Au moment où les pirogues de clandestins reprennent de plus belle leurs assauts sur les côtes espagnoles, d‘autres émigrés, bien installés en Europe, transfèrent régulièrement des sommes colossales au Sénégal.
Au Sénégal, sept familles sur dix ont en moyenne un membre l’étranger. Et ceux qui s’en félicitent, ce sont les entreprises spécialisées dans les transferts d’argent comme Western Union et MoneyGram, près de trois cent cinquante mille agents dans le monde à elles deux. Chaque année, les transferts d’argent des Sénégalais de l’extérieur représentent cinq cent quatre vingt dix millions d’euros (quelque 400 milliards Cfa). Il ne s’agit que des transferts formels puisque on ne connaît pas l’importance exacte des sommes données de main en main.
Ces transferts sont donc une manne financière pour le pays, comme l’explique sur les ondes de Rfi Mamadou Dione, économiste a la Banque mondiale : « Sur le plan macroéconomique, c’est un élément qui rééquilibre la balance des paiements, notamment en finançant le déficit commercial. L’envoi de fonds des Sénégalais de l’extérieur soutient la consommation des ménages et contribue à l’investissement, particulièrement en matière de constructions résidentielles. Sur le plan microéconomique, l’impact est aussi net, parce que les consommations des ménages augmentent, ce qui leur permet de vivre au-dessus du seuil de pauvreté ». L’argent permet aussi de créer de petites activités comme le commerce et si les avantages sont nombreux, il reste que ces transferts d’argent ont aussi des inconvénients. « Il y a un impact à long terme sur ce qu’on appelle la fuite des cerveaux, car c’est une incitation au départ pour les jeunes. Ça devient très attrayant parce que les différences de revenus sont assez importantes », de l’avis de M. Dione. Bouée de sauvetage pour de nombreuses familles, l’argent des émigrés fait aussi rêver, un peu comme l’exprime ce petit garçon sur une publicité pour une entreprise spécialisée : « Ma sœur m’envoie beaucoup plus que de l’argent ».