La Communauté malienne en Ouganda n’est pas nombreuse mais elle est très active. Elle est dirigée par un ressortissant du cercle de Yélimané, installé là depuis plus de vingt ans, Mohamed Gakou qui est également à la tête de la colonie de l’ensemble des ressortissants ouest africains en Ouganda.
Environ au nombre de 200 (une centaine de bras valides, plus les femmes et les enfants), nos compatriotes vivant en Ouganda sont principalement concentrés à Kampala, la capitale et dans une moindre mesure à Arua, une ville secondaire.
Beaucoup d’entre eux semblent installés là définitivement, à l’image du vieux M’Pah Sissoko, originaire de Ségou, arrivé à Kampala en 1962, juste après l’arrestation de la bande de Fily Dabo Sissoko. L’Octogénaire a marié une Ougandaise et le couple a 13 enfants dont 3 filles, toutes mariées à des Maliens, basés à Bamako. L’un de leurs enfants (tous ne parlent que l’Anglais) est un dirigeant de football à Kampala.
M’Pah Sissoko n’a pas une activité commerciale précise, mais en sa qualité de « Niamakala » (griot ou maître de la parole), il gagne bien sa vie, étant bien introduit dans le cercle restreint des Maliens et dans le milieu du social ougandais.
Contrairement au Vieux Sissoko, Mohamed Gakou, lui aussi devenu citoyen ougandais, vient régulièrement au bercail, où résident d’ailleurs certains de ses enfants.
En outre, il est très versé dans le milieu des affaires et du commerce et il excelle notamment dans l’activité favorite des Maliens en Ouganda, à savoir l’Import-Export.
Il contribue aussi bien à l’économie du Mali (où il envoie chaque année des centaines de tonnes de marchandises) qu’à celle de l’Ouganda.
Depuis quatre ans, sa société, « Gakou and Brothers », est parmi les 1 000 entreprises qui versent intégralement les taxes à l’Etat ougandais, plus précisément, elle est toujours classée dans les 600 premières. La tâche du président des ressortissants de l’espace CEDEAO en Ouganda est facilitée par la libéralisation du secteur du commerce dans ce pays. Outre l’Import-export en provenance et en direction de l’Europe, les Maliens font le commerce clandestin de l’or et même du diamant.
Les Maliens rencontrent-ils des problèmes en Ouganda ? Comment sont gérés leurs documents civils et administratifs ?
Selon Mohamed Gakou, la législation ougandaise, n’est pas très contraignante, au contraire, elle est souple et incite à l’investissement et au travail. « Les Maliens ne sont pas turbulents ; ils ne sont pas connus pour des actes de banditisme ou d’escroquerie, même pas de simples infractions. Par conséquent, ils ne rencontrent pratiquement pas de problème ici. La plupart de mes interventions à la police concernent des cas impliquant des ressortissants anglophones, des Ghanéens ou des Nigérians », raconte Mohamed Gakou.
Qui nous informe aussi que le Mali n’a pas de représentation diplomatique ou consulaire sur le territoire ougandais, l’Ambassadeur étant basé à Addis Abeba, en Ethiopie. Et, c’est Mohamed Gakou lui-même qui fait office d’ « Ambassadeur » du Mali. Comment ?
On sait qu’il est le président du comité des ressortissants de la CEDEAO en Ouganda. A ce titre, il collabore, au nom de celui-ci avec l’Ambassade du Nigeria qui exerce ici depuis une vingtaine d’années. Donc, si un Malien veut venir au bercail, Gakou adresse une correspondance à l’Ambassadeur du Nigeria qui délivre un « Laissez-passer » qui devient caduque dès que son bénéficiaire franchit l’espace de l’aéroport de Bamako-Senou. Ceci est valable pour tous les immigrés ouest africains qui sont dans le cas des Maliens.
Dans le Comité des ressortissants de la CEDEAO, le Mali est très côté, avec le président actif, le président d’honneur, Oumar Bah et Demba Soumaré, un autre membre influent du bureau. Le Comité se réunit une fois par mois, le premier dimanche, pour faire le point de la situation de ses membres. Dans l’ensemble, les ressortissants ouest africains ne rencontrent pas de difficultés majeures, même ceux qui n’ont pas de papier.
Il suffit de payer les 50 dollars US du visa d’entrée. Chaque fois qu’une catastrophe naturelle ou un sinistre d’envergure nationale frappe l’Ouganda, le Comité contribue financièrement pour aider le gouvernement à juguler la crise. C’est pourquoi, même les ressortissants qui commettent des crimes graves sont élargis après intervention du Comité.
Les Maliens d’Ouganda investissent-ils au pays ? Oui, répond Mohamed Gakou, qui dit que beaucoup de nos compatriotes basés en Ouganda investissent au Mali notamment dans les secteurs de l’immobilier et du commerce. Ils contribuent ainsi à la création d’emplois.
Envoyé spécial à Kampala: Sékou Tamboura
Source: L’Aube