Nuit de la tradition : Moussa Cissé styliste Soninké de Mauritanie fait scintiller l’indigo

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Samedi 6 janvier, vers dix heures trente, dans le somptueux cadre de la salle de cérémonie de la case à Nouakchott, la belle voix de la grande diva Halima Demba, plus que le thermomètre, particulièrement bas ce soir, fait frissonner les centaines de spectateurs présents.

Au même moment, un jeune couple, le marié en caftan bleu et la mariée parée d’un étincelant boubou noir (cette couleur, sortie des mains des teinturières mauritaniennes, brille) avancent vers le podium. C’est l’entame de la nuit de la tradition marquant le retour du styliste mauritanien, , chez lui, après une dizaine d’années d’absence.

Après les mariés, place au défilé. Les boubous traditionnels portées par Néné Sakho, Oumou Bocoum et les autres, fruit de la dextérité séculaire des teinturières mauritanienne et de la touche du créateur, Moussa Cissé, ont brillé plus que les projecteurs de la case et les flashs des photographes. Gara en , Goobou en Poular, Sbagha en hassaniya et en Wolof, quel que soit le nom choisi, s’habiller d’un boubou, d’un caftan ou d’un voile, oeuvres des habilleuses de la nation, est la chose la mieux partagée par les mauritaniens.
Pendant plus d’une heure, il a été donné au nombreux public de la case de voir le meilleur de l’artisanat mauritanien au cours de cette soirée parrainée par, Dimi Mint Abba, Thiedel M’baye et Halima Demba. Styliste mauritanien, on en rencontre pas chaque jour dans les rue.

Moussa Cissé, à ses débuts à Nouakchott, pour s’adonner à sa passion, à batailler ferme contre les préjugés, contre les carcans, contre un certain déterminisme de naissance détournant les talents de leurs véritables vocations. Avant de partir en Europe, Moussa a exposé plusieurs fois au centre culturel français, Antoine de Saint Exupery, un des rares espaces d’expressions des jeunes artistes mauritaniens. En 1998, il a exposé en Espagne. Moussa s’est ensuite installé en France. Il a participé à l’exposition sur les boubous africains au musée d’art d’Afrique et Océanie, à la foire de Paris et à plusieurs autres manifestations.

La créativité, le sens de l’esthétique, Moussa l’a acquis très tôt.  » Ma mère est teinturière. Depuis le bas age, je l’ai vu créer. Je l’ai vu sortir des bassines d’eau bouillante des tissus colorés, brillant de mille feux. » Parmi les Boubous que Moussa Cissé expose en Europe, certains sont passé par les mains de sa mère, Djeynaba Samassa.

Moussa qui a organisé cette nuit de la tradition sans aucun sponsor, dit avoir seulement reçu le soutien de ses frères et amis.  » Les artistes sénégalais, maliens et autres africains, n’ont pas plus d’idées que nous. Seulement, ils sont soutenus. »  » Mon parti, c’est la culture mauritanienne. Mon plus grand bonheur : quand j’entend les gens dire, pendant mes défilés en Europe : c’est un styliste mauritanien. Ces boubous ont été teints en Mauritanie. » ajoute Moussa.

Il a simplement compris, peut être avant le ministère de la culture, que le meilleur ambassadeur d’un pays, c’est sa culture. Les maliens ont le bogolan, les sénégalais, le M’balax, la France, sa cuisine, nous aussi, nous avons, sans le savoir tous, de quoi émerveiller les autres. A la fin de la nuit de la tradition, Moussa a rendu hommage émouvant et très appuyé à sa mère, absente pour raison de santé. Cet hommage s’adresse également à la femme soninké, pionnière de l’art de la teinture, transmise au fil des ans à ses concitoyennes.

Posté   le 10 Jan 2007   par   biko

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