Tous mes remerciements à N. Gakou qui m’a donné l’idée de rédiger cet article.
Dans les pays comme le Sénégal, le Mali, la Mauritanie ou la Gambie, qui n’a jamais eu un accès de fièvre paludéen ? Je ne parle pas des drépanocytaires qui, génétiquement, ont développé une certaine résistance à la maladie. Du mois de Septembre au mois de Décembre, elle constitue une véritable épidémie dans les villages Soninké. Il n’est pas rare de voir toute une famille alitée à cause de cette maladie. Il arrive souvent que les travaux champêtres soient retardés à cause du paludisme qui fauche plusieurs membres d’une même famille.
Le manque d’information des populations, l’ignorance de la prévention et surtout le manque criant de structures de santé font que le paludisme est devenue une faucheuse redoutable. Le paludisme, demeure de loin la parasitose la plus développée dans le monde. Le paludisme qui touche 200 millions de personnes dans le monde, tue en Afrique en moyenne 700 000, principalement des enfants et des personnes âgées ou immunitairement fragiles. Le paludisme est dû à des parasites du genre Plasmodium transmis d’une personne à l’autre par des piqûres de moustiques Anophèles infectés, appelés «vecteurs du paludisme», qui piquent principalement entre le crépuscule et le petit matin.
Épidémiologie
Comme tout bon parasite, Plasmodium falciparum -le plus répandu dans les localités Soninké et le plus dangereux- veut à tout prix survivre dans le corps humain. Une fois dans le corps humain, il gagne le foie en moins de 30 minutes et en quelques jours ce sont des milliers de milliers de parasites matures qui se déferlent dans la circulation sanguine pour s’attaquer à l’hémoglobine1. Ils font éclater les globules rouges et libère des déchets. Ces derniers combinets aux antigènes provoquent la fameuse sensation de chaud et de froid qui caractérise la fameuse fièvre paludéenne.
Les symptômes apparaissent au bout de sept jours ou plus (généralement 10 à 15 jours) après la piqûre de moustique infectante. Les premiers symptômes – fièvre, maux de tête, frissons et vomissements – peuvent être modérés et difficiles à attribuer au paludisme. S’il n’est pas traité dans les 24 heures, le paludisme à P. falciparum peut évoluer vers une affection sévère souvent mortelle.
Diagnostic et traitement
Le diagnostic et le traitement précoces du paludisme réduisent l’intensité de la maladie et permettent d’éviter qu’elle ne devienne mortelle. Les symptômes sont en général:
- Céphalées2
- Tremblements
- Sensations de chaud et de froid
- Diarrhées
- Myalgie3
- Arthralgie4
- Parfois des convulsions.
Seuls trois médicaments à des concentrations définies sont vraiment efficaces. La plus ancienne molécule de lutte contre le paludisme est la chloroquine5. En Afrique les gens se souviennent amèrement de la nivaquine qui est dérivée de la chloroquine. La chloroquine agit en s’opposant à la formation d’hémozoïne. Mais certains plasmodium ont trouvé la parade. Ils ont opéré une mutation de la protéine responsable du transport de la chloroquine dans le globule rouge, rendant inefficace le médicament! La zone touchée par la chloroquino-résistance englobe le Sénégal, le Mali, la Mauritanie, entre autres.
Les chercheurs ont trouvé la parade en combinant la chloroquine et la savarine (proguanil). Le proguanil empêche le protozoaire6 de se multiplier dans les globules rouges. Le parasite trouva une parade en mutant l’enzyme cible du proguanil (savarine).
Les chercheurs inventent alors un médicament la malarone qui est l’association de deux molécules: le proguanil et l’atovaquone. Cette association de molécule est très efficace contre le paludisme. Actuellement tous les villages Soninké sont compris dans la zone où on observe une grande résistance du parasite. Et souvent il faut l’association de plusieurs molécules pour venir à bout du paludisme.
En dernier ressortle protozoaire est attaqué soit à la malarone ou au méfloquine7 Le meilleur traitement disponible, en particulier pour le paludisme à P. falciparum, est une association médicamenteuse comportant de l’artémisinine:ACT8.
Prévention du paludisme
Dans nos villages, les moyens de prévention s’articulent autours de ces grands axes:
- Le moustiquaire imprégnée durablement. Ce sont les moustiquaires que l’OMS distribue souvent dans les dispensaires. C’est un moyen efficace et moins coûteux.
- L’éradication de l’anophèle femelle. La pulvérisation d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations est un moyen très efficace pour réduire rapidement la transmission du paludisme. Pour obtenir un résultat optimal, il faut pulvériser au moins 80% des habitations dans les zones ciblées.
- L’assèchement des marais et des eaux stagnantes dans les villages ou aux alentours.
- Porter des habits amples et longs à la tombée de la nuit.
- Application de crème répulsive sur la peau.
Pour les émigrés et touristes
Pour les émigrés qui rentrent au bled après plusieurs années passées en europe. Il se peut que l’organisme ait perdu une certaine immunité face au paludisme. Alors il est vivement recommandé de prendre un traitement préventif avant le voyage. Actuellement cette prophylaxie consiste à utiliser préventivement plusieurs médicaments afin d’éviter l’infection en cas de pénétration du parasite dans l’organisme.
Mais il faut souligner que l’utilisation de médicaments préventifs ne donnent aucune assurance contre le paludisme. C’est pour cela qu’il faudra aussi que les touristes, émigrés se protègent même s’ils ont pris des médicaments préventifs.
Vaccin contre le paludisme
Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre le paludisme ou aucun autre parasite de l’homme. Un vaccin expérimental contre P. falciparum, connu sous le nom de RTS,S/AS01, est le plus avancé. Ce vaccin est actuellement évalué dans le cadre d’un vaste essai clinique dans 7 pays d’Afrique. En fonction des résultats finals de l’essai clinique, l’OMS recommandera ou non l’utilisation du vaccin. Les résultats définitifs sont attendus fin 2014 et une recommandation relative à l’adjonction ou non de ce vaccin aux moyens de lutte actuellement utilisés devrait être formulée en 2015.
Sources: quelques sources m’ont inspiré (OMS, Wiki)
Tous mes remerciements à N. Gakou qui m’a donné l’idée de rédiger cet article. Prochainement un article concernant un autre fléau quasi inconnu qui sévit dans nos bleds: la drépanocytose.
Annotations
1. L’hémoglobine est une protéine de structure quaternaire, dont la principale fonction est le transport du dioxygène dans l’organisme humain et chez les autres vertébrés. L’hémoglobine se trouve essentiellement à l’intérieur des globules rouges du sang (13.5 à 17.5 gr/dL chez l’homme et 12.5 à 15.5 gr/dL chez la femme de sang d’hémoglobine) ce qui leur confère leur couleur rouge.
L’hémoglobine humaine est constituée de quatre chaînes identiques deux à deux : deux chaînes α de 141 acides aminés chacune et de deux chaînes β de 146 acides aminés chacune (ce qui donne un total de 574 acides aminés pour l’hémoglobine). Chacune de ces chaînes est associée à un groupement prosthétique : l’hème. Le nom d’hémoglobine provient de deux mots : hème et globine. On la symbolise par « Hb ». Une molécule d’hème est constituée d’un ion fer complexé par une porphyrine.
2. Une céphalée (ou mal de tête).
3. Une myalgie est une douleur musculaire.
4. Une arthralgie est un terme médical générique désignant toutes les douleurs articulaires.
5. La chloroquine est un antipaludique. Avec la quinine c’est le traitement qui a été le plus employé en préventif comme en curatif contre le paludisme.
6. En biologie, le terme protozoaire désigne les protistes hétérotrophes qui ingèrent leur nourriture par phagocytose, contrairement aux deux autres types de protistes.
7. C’est la molécule active de médicaments tels que le « Lariam ».
8. On appelle Artemisinin-based Combination Treatment (ACT) un traitement basé sur l’utilisation de l’artémisinine administrée en association avec une autre molécule, SP (sulfadoxine-pyriméthamine), amodiaquine ou méfloquine pour augmenter son effet, mais aussi retarder l’apparition de résistances et, ainsi, mieux soigner la malaria