Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) pour rendre hommage à Baba Traoré, sans-papiers décédé vendredi en se jetant dans la Marne pour échapper à un contrôle de police, a constaté une journaliste de l’AFP.
En tête du cortège silencieux, d’environ 300 personnes selon la police et formé notamment par des militants de Réseau Education Sans Frontières (RESF), du 9e collectif de sans-papiers, de la Ligue des droits de l’homme, du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples et d’élus locaux de gauche, se trouvaient des membres de la famille de Baba Traoré.
Maïmouna Traoré, la soeur de M. Traoré, qui s’est effondrée en larmes à l’approche du lieu où son frère a trouvé la mort vendredi, a expliqué que son frère était venu en France en 2004 pour lui donner un rein.
« Il m’a sauvé la vie, il s’est sacrifié pour moi », a-t-elle déclaré, en sanglots, en précisant qu’elle ne « sait pas pourquoi il s’est jeté dans l’eau » et n’avait pas connaissance d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF) à l’encontre de son frère.
« Le message de la vie de Baba est un message d’amour et de solidarité car il a donné un rein à sa soeur à l’âge de 25 ans », a affirmé Guillaume Diallo, l’oncle de M. Traoré, qui a ajouté que les démarches administratives pour sa venue en France avaient été effectuées « par l’hôpital » et son billet d’avion « payé par le ministère de la Santé ».
RESF, à l’initiative de ce rassemblement, a dénoncé « la politique du chiffre mortifère à l’origine de ce drame ». « Si Baba Traoré n’avait pas craint d’être envoyé en centre de rétention, il ne se serait pas jeté dans la Marne », a fustigé Pablo Krasnopolsky, de RESF.
« Il faut arrêter la chasse aux étrangers, qui sont enfermés dans la peur. J’ai honte pour mon pays », a dit pour sa part à l’AFP Mgr Jacques Gaillot.
Baba Traoré, 29 ans, de nationalité malienne et sous le coup d’un APRF depuis janvier dernier selon la préfecture du Val-de-Marne, est décédé vendredi après s’être jeté dans la Marne pour échapper à un contrôle de police à la station RER. Repêché inconscient et en choc cardiaque par la Brigade fluviale, il est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital de Lariboisière à Paris.
Une enquête a été confiée à l’Inspection générale des services (IGS, « la police des polices »).
Source: Le Monde