangereuses de la division du peuple sénégalais.
Les tâches lourdes et urgentes qui attendent le Président élu ne manquent cependant point :
1°) Sans tomber dans la chasse aux sorcières, il s’agit de toute urgence de faire un audit sans concession de la situation globale du pays après tous les crimes économiques commis contre le peuple sénégalais sous le régime de Wade. Dire la vérité aux Sénégalais qu’on ne peut plus continuer à considérer la politique comme le chemin le plus court pour la corruption et l’enrichissement illicite impuni. Il faut nous retrousser les manches et nous mettre tous au travail. Chacun sera récompensé en fonction de ses efforts et de son mérite et non par le vol des deniers publics. Que les voleurs potentiels sachent que le temps de l’impunité est désormais révolu.
2°) Mettre de l’ordre dans les institutions afin de les rendre plus stables et plus transparentes. Séparer les trois pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire, en renforçant au passage le législatif face à l’omnipotence du Président et de son exécutif, et en réfléchissant au rôle et à la nécessité du Sénat. M. Macky Sall s’étant déjà prononcé sur l’épineux problème du mode de désignation des juges du Conseil Constitutionnel, nul besoin d’y revenir en détail.
Renforcer notre démocratie, c’est aussi élargir l’espace des libertés individuelles et collectives à travers des contre- pouvoirs renforcés et respectés : presse, syndicats, opposition politique, société civile, etc.
3°) Concernant le libéralisme, l’Etat doit certes faire appel aux capitaux étrangers indispensables au développement économique du pays, mais il convient de tenir compte de notre spécificité de pays pauvre afin d’intervenir dans la gestion du franc CFA (qu’il faut songer à changer), du mouvement des capitaux, des bénéfices et des technologies nouvelles. Il faut encourager le réinvestissement sur place et la formation de nos concitoyens..
4°) Equilibrer les régions du pays au plan économique et des infrastructures : routes, écoles, santé, culture, sport, etc. par une administration juste et équitable pour tous.
5°) Dans nos relations avec les puissances étrangères, il serait temps de réfléchir à l’émancipation de nos pays par rapport au système de phagocytage instauré par les anciennes puissances coloniales ou les nouvelles menaces hégémoniques des puissances émergentes : contrôle politique, économique, financier, présence d’ONG intéressées, etc. Il nous faut maîtriser notre relation au monde.
A Bakel nous ferons tout pour conjuguer nos efforts avec ceux du reste du peuple sénégalais pour renforcer la société civile. Dès lors, les hommes politiques de tous bords et à quelque niveau que ce soit, doivent enfin savoir que «nous ne danserons plus au carnaval des autres ».