El Hadj Omar Foutiyou Tall, le guide religieux qui a tenu la dragée haute aux Français a laissé des traces indélébiles à Bakel. Ici, il se dit que le saint homme établissait, lors de ses périples, ses quartiers au sommet d’une des montagnes qui font le charme de la ville. Situé au dessus du quartier Darou Salam, le site est un endroit qui fascine grâce notamment à sa quiétude. En plus d’être un sanctuaire religieux, l’endroit était aussi une forteresse imprenable pour le natif d’Halwaar et ses compagnons qui pouvaient, à partir du sommet de la montagne voir les ennemis et se préparer en conséquence. Visite guidéeLe visiteur qui arrive pour la première fois à Bakel, est d’emblée fasciné par les gigantesques montagnes qui surplombent de part et d’autre la ville. Un beau décor digne d’une carte postale qui fait tout le charme de cette localité atypique.
C’est pourtant le côté historico-cultuel de ces monts qui semble le plus intéresser les Bakelois et autres étrangers. Ici, on raconte que lors de ses déplacements dans la zone, le guide religieux, El Hadj Omar Foutiyou Tall qui a tenu tête à l’occupation étrangère, établissait ses quartiers au sommet d’une des montagnes située juste derrière le quartier Darou Salam. Selon Mamadou Abdoulaye Thiam, le président de l’Association Gallé Omar créée en 2006 pour préserver le site, le lieu a été découvert seulement le 30 octobre 2005. «Mais bien auparavant, nous avions appris à travers l’histoire qu’El Hadj Omar était passé à deux reprises par Bakel notamment en 1847, 1857-1858. Cependant, nous ne savions pas exactement l’endroit où il campait. On savait le site mystérieux mais personne n’a jamais imaginé que c’était le lieu où le saint homme établissait ses quartiers», poursuit-il.
Lieu de culte prisé par les visiteurs
D’après lui, c’est un talibé du nom de Seydi Wellé qui était maître-coranique à Kidira qui a permis de découvrir le site. «Alors qu’il était en provenance de Kidira, il a vu des gens monter et descendre de la montagne qui, comme je l’ai dit tantôt, suscitait beaucoup la curiosité des gens en raison de son côté particulièrement mystérieux.
Et c’est ainsi que par curiosité, il est monté jusqu’au sommet de la montagne pour voir ce qui s’y passait», explique le président de l’Association Gallé Omar. Subjugué par la beauté du site à l’image de tous les passants, Seydi Wellé a, selon lui, immédiatement effectué deux « Rakkas » et formuler des prières. «De retour chez lui, il a vu en rêve à deux reprises, le prophète Mohamed (Saw).
Ce dernier lui a révélé que l’endroit sur lequel il a prié la veille était bien celui où El Hadj Omar Foutiyou Tall se basait lors de ses déplacements à Bakel», indique Mamadou Abdoulaye Thiam. Depuis, explique-t-il, l’endroit a été érigé en lieu de culte et de pèlerinage. Et c’est l’association Gallé Omar, qu’il préside depuis sa mise en place en 2006, qui est chargée de le (l’endroit) protéger. Il révèle que celui-ci reçoit ainsi régulièrement des hôtes venus parfois de la Mauritanie et du Mali afin d’y formuler des prières. L’accès aux lieux n’est cependant pas chose facile. Il faut être assez solide pour pouvoir arpenter la pente sinueuse et caillouteuse longue d’une dizaine de mètres et qui termine sa course au sommet de la montagne.
Devant, une porte vous accueille et donne sur 5 hectares entourées d’un grillage ; lesquels ont été aménagés spécialement pour le site. Et comme on le fait en entrant dans une mosquée, on franchit le seuil de la porte les pieds nus. Une fois à l’intérieur, le visiteur est émerveillé par la quiétude qui y prévaut.
Deux endroits aménagés par des tas de pierres, l’un ayant la forme d’une mosquée, l’autre d’un banc, attirent aussi l’attention. « Nous avons trouvé le site tel qu’il est actuellement, nous n’avons rien changé », souligne le président de l’Association Gallé Omar qui affirme que le guide religieux de Halwaar s’y reposait et y faisait certaines de ses prières.
Celui-ci estime également que l’endroit revêtait un caractère stratégique pour El Hadj Omar et ses compagnons qui, à partir du sommet de la montagne, avaient une vue panoramique sur tout ce qui était aux alentours. « Ils pouvaient ainsi apercevoir les ennemis et se préparer en conséquence », soutient-il. « D’ailleurs, ajoute-t-il, sur les deux flancs du site, on peut encore voir là où ses sentinelles se postaient pour faire le guet ».
Depuis 2007, des cérémonies religieuses y sont organisées tous les deux ans, à l’initiative de l’Association Gallé Omar. Son président déclare toutefois, que celle-ci manque de moyens pour mener à bien sa mission qui est de sauvegarder ce patrimoine religieux. « Nous finançons toutes ces cérémonies sur fonds propres. Excepté quelques rares bonnes volontés, nous ne bénéficions pas de beaucoup de soutien, malgré les appels à l’aide que nous lançons à chaque fois que nous voulons tenir ces genres d’événements», regrette-t-il. Parmi ses projets, l’Association Gallé Omar compte construire sur le pied de la montagne, des logements pour permettre aux visiteurs qui le désirent d’y loger le temps qu’ils voudront.
En plus, une route devrait être construite pour permettre aux véhicules de pouvoir rouler sans problèmes jusqu’au sommet. Mamadou Abdoulaye Thiam assure cependant que le site proprement dit ne subira aucun changement. « Nous le laisserons tel qu’il est pour lui donner tout son sens », martèle-t-il.
Diégane SARR (envoyé spécial à Bakel)
Source: lesoleil.sn