Selon les prévisions, un Africain sur dix vivra et travaillera en dehors de son pays d’origine d’ici 2025. Notre pays et l’Union européenne (UE) ont lancé une étude sur les questions migratoires. Faisant suite à la conférence tenue en juillet dernier à Rabat et aux consultations entre le Mali et l’UE autour de l’article 13 de l’accord de Cotonou relatives aux questions migratoires, cette étude a pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance des flux migratoires, par les acteurs institutionnels et les acteurs de la société civile qui interviennent autour de cette question et de faire des recommandations.
La restitution provisoire de cette étude a donné lieu à une rencontre qui a regroupé autour du ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Oumar Hamadoun Dicko, le chef de la délégation de l’Union européenne au Mali, Mme Irène Horejs et de nombreux responsables des structures nationales et internationales en charge des questions de migration. Mme Irène Horèjs s’est d’entrée de jeu réjouie du fait que l’idée d’un dialogue entre l’Union européenne et notre pays sur les questions de migration, lancée il y a seulement peu temps, se soit concrétisé si vite. « Le dialogue entre le Mali et l’UE sont matures et je me réjouis qu’il se concrétise aujourd’hui », s’est félicitée Irène Horejs, remerciant au passage les autorités du pays pour « le rôle positif qu’elles ont joué dans cette question ».
UNE MANNE FINANCIÈRE : La brève intervention du chef de la délégation de l’Union européenne a été suivie de la présentation de l’étude par Oumar Mérabet, le consultant qui l’a réalisée. Celui-ci reconnaîtra la délicatesse de la question de la migration qui, selon lui, est au cœur de l’histoire de notre pays. « Étudier la migration des populations ne peut se faire sans analyser les rapports sociaux entre le migrant et son lieu de départ », a reconnu le consultant qui a confirmé que la région de Kayes est le plus grand réservoir de migrants de notre pays. Selon les résultats du RACE 2001, 2,67 millions de nos compatriotes vivaient à l’étranger. A partir de 1999, on dénombrait 46.000 Maliens résidant en France dont 10.000 ont été naturalisés. Le consultant a reconnu que ces chiffres doivent être étudiés de façon beaucoup plus approfondie.
Oumar Mérabet a expliqué que les transferts financiers constituent une manne financière très importante pour le pays de départ. Mais, regrette-t-il, l’argent envoyé par les émigrants est essentiellement consommé et non investi. Des études sur environ 200 projets ont montré que 42% de l’argent sont investis dans la construction de mosquée, 20% dans les projets hydrauliques, 17% dans les centres de santé et 10% dans les écoles.
L’étude souligne que les sécheresses que notre pays a connues dans les années 1970 ont été des facteurs d’accélération du phénomène d’émigration. Comme solution, elle préconise l’information sur les méfaits du phénomène pour le pays de départ, la lutte contre l’émigration clandestine, mais surtout la mise en place d’une politique de co-devéloppement. Le consultant a souligné que le Mali est un pays de transit pour les migrants venus d’autres pays d’Afrique.
DRAMES HUMAINS : Le ministre Oumar Hamadoun Dicko a, pour sa part, rappelé la volonté de la communauté internationale de rechercher des solutions aux questions migratoires. Une volonté qui s’est manifestée par la conférence de Rabat, le dialogue de « haut niveau » à New York relayé par la conférence internationale de Tripoli. Le ministre Dicko dira que l’étude menée est une somme d’expériences pour notre pays pour comprendre et circonscrire ce qui est désormais la source de profonds déséquilibres voire de drames humains. « Le phénomène migratoire qui traduit une ligne de faille entre l’Europe et l’Afrique ne peut se limiter à des considérations sécuritaires », a-t-il souligné, ajoutant que le tout humanitaire n’est pas non plus réaliste. « Il nous faut envisager des solutions qui trouvent leur point d’application dans la combinaison intelligente du sécuritaire et de l’humanitaire », a estimé le ministre Dicko.
Selon les statistiques, de 75 millions en 1965 le flux migratoire est passé à quelque 200 millions durant les quarante dernières années. Ce qui est « indicatif et édifiant à l’échelle mondiale ». Selon les prévisions un Africain sur dix vivra et travaillera en dehors de son pays d’origine d’ici 2025 . « Il nous faut donc agir et agir vite », a indiqué Oumar Hamadoun Dicko, ajoutant que les préoccupations de son département sont entre autres l’identification et l’immatriculation des Maliens de l’extérieur, les transferts des fonds qui sont au cœur de la contribution des émigrés au processus de développement de leur localité et du pays tout entier, la lutte contre l’émigration clandestine et les filières mafieuses qui usent et abusent de la misère humaine, l’insertion et la réinsertion des émigrés de retour, etc.
Le ministre Dicko a annoncé que notre pays a été proposé par l’Union africaine pour abriter le centre d’étude et de recherche sur les migrations, un observatoire à l’échelle du continent sur les flux migratoires.
Posté le 23 Jan 2007 par biko